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Critique Ciné : Crazy Amy (2015)

Publié le 26 novembre 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

Crazy Amy // De Judd Apatow. Avec Amy Schumer, Bill Hader et Brie Larson.


Judd Apatow, à son arrivée a influencé un genre. Depuis 40 ans toujours puceau (2005), il a créé une sorte de mouvement Apatow. Moi qui suis plutôt client du réalisateur, j’avais hâte de découvrir sa dernière lubie incarnée et écrite par la coqueluche de la scène comique américaine : Amy Schumer. Oui, celle à qui l’on doit la comédie Inside Amy Schumer (Comedy Central, depuis 2013) se retrouve ici à la tête d’un film qu’il a écrit à son nom comme si elle parlait d’elle-même. C’est une première pour Apatow que de réaliser un film dont il n’est pas l’auteur du scénario mais sa rencontre avec Amy est un vrai coup de coeur et il a tout de suite adoré la façon qu’elle avait d’être drôle et sincère dès qu’elle se mettait à parler de sujets sérieux. Notamment de sexualité (le premier chapitre du film en met beaucoup en scène et c’est même très drôle), les relations amoureuses (c’est un peu plus le second chapitre) sans parler d’autres problèmes. Ce film est un défi dans le sens où il semblerait qu’il y ait deux films en un seul. C’est assez étonnant et ce même si parfois c’est un peu trop bavard pour ne pas raconter grand chose. Globalement, ce qui fait la vraie folie de Crazy Amy c’est avant tout Amy Schumer et la façon dont son personnage évolue au fil du film. Ce réalisateur a trouvé ici quelqu’un qui lui sied bien alors que l’interprète n’a pas peur et le réalisateur encore moins, déjà chevronné à l’humour trashouille.

Depuis sa plus tendre enfance, le père d’Amy n’a eu de cesse de lui répéter qu’il n’est pas réaliste d’être monogame. Devenue journaliste, Amy vit selon ce crédo – appréciant sa vie de jeune femme libre et désinhibée loin des relations amoureuses, qu’elle considère étouffantes et ennuyeuses ; mais en réalité, elle s’est un peu enlisée dans la routine. Quand elle se retrouve à craquer pour le sujet de son nouvel article, un brillant et charmant médecin du sport nommé Aaron Conners, Amy commence à se demander si les autres adultes, y compris ce type qui semble vraiment l’apprécier, n’auraient pas quelque chose à lui apprendre.

Durant près d’une heure (sur les deux qui composent le film), les blagues fusent dans tous les sens. Amy Schumer s’en donne à coeur joie dans un script qui lui laisse une totale liberté. Elle se permet toutes les conneries possibles e imaginables, encore plus face à un John Cena qu’elle ridiculise de façon assez cocasse. Et ce dernier n’a pas peur de l’auto-dérision. Il y a d’ailleurs une scène de sexe absolument hilarante entre ces deux personnages quand Amy demande à Steven de lui dire des mots à connotation sexuelle afin de l’exciter et que lui ne sait vraiment pas s’y prendre. Ensuite, le film cherche aussi à parler un peu des relations amoureuses mais un peu avant de plonger droit devant dans la seconde partie. La seconde partie du film est beaucoup plus dramaturgique alors que Amy rencontre Aaron et que les deux vont vivre une relation assez complexe et difficile à cerner. Disons que ce n’était pas facile de faire se rencontrer deux trublions comme ça. Bill Hader est là aussi quelqu’un de très fort dans le registre de la comédie, lui qui a officié pendant des années au casting du Saturday Night Live. Il continue ici d’être un assez bon pilier même s’il montre aussi un tout nouvel atout : l’émotion. C’est clairement lui le moteur émotionnel de Crazy Amy et ce n’était pas forcément gagné d’avance.

A commencer par le script qui ne cherche pas forcément à nous toucher mais qui le fait plus ou moins par défaut justement grâce à l’interprétation de Bill Hader. Puis aussi car son rôle est presque un peu soupe au lait alors qu’il reste très classique pour de la comédie romantique américaine sirupeuse que l’on nous sert depuis des années. Sauf que le match qui se joue entre lui et Amy Schumer à l’écran est assez fabuleux. C’est donc avant tout un jeu, une façon de faire, plutôt que ce qui est raconté en parallèle et qui ne change pas de ce que l’on a pour habitude de voir dans ce genre de films. Judd Apatow tente donc avec Crazy Amy quelque chose d’un peu nouveau, à sa façon et surtout avec ses armes et sa propre vision des choses. Il explore les relations humaines tout en gardant son côté amusant bien à lui en parallèle (car Amy Schumer a là aussi capturé ce qui fait le succès chez Apatow afin de ne pas trop changer les habitudes de son public). Crazy Amy a donc quelques défauts de fabrication, notamment dans son histoire qui reste très classique dans la seconde partie du film mais l’ensemble est agréable et donnerait presque envie de voir cela adapté sous un format différent afin de pouvoir suivre les aventures d’Amy plus amplement…

Note : 6/10. En bref, un film assez agréable et drôle, dont la seconde partie plus conventionnelle n’explore pas autant les folies de la première partie.


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