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Médiatisation et commémorations

Publié le 05 décembre 2015 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Rédacteurs et stagiaires: cliquez sur cette barre pour vous connecter en back-office de la rédaction! Tout d'abord, c'est la valorisation des commémorations à travers les outils numériques qui intéresse les intervenants. Marlène Faivre, chef de projet éditorial Web pour le centenaire de la commémoration de la Première Guerre mondiale évoque une "politique de numérisation dans le but d’informer". Elle soutient que cette politique de mise en valeur des œuvres amène un vrai soutien de la part des internautes comme le montrent la formation de communautés d’internautes autour des célébrations de la Grande guerre et la création de monuments aux morts virtuels.
Ce à quoi Anaïs Klein (documentariste chez France Culture) ajoute "Le format numérique affranchit les contraintes de la langue et permet la mise en place d’expositions numériques". Il permet donc de rendre le contenu des musées accessible au plus grand nombre, peu importe la langue où le lieu dans lequel la personne intéressée se trouve. Dans cette optique, le réseau social (principalement Facebook ou Twitter) permet aux musées de passer un cap dans la médiatisation des événements commémoratifs puisqu’il apporte des interactions entre les visiteurs, virtuels ou non.
Afin d’y apporter un côté ludique et attractif, le Centre des Monuments Nationaux, a mis en place des jeux virtuels en rapport avec les expositions. C’est ce que nous rapporte Aurore Gallarino, responsable du pôle digital du CMN. Elle donne les exemples du jeu "Où est Saint-Louis?" mis en place avec les internautes pour célébrer le 800e anniversaire de Saint Louis, ou encore du livre d’or numérique et le vidéomathon sur le thème "résistance" mis en place au Panthéon depuis 2015 et la panthéonisation de quatre résistants.
Cette politique, assez récente, des musées apporte aux œuvres de la visibilité. Les intervenants reconnaissent en effet qu'il est important de créer l’événement dans un monde médiatisé, en particulier sur ces sujets qui dépendent de l’actualité.
Cependant, l’impact des publications numériques reste à prouver. Anaïs Klein admet "une hyper participation au niveau de l’image mais peu d’impact sur le public". En effet à partir de ce constat, l'enjeu est de toucher les potentiels visiteurs et les faire participer au processus commémoratif.
C’est là que l’arme numérique fait la différence. Aurore Gallarino révèle que grâce aux hashtags relatifs à l’exposition Saint-Louis, 200.000 personnes ont été touchées, tandis que le livetweet mis en place le jour de l’exposition a été suivi par 30.000 internautes durant deux heures. Elle met l’accent sur l’expérience globale rapportée et l’utilité d’inscrire de façon indélébile le témoignage de personnes amenées à disparaitre (exemple des Poilus).
Régis Guyon insiste lui sur l’importance pour tous les acteurs de s’approprier l’outil numérique et de professionnaliser son utilisation. Il regrette d’ailleurs qu’aujourd’hui, par manque de moyens et d’intérêt, l’école soit incapable de se procurer et s’approprier le matériel numérique. Il préconise donc son utilisation, notamment pour que la jeunesse comprenne l'importance de telles célébrations et se porte en héritage des valeurs qui en découlent.
Enfin, Céline Biron-Portet insiste sur le fait que le numérique bouleverse le rapport à l’espace-temps des commémorations traditionnelles. La spécificité du numérique amène beaucoup de célébrations via internet. Le problème est que, dans cet espace, la transmission de valeurs est en retrait par rapport à l’information et à la participation de la communauté internaute.
Ainsi, si pour les intervenants le recours au numérique est indispensable, il s'inscrit dans une politique de mise en valeur des célébrations commémoratives et doit servir à faire passer un message au public, particulièrement le plus jeune.

Le mot de la fin revient à l’historien Pascal Blanchard, membre du comité d’organisation du colloque. Selon lui, si rien ne remplace la commémoration partagée physiquement dans un même milieu, la mobilisation sur Internet, notamment pour ceux qui vivent à l’étranger, complète la dimension physique de la mobilisation. Il y a un travail à faire sur la médiatisation des commémorations, afin d’adapter celle-ci à l’ère du spectacle puisque les outils du temps s’adaptent à la commémoration. Ainsi les réseaux sociaux ne font que faire changer d’échelle les commémorations, elles qui pendant longtemps étaient locale où nationales deviennent des événements mondiaux. D'où l’utilité de l'outil numérique...

* Dans le cadre du colloque "Médiatisation et commémorations" organisé conjointement par le laboratoire Communication et Politique-Irisso (CNRS), le Groupe de recherche Achac et le Musée national de l'histoire de l'immigration, plusieurs tables rondes et débats ont pris place à l’auditorium Phillipe Dewitte du Palais de la Porte Dorée, les 24 et 25 septembre 2015.

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