Faites de l’argent en profitant des malheurs de la société

Des catastrophes naturelles en passant par les attentats, rien n’arrête les nouveaux « business men des tragédies », ces types prêts à tout pour gagner de l’argent, quitte à exploiter certains drames comme l’attaque de Charlie Hebdo ou le cyclone Andrew. En 2015, les célèbres slogans « Je suis Charlie » ou encore « Pray for Paris » peuvent même devenir une véritable (immorale ?) mine d’or. Alors, hommages ratés ou cupidité sans éthique ?

 Spéculez sur les catastrophes climatiques

Axa, l’une des premières compagnies d’assurance française au monde, a engrangée en Novembre 2014 la somme record de 350 millions d’euros en émettant « une obligation-catastrophe ». Une « cat-bond » dans la langue de Shakespeare, c’est ce qui permet à Axa de se prémunir contre les risques de tempête. Grâce à l’argent investi dans cette obligation, Axa couvre les risques (dédommagements, réparations…) de professionnels ou de particuliers victimes d’une catastrophe climatique

Le principe ? Il est diaboliquement simple. Les investisseurs parient que, d’ici fin 2017, il n’y aura pas de tempêtes qui occasionneront des dégâts d’un certain montant, ce dernier étant fixé dans un contrat. Si c’est le cas, c’est à dire que si les dégâts occasionnés par la tempête sont « moins importants que prévus », ils empochent 2,60% de la somme investie. Investir dans un cyclone meurtrier, ça peut quand même rapporter gros !

Je suis Charlie. Et j’aime le fric

Le jour même de l’attentat contre le journal satirique, Philipp.B, le créateur du site «JesuisCharlie.net », proposait déjà de vendre des mugs, des casquettes ou encore des T-shirt signés « I am Charlie ». Grâce à la vente de ces produits dérivés, il a récolté plus de 1200 euros en quelques heures !

Mais quand on lui demande s’il compte vraiment se faire de l’argent sur un tel déchaînement de violences, il nous répond : « Je vous mentirais si j’affirmais que j’allais tout reverser à Charlie Hebdo, mais je pense tout de même leur envoyer un chèque d’un tiers de la somme. Ca fait quand même quelques centaines d’euros… ». On en pleurerait presque n’est-ce pas ?

Pour les marques aussi, le malheur des uns fait le bonheur des autres

Le Community Manager de TéléStar a lui aussi trouvé la combine pour booster l’audience de son site. Quand on sait que la rémunération est d’autant plus importante que les clics sont nombreux, on ne s’étonne pas qu’il puisse publier sur la page officiel de TéléStar « Charlie Hebdo : rendez hommage aux victimes en cliquant sur la photo ». Rendez hommage. Et financez mes prochaines vacances au soleil par la même occasion. Habile le Bill.

Il y a aussi les opportunistes, qui dès le lendemain des attentats du Bataclan, ont essayé de déposer la marque « Pray for Paris ». Mais l’INPI, l’institut national de la propriété industrielle, a refusé ces demandes « contraires à l’ordre public ».

Mais les plus téméraires, enfin devrais-je dire, les marques qui ont compris la combine plus vite que les autres, ont apposé directement les célèbres dessins et slogans du moment. C’est par exemple le cas de Google Shopping, spécialisée dans la customisation de vêtements. Et si les chiffres des ventes demeurent pour le moment inconnus, on imagine que ce n’est pas du bénévolat !

La générosité, c’est quand même plus classe

Il y a les requins et les altruistes. Ceux qui veulent du billet vert plus que tout et ceux qui sont capables de prendre un peu de recul avant de vouloir devenir Crésus. Jean Jullien, 32 ans et graphiste à Paris, fait partie de ceux qui ont refusé les dollars au goût de sang.

En effet, il est à l’origine du symbole « Peace for Paris », présent sur les trois-quarts des images de soutien aux français lors des attentats. Pourtant, lorsqu’on lui demande pourquoi il n’a pas déposé sa marque, il répond humblement que sa création est « à partager », non « à vendre ». Encore une fois, on en pleurerait presque. Pour de bonnes raisons cette fois.