Toute premiere fois - 1/10

Un film de Noémie Saglio et Maxime Govare (2015 - France) avec Pio Marmaï, Lannick Gautry, Franck Gastambide, Adrianna Gradziel, Camille Cottin, Frédéric Pierrot, Isabelle Candelier

Extrêmement banal.

L'histoire : Jérémie se réveille un matin dans le lit d'une jeune et jolie suédoise, Adna, après une soirée qu'on imagine arrosée. Il est d'autant plus stupéfait de se retrouver là que, dans sa vraie vie, il est en couple depuis dix ans avec Antoine, avec lequel il vit en parfaite harmonie. Ils annoncent même leur mariage aux parents. Mais Jérémie n'arrête plus de penser à Adna...

Mon avis : Les critiques étaient bonnes, alors on a tenté. Ben franchement... c'est à croire que le cinéma français devient tellement mauvais que les professionnels deviennent plus indulgents, histoire de ne pas faire trop de vagues ; nivellement par le bas ; ou copineries. 

Si la réalisation est correcte, avec un assez bon rythme, le fond est d'une grande médiocrité. Un couple, un adultère, une séparation. Et voili et voilou. Sauf que, pour pimenter l'affaire, du moins c'est sans doute ce qu'ils croyaient, les scénaristes (et réalisateurs) ont fait hyper fort : le couple, et bien ce sont des homosexuels, figurez-vous ! Vous parlez d'une histoire ! Vous vous rendez compte ? Non seulement, c'est hyper hot, comme sujet, mais en plus y en a un qui vire sa cutie ! Bon, je blague. Le monsieur et la dame n'ont pas dû comprendre que la société a enfin réellement évolué et qu'un couple gay c'est désormais banal, tellement banal qu'on n'y fait même plus attention. A qui est donc destiné ce film ? Pas à nous, main dans la main avec la communauté LGBT. Donc aux extrémistes réacs qui restent figés sur leurs règles ? Par définition, ils sont rigides, donc ce n'est pas ce genre de film qui les fera fléchir. 

Ou alors, c'est juste une petite comédie sentimentale ? Non, y en a un qui pleure. Un drame alors ? Non, c'est plutôt ambiance rigolade, quand même. Juste une comédie quoi... Une comédie française.

Avec des trucs un peu invraisemblable et bâclés : l'autre, il décide que Adna est la femme de sa vie mais ils ne se voient finalement que très peu. On n'assiste pas à une folle passion clandestine. En plus, la môme se barre en Suède dès qu'elle comprend le top. Mais le Jérémie, hop, il largue son homme, alors qu'ils préparaient leur mariage. Et le copain hétéro, don juan incurable, qui traite son assistante de boudin, et qui très subitement tombe amoureux d'elle. Pas très crédible, tout ça.

Et puis un petit message subliminal qui laisse entendre que le gay peut très bien tomber amoureux d'une femme, finalement. Ce qui tendrait à prouver que la situation "normale" reste le couple hétéro. J'aurais préféré, comme leçon de morale s'il en fallait une, que l'on conclue que nous sommes tous bi et que l'amour est une question de rencontres. Enfin bon, ça n'engage que moi.

Quelques répliques et situations amusantes, mais bien trop rares pour pouvoir relever le niveau du scénario hyper simpliste. Heureusement, des acteurs très charmants investissent l'espace. Cottin a quelque chose d'adorable, malgré son "bec de toucan", comme le dit délicatement le gros lourd incarné par Gastambide. Je mets un point pour saluer leur travail car sinon, circulez y a rien à voir.

Les critiques donc sont plutôt bonnes. Ils ont trouvé original (ah bon), charmant, frais, sensible. Ok, ok. Je me rangerai quant à moi à l'avis de Télérama qui vient troubler cette gentille floppée de compliments : "Derrière le sujet à la mode, une comédie fleur bleue signée par un gars (Maxime Govare) et une fille (Noémie Saglio) qui oublient trop souvent de nous faire rire." Je dois devenir snob en vieillissant ; je suis de plus en plus Télérama et Cahiers.

420.000 entrées. Les Français aiment la comédie française. Tant mieux, on va dire. Sauf que je continue de déplorer que mes compatriotes ne semblent pas voir dans le cinéma qu'un divertissement assez tarte.

C'est tellement plus, le cinéma...

Pour l'anecdote, sachez que les producteurs ont accepté de lâcher les billets sur... deux pages de scénario. On comprend mieux (mais non, finalement on ne comprend pas du tout !) pourquoi nous avons tant de comédies aussi médiocres. Mais puisque ça plaît au public. Les réalisateurs ont ensuite étoffé, étoffé. Ben ouais, ça se voit.

A signaler, au générique de fin, une reprise en français de la chanson de Katy Perry I kissed a girl par le grand M. Très joli travail.

Ca n'empêche que depuis hier soir, c'est la chanson de Jeanne Mas qui me tourne en boucle dans la tête !