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L’Eau Noire, Chloé Bourdon

Par Maliae

novembre 30, 2015

L’Eau Noire, Chloé Bourdon
Résumé : Fin des années 60, pendant la guerre du Vietnam, Dawn Otterio rencontre la mort dans l'eau noire d'un marécage.
Abreuvé du sacrifice de ses frères d'armes, un étrange esprit lui rend la vie, en échange d'un pacte cruel. Dorénavant, son existence ne sera plus que celle d'un possédé, en quête de sang, semant la mort derrière lui.
Jusqu'au jour où son chemin croise celui de Raphaël, un rockeur fascinant...
Entre Dawn, Raphaël et l'esprit vampire, les destins vont se croiser, tout autant que leurs désirs...

Avis : Je ne savais pas du tout où j'allais avec cette histoire, mais j'ai tout de suite été happée dès les premières pages dans le récit. L'écriture est très jolie, poétique, entraînante et incisive, l'histoire mêle passé et avenir avec brio, sans qu'on ne se perde du tout. Dawn nous raconte son histoire, on le sent âgé, fatigué, sur le point de mourir et il nous raconte comment il en est arrivé là. Tout de suite on sait que l'histoire ne va pas être drôle et dès le début j'ai eu le cœur serré. Pourtant l'histoire ne manque pas d' humour pour autant, par moment le héros a des réflexions qui m'ont amusé. Dawn est assez étrange, comme à la fois détaché et attaché, il semble se fiche de tout et pourtant aimer simplement. Je l'ai beaucoup aimé, sa force, ses faiblesses, sa lâcheté. Il était loin d'être parfait et pourtant il y avait une certaine douceur en lui, quelque chose. Il m'a plu. J'ai aussi aimé les personnes qu'il va rencontré dans le village où il va s'arrêter. Les proprios du motel (dont on sent que l'avis sur eux va évoluer au fur à mesure) même s'ils sont secondaires, Claire et Raphaël, qui font partie d'un groupe de musique. Bien sûr j'ai détesté Laurent et sa façon de traiter Claire, que j'ai trouvé atroce. Ce sont tous des âmes perdues, qui baignent pas mal dans l'auto-destruction. J'ai beaucoup aimé la relation de Dawn et Claire, encore plus que celle de Dawn et Raphaël (même si elle m'a beaucoup plu aussi pour son ambiguïté).

Le livre parle de violence de couple, de marée noire et de problèmes écologiques, de la guerre (du vietnam), de prostitution, de drogues, de rêves, de religion, d'amitié, d'amour. De l'envie de survivre malgré tout. De la difficulté de vivre. De l'envie de survivre malgré tout (ou pas). Et également de vampirisme. Bien que le mythe est très différent de ce à quoi on peut s'attendre, et j'ai trouvé ça originale et sympathique. Très bien écrit et pensé. L'esprit qui hante Dawn, le pousse à se nourrir de sang, et bizarrement même s'il n'est sans doute pas quelqu'un de bien, je l'ai bien aimé d'une certaine manière.
J'ai également adoré en apprendre plus sur la vie de Dawn, son enfance et son adolescence qui avaient l'air assez moche.

Le livre est tout de même emprunt d'une certaine mélancolie, de regrets ou de remords, on se laisse porter comme si nous même nous étions baignés dans ce marais, comme si on coulait avec l'eau d'une rivière. Et la fin m'a rendu très malheureuse. Je dis pas que je l'avais pas venu venir évidemment, mais quand même ça m'a fait mal.

C'est une histoire plutôt difficile finalement, mais qui reste belle quand même (surtout grâce à l'écriture). Je dois me répéter, mais ça m'a vraiment troublé, touché, émue. J'en sors pas indemne.
Mais je recommande !

Mon ressenti :

L’Eau Noire, Chloé Bourdon

Phrases post-itées : " Je n'avais nullement l'intention d'aggraver mon cas en me droguant. Les mondes étranges aux frontières desquels je jouais les funambules suffisaient amplement à l'entretien de mon inquiétant délire. " " Comment en vient-on à souhaiter crever quand on s'aime, quand on est jeune, beau et talentueux? En n'ayant rencontré la mort qu'aux détours des pages d'un conte de Poe ou dans les paroles sombres d'un groupe post punk. Moi, je la connaissais, la mort, je l'avais respirée, j'en avais bouffé. Je savais qu'elle n'avait rien d'exquis. " " Je connais la cruauté mentale dans ses moindres méandres et je sais qu'il arrive un moment où les brimades et les humiliations rendent fou, où elles révèlent le pire chez un adolescent timide et complexé. " " Les vampires végétariens ou amoureux de leur proie, c'est de la couille. Les gens que j'aimais, je n'avais pas envie de les bouffer, point barre. "
" Sous la télévision, un écriteau jauni annonçait en lettres gothiques que la maison ne faisait crédit qu'aux personnes de plus de quatre-vingts ans accompagnées de leurs parents. "

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