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Critique Ciné : Youth (2015)

Publié le 24 novembre 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

Youth // De Paolo Sorrentino. Avec Michael Caine, Harvey Keitel et Rachel Weisz.


Youth c’est une façon de prendre conscience un peu plus de l’âge et du temps qui passe. On ne peut pas rajeunir, c’est certain et alors que deux amis approche des 80 ans, ils profitent de leurs vacances dans un hôtel dans les Alpes. Présenté en compétition officielle lors du Festival de Cannes 2015, ce film permet de retrouver le réalisateur des surprenant This Must be the Place (2011) et La grande bellezza (2013). Le thème du vieillissement est forcément complexe dans le sens où le film ne pouvait pas nier le temps qui passe et l’impossibilité de revenir en arrière. Le film nous propose de réfléchir sur les personnages, ce qu’ils vivent et la façon dont ils perçoivent l’avenir. A 80 ans, il est forcément complexe de parler d’avenir alors que l’on arrive forcément de plus en plus à la fin de sa vie. Mais justement, le film pose la question de façon intelligente et parvient même à faire réfléchir. Nos deux héros, Fred et Mick, sont tout en retenu dans un récit qui ne cherche jamais à tomber dans les fioritures et dans le trop plein de bons sentiments. Au contraire, le film cherche à faire le bilan de la vie de deux hommes, de revenir sur ce qu’ils ont laissé à ce monde (et l’image que les autres ont d’eux). Choisir comme titre « Youth » est un peu osé mais cela colle parfaitement avec ce qui fuit nos deux héros : leur jeunesse.

Fred et Mick, deux vieux amis approchant les quatre-vingts ans, profitent de leurs vacances dans un bel hôtel au pied des Alpes. Fred, compositeur et chef d’orchestre désormais à la retraite, n’a aucune intention de revenir à la carrière musicale qu’il a abandonnée depuis longtemps, tandis que Mick, réalisateur, travaille toujours, s’empressant de terminer le scénario de son dernier film. Les deux amis savent que le temps leur est compté et décident de faire face à leur avenir ensemble.
Mais contrairement à eux, personne ne semble se soucier du temps qui passe…

Harvey Keitel et Michael Caine parviennent à nous plonger dans cette histoire avec beaucoup de retenue. Le tout est particulièrement touchant par moment mais en grande partie grâce à ces moments qui font réfléchir. Le but de Youth est cependant étrange car ce n’est pas du tout celui vendu par l’affiche du film. Le sujet n’est pas la sexualité d’octogénaires qui veulent retrouver un peu de leur jeunesse au travers de relations avec de belles et jeunes femmes. Non, le film parle de tout autre chose et le sexe n’est que très secondaire. Et la femme sur cette affiche, ce n’est qu’une figurante avec laquelle aucun de nos deux héros ne va avoir de discussion. C’est bien la preuve que Youth a été très mal vendu. On a l’impression que l’on va voir un film racoleur alors que c’est tout le contraire. Il y a même quelque chose de très pudique. S’ajoute à tout cela quelque chose de plus mélancolique (mais tout aussi touchant), en grande partie car l’âge est le héros de ce film. Mais ce n’est pas vu comme une fin en soi non plus. C’est aussi un film qui permet de parler de la beauté qui a disparu au fil des années pour laisser place a des visages rongés par la vieillesse, à des cours qui ne sont plus aussi beaux et tout cela se fait au travers de la vie passée des deux personnages.

Pour l’un c’est ses anciennes actrices (il y a d’ailleurs un face à face avec Jane Fonda dans le film qui est absolument fabuleux, méritant vraiment le détour) pour l’autre ce sera ses compositions (et la fin du film laisse une belle occasion à ce personnage de vivre un dernier bout de son rêve et de ce qui a animé une bonne partie de son existence). Youth est finalement un film fascinant et étrange à la fois. Il laisse une impression étrange mais c’est pourtant réussi. Dès l’ouverture du film, on ne sait pas forcément ce que l’on voir va mais l’on sait que l’on va être charmés. Quelque chose se passe et cela fait plaisir de voir Paolo Sorrentino toujours en forme. Celui dont j’avais énormément aimé La grande bellezza revient donc deux ans plus tard avec quelque chose de complètement différent mais imprégné d’humour, de mélancolie passée, d’images splendides des Alpes sans parler des choix musicaux qui dénotent parfois avec le reste (ne serait que d’allier du classique avec « She Wolf » de David Guetta et Sia, je pense qu’il fallait oser). On redemande de ce cinéma qui, sans être novateur, est une occasion de poser les bonnes questions avec une mise en scène soignée et intelligente qui va avec le reste.

Note : 8.5/10. En bref, un très beau film sur le temps qui passe et que l’on ne peut pas rattraper.

Date de sortie : 9 septembre 2015


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