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LE DÉSIR (Anatole France)

Par Antoine06 @AVissuzaine
Comme promis, je commence aujourd'hui la publication sur ce blog de textes d'amour, en commençant par ce poème très sensuel d'Anatole France. Je sais la vanité de tout désir profane. A peine gardons-nous de tes amours défunts, Femme, ce que la fleur qui sur ton sein se fane Y laisse d’âme et de parfums.
Ils n’ont, les plus beaux bras, que des chaînes d’argile, Indolentes autour du col le plus aimé ; Avant d’être rompu leur doux cercle fragile Ne s’était pas même fermé.
Mélancolique nuit des chevelures sombres, A quoi bon s’attarder dans ton enivrement, Si, comme dans la mort, nul ne peut sous tes ombres Se plonger éternellement ?
Narines qui gonflez vos ailes de colombe, Avec les longs dédains d’une belle fierté, Pour la dernière fois, à l’odeur de ta tombe, Vous aurez déjà palpité.
Lèvres, vivantes fleurs, nobles roses sanglantes, Vous épanouissant lorsque nous vous baisons, Quelques feux de cristal en quelques nuits brûlantes Sèchent vos brèves floraisons.
Où tend le vain effort de deux bouches unies ? Le plus long des baisers trompe notre dessein ; Et comment appuyer nos langueurs infinies Sur la fragilité d’un sein
Anatole France (1844-1924) LE DÉSIR (Anatole France)


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