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Présidence Sarkozy: un an après, où en est la rupture?

Publié le 10 juin 2008 par Gaellef

Après un an de présidence Sarkozy, la rupture promise par le candidat peine désormais à se mettre en place. L'impopularité croissante du président et la conjoncture économique défavorable ne jouent pas en sa faveur...


Un an après l'élection présidentielle, la rupture annoncée n'a pas eu lieu et avec près de 30% d'opinion favorable seulement, Nicolas Sarkozy est le président le plus mal aimé des Français. Tout avait pourtant bien commencé...Compromis européen sur le traité simplifié, sauvetage des infirmières bulgares et une image présidentielle forte qui lui permet d'entreprendre la réforme des retraites. Sur d'avoir trouvé son style, le président veut aller vite et multiplie les annonces: réforme de l'université, carte judiciaire, paquet fiscal...Il est sur tous les fronts. Ce qui ne tarde pas à agacer l'opposition qui critique un omniprésident, plus proche de Matignon que de l'Elysée...La rupture selon Sarkozy, c'est d'abord une rupture de méthode et le président entend bien mener de front l'ensemble des chantiers, répondant aux plus dubitatifs "Les Français ne m'en voudront pas d'avoir essayé". Les commissions se multiplient et les parlementaires sont chargés à la réforme de l'audiovisuel public, au dossier de l'hôpital, à la question de l'enseignement ou à la réforme de la constitution. Cette prolifération de groupe de travail marque un véritable tournant dans la pratique du pouvoir mais un tournant peu suivi d'effets: le rapports Attali sur la libération de la croissance sera le premiers à en faire les frais. L'état de grâce n'aura pas duré longtemps, la visite de l'encombrant colonel Kadhafi et le ramariage express du président avec Carla Bruni suite à un divorce tout aussi express y mettent fin dès l'automne. S'ouvre alors pour Nicolas Sarkozy une longue période de doute quant à sa capacité à incarner la fonction présidentielle.

Si la rupture politique n'a pas vraiment eu lieu, la rupture médiatique, elle, est incontestable. Nicolas Sarkozy joue de son image et définie à lui seul l'agenda médiatique. Son omniprésence dans les médias fait de lui le premier interlocuteur de l'exécutif, sans recours possible au "fusible" de Matignon. Dès lors, chaque apparition se traduit en termes de cote présidentielle, suivie et décryptée quotidiennement, et rapidement en chute libre face aux mécontentement des Français. Après l'échec des municipales, Nicolas Sarkozy change de cap et semble vouloir incarner la fonction présidentielle de manière plus conventionnelle: c'est la fin de l'ère "blig-bling" et de la peopolisation du pouvoir. Le changement de style est radical: après le plateau des Glières, sa visite à Gordon Brown, premier ministre britannique, en symbolise l'essence. Mais après un an de présidence, les Français sont déçus et beaucoup rappellent au chef de l'Etat qu'il s'était érigé en "candidat du pouvoir d'achat". Il faut dire que la conjoncture ne joue pas en sa faveur et N. Sarkozy ne peut que constater: "les caisses sont vides". La rupture là encore n'a pas eu lieu et tandis que la stagflation s'installe, la morosité des ménages plombent l'action gouvernementale. Les couacs sur le RSA ou la carte famille nombreuses obligent le président à recadrer les ministres et à reconnaitre ses erreurs dans une interview télévisée. Quelques jours plus tard, le président fustige la presse de se faire "la voix de l'opposition" et critique ardemment l'action de ses prédécesseurs. A quelques jours de la présidence française de l'Europe, le ton est donné.


Une rupture diplomatique en cours?


C'est peut être sur le plan extérieur que la rupture est la plus prononcée. En effet, après l'annonce de l'envoi de renforts en Afghanistan, qui value au gouvernement une motion de censure classée sans suite faute de majorité. Nicolas Sarkozy veut faire réintégrer à la France le commandement militaire de l'OTAN. Les Etats-Unis se félicitent d'un rapprochement franco-américain et multiplient les appels à la collaboration entre l'Europe et l'Amérique. Malgré la contestation d'une partie de la population concernant ces deux mesures, N. Sarkozy semble déterminer à vouloir redonner à la France une dimension internationale et un véritable rôle en Europe, notamment grâce au succès de l'Union pour la Méditerranée. Mais, là encore, le bilan est à nuancer: la fin de la Françafrique, annoncée par Jean Marie Bockel n'aura finalement pas lieu et l'Union pour la Méditerranée rencontre des difficultés quant à la coopération des Etats Arabes et d'Israël.
De nombreux chantiers en cours et des résultats qui tardent à apparaître, le président peine à incarner la rupture et cristallise le mécontentement. La "réincarnation d'Elvis Presley", tel que le surnomme G.W Bush, tente un style moins rock'n roll pour ne pas user trop vite l'exercice du pouvoir et réaliser, dans les quatre ans qui restent, sa promesse de rupture.


Gaëlle F.


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