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Revue de DVD octobre novembre de tous horizons géographiques

Par Filou49 @blog_bazart
25 novembre 2015

  Zoom sur  cinq sorties DVD de fin octobre/ mi novembre  pour des films venus de cinéma  qui n'est ni la France ni les USA, des contrées de cinéma assez peu vu en France, le cinéma allemand, norvégien, argentin, hollandais  et suisse pour cinq  curiosités à distinguer parmi le lot de grosses sorties récentes :

labyrinthe

1. Le labyrinthe du silence ( sortie le 30 octobre 2015)

 Sorti en DVD chez Blaqout depuis le 30 octobre  d'un film important, moins pour des raisons formelles ( la mise en scène reste assez classique et peu inventive),  mais parce que leur sujet est essentiel et permet de rappeler des événements peu connus de l'Histoire.

 Le Labyrinthe du silence met ainsi en lumière le procès de Francfort, dans les années 60, un tournant dans l'histoire de la RFA qui en finissait avec des années d'amnésie volontaire.

 C’était en effet le premier procès mondial qui voyait  un pays juger ses propres criminels de guerre. Un jeune procureur allemand qui, à la fin des années cinquante, entend faire surgir la vérité sur les crimes contre l'humanité commis à Auschwitz.

 Un film comme un devoir de mémoire, plus que jamais nécessaire, à l’heure où des idées extremistes continuent de germer, d’autant plus que ce film est une oeuvre très efficace un peu comme comme un film américain des années 70 ( ces films dossiers comme les hommes du président) :  beaux acteurs, beaux décors, belle mise en scène, didactique, instructif, humaniste., bref une enquête aussi passionnante à suivre que terrifiante... que demander de plus ?


Très belle édition proposée par Blaqout avec un  DVD en + du film spécialement  consacré aux bonus propose quatre modules passionnants : les deux entretiens, avec le réalisateur (13mn) et Gerhard Wiese, ancien procureur de Francfort (18mn), et surtout deux  documentaires  Le Procès d’Auschwitz  qui revient intelligemment et notamment à l’aide des enregistrements de témoins sur cet événement capital. et Les Bourreaux et les victimes extrait de Cinq Colonnes à la Une, contient des témoignages bouleversants, dont celui de Germaine Tillion (27mn).

2. Refugiad

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 Sortie DVD : le 20 octobre 2015

 Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs 2014, Refugiado, un film de Diego Lerman, est un drame intimiste et intime qui navigue entre deux genres: mi-thriller mi-drame social et qui séduit par  l'ambition de son sujet et la réussite de sa mise en scène.

Car le film est basé sur une idée à la fois simple mais rarement exploitée au cinéma :  raconter cette violence conjugale par le regard de l'enfant du couple.

La caméra ne quitte jamais ou presque Matias des yeux, un regard entre insouciance et une certaine lucidité, voire une vraie appréhension.

Road movie - la mère de Matias et ce dernier ne cesseront d'être ballotés de refuge en hôtel ou famille qui veulent bien les acceuilir- plus que thriller,  le meilleur de ce  film du jeune cinéaste- 39 ans mon âge donc jeune :o) argentin est assurément lorsque ce dernier  adopte le regard encore innocent de l’enfant qui sent, mais sans vraiment tout comprendre,l'angoisse de sa mère et le danger potentiel que représente son père.

Les scènes les plus réussies sont celles où l'enfant- et parfois d'autres enfants avec lui vont transformer les lieux pour en faire des jeux plus beaux et plus innocents que le monde des adultes, témoin ces immenses salles vides du foyer qui devient un gigantesque terrain d'aventures où la moindre toile d'arraignée et le moindre rideau de douche peut faire effrayer.

Bref, ce "Refugiado" est un beau film au point de vue ambitieux et fait  sans concessions  mais qui peut donner l'impression d'être un peu trop lent, et surtout de laisser le spectateur un peu sur sa faim.

On gardera en mémoire deux trois belles scènes (celles du jeu dans le foyer, mais aussi celle du retour dans l'appartement, plus incarné que les autres), anecdotiques  et surtout le régard si lumineux et émouvant de cet enfant confronté si jeune à la dure réalité du monde et à la folie furieuse de certains adultes.

Bonus décevant, un trop court entretien avec le réalisateur (6 minutes 30) et  simple bande-annonce.

3. Le cercle  Sortie DVD 20 octobre 2015

lecercle

Le Cercle qui n'est pas que le nom d'une émission sur Canal plus dont je ne rate aucune semaine, mais d'un long métrage suisse  qui fut projeté pour la première fois dans le cadre de la section Panorama du festival de Berlin 2014 où il a remporté à la fois le Teddy Award et le prix du public.

Ce film se passe dans la scène gay zurichoise des années 1950 et 60 et traite du thème de l’émancipation des homosexuels en mêlant documentaire et fiction.

Le Cercle, ce fut d’abord le nom d’un magazine et d’un club underground, fondés au début des années 40 à Zurich. A cette époque, la ville suisse est alors considérée comme une Mecque gay. Une oasis qui, si l’on se réunit toujours incognito dans des locaux discrets, donne la sensation de bénéficier du côté cosmopolite de New York.

Le Cercle est un film très ambitieux sur le papier, puisqu'il  mélange documentaire et fiction d’une manière bien particulière, montant en parallèle interviews des protagonistes vieillissants et reconstitution en costume des scènes-clés de cette histoire. Ces scènes de  fictions  s’attardent en particulier sur l’amour naissant entre Ernst, timide professeur dans le placard, et la drag-queen Röbi. Ernst Ostertag et Röbi Rapp en fait ont vraiment existé, et  ce sont eux en personne qui racontent face caméra leur rencontre à la fin des années 1950 jusqu'à leur vie d'aujourd’hui, puisque le couple est toujours ensemble.

Avec pas mal de sensibilité, le réalisateur mélange la fiction, le documentaire et les documents d’archives, au risque de parfois nous perdre entre réalité et fiction et à travers les époques.

Si certaines de ces scènes de fiction ne sonnent pas toujours justes, le film a le mérite de nous décrire, à travers l’histoire de ce cercle, l’attitude d’abord libérale, puis soudainement répressive de la police zurichoise à l’égard des homosexuels. Original et sensible, le Cercle, de Stephen Haubt, est donc à redécouvrir grâce à sa sortie DVD malgré une absence de bonus.

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4. Blind, un rêve éveillé,  Sortie le 13 octobre dernier chez KMBO

 On part en Norvège cette fois si avec le premier film de Eskil Vogt, qui a été formé en France car il a été un des élèves de la FEMIS puis est retourné dans son pays natal, pour être le scénariste attitré  de Joachim Trier et notamment de son magnifique Oslo, 31 août.

A la vision de ce Blind, on voit que Vogt a été inspiré par sa mise en scène par Trier , tant la mise en scène, très formaliste, très sensorielle nous invite dans une expérience sensorielle pas très loin de la démarche de Trier dans oslo 31 aout..

Vogt nous plonge dans les tourments intérieurs d'une jeune femme  qui vient de perdre la vue, et nous propose une expérience où les sens  et l'imagination sont mis profondément en éveil pour combler ce sens qui a disparu.

Le rêve éveillé qui donne le sous titre du film  est bien celui que vit Ingrid et qui s'apparenterait plutot à un cauchemar tant elle souffre de claustrophobie et de solitude  et les représentations et les fantasmes qu'elle projette autour de son compagnon Morgen et des gens qui l'entourent est cru et noir... tant ce sont ses peurs les plus profondes qui sont mise en avant comme la solitude et ce rapport à l’autre, forcément influencé par le sexe et ses conceptions du monde qui l'entoure.

Ce voyage intérieur tourmenté est  vraiment intéressant, surtout dans sa première demi heure,  et on peut être touché par le désarroi, et l' apprentissage de la condition d’aveugle de l'héroine.

Hélas, au bout d'un moment, on est un peu perdu entre ce mélange entre réalité et sa vie fantasmée, et les personnages qui sont interchangeables au fil du récit, perdent du coup de leur consistance

Un premier long-métrage singulier déboussolant et et un univers forcément personnel, mais malheureusement qui n'est pas complètement abouti, faute de captiver totalement et de s'enfermer un peu trop dans le film concept.

Et une belle  édition DVD de l’éditeur KMBO, avec un bel un entretien de 22 minutes avec le metteur en scène (qui s'exprime parfaitement en français) quirevient sur le  film avec érudition et simplicité, et les courts-métrages de fin d'étude de la FEMIS qui ont les défauts et les qualités de ce genre de films,Une Etreinte (11′) puis Les Etrangers (29′) avec des comédiens français, Caroline" Romance X" Doucey et le trop rare et magnétique  Yann Goven.

5. Boys (20 nove

boys
mbre 2015)

Sorti  vendredi  dernier en dvd, le film néerlandais "Boys" de Mischa Kamp qui était au départ un téléfilm destiné à la télévision allemande et qui a eu  tellement de succès que les festivals internationaux s'en sont emparés et qu'il est sorti dans pas mal de pays.

Un film dont le sujet n'est pas vraiment neuf ( énormément de films sont sortis ces dernières années sur les troubles et les questionnements sexuels de jeunes gens qui s'interrogent notamment sur leur homosexualité, et il faut dire que je les vois pratiquement tous), mais qui parvient à durablement toucher  dans sa modestie et dans une certaine recherche formelle visant à magnifier les corps de ces jeunes gens.

On pense notamment  en voyant ce Boys aux Roseaux sauvages ou aux films de Gaël Morel pour le cinéma français, ou Ligne d'eau pour le cinéma tchèque l'année derniere ( sans parler de la vie d'adèle ou le secret de Brobeack Moutain qui boxent dans d'autres catégories), mais Boys arrive à insuffler sa petite musique bien à lui.

Fort d’un joli casting ( les jeunes  Gijs Blom et Ko Zandviliet  sont charmants et convaincants) et d’une histoire somme toute assez bien tenue, sans jamais verser dans la caricature, le film réussit  à séduire surtout dans sa seconde partie .

Espersons que cette sortie vidéo permette au film, hélas peu diffusé en salles, de connaître un plus large public et ainsi participe à la démocratisation des thématiques LGBT. Le film est  disponible sur de nombreux sites de VOD et  à la FNAC.


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