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VIH: Pourquoi dans certains cas, les rapports sexuels à risque réduisent le risque – Mucosal Immunology

Publié le 10 décembre 2015 par Santelog @santelog

VIH: Pourquoi dans certains cas, les rapports sexuels à risque réduisent le risque – Mucosal ImmunologyPlus de la moitié de toutes les personnes infectées par le virus VIH-1 dans le monde sont des femmes. Parmi ces femmes, un groupe particulièrement exposé, les travailleuses du sexe, à risque accru de contracter le VIH en raison des expositions répétées au virus. Pourtant, certaines d’entre elles restent négatives à l’infection et cela malgré une activité sexuelle répétée et des taux d’utilisation du préservatif faibles. Quel est le secret de cette résistance au virus ? Existe-t-il un lien entre l’exposition au sperme et la susceptibilité au VIH ? Réponses avec cette étude de l’institut Wistar (Philadephie) présentée dans la revue Mucosal Immunology.

Comprendre les raisons pour lesquelles certaines femmes s’avèrent protégées contre l’infection à VIH, apparemment sans réponses immunitaires spécifiques contre le VIH connues, permettrait d’ouvrir la voie à de nouvelles stratégies de prévention ou au vaccin anti-VIH non seulement pour ce groupe particulièrement exposé de population, mais aussi plus largement.

Les chercheurs émettent ici l’hypothèse que ces femmes connaissent des changements dans leurs tissus en raison des expositions répétées au sperme et au virus, et des modifications dans leurs réponses immunitaires, encore inconnues car différentes de celles observées avec un vaccin par exemple. Cette hypothèse est issue d’études précédentes montrant que cette exposition sexuelle répétée n’entraine pas toujours l’infection. En Afrique, certaines femmes restent résistantes à l’infection, en dépit d’un usage faible du préservatif. Cette exposition continue au sperme chez ce groupe de femmes serait la cause de changements dans le microenvironnement cervical et vaginal pouvant augmenter la résistance de l’hôte à l’infection à VIH. Cependant, il faut prendre en compte aussi, chez ce groupe de femmes, une exposition probablement privilégiée à la PrEP.

L’exposition chronique au sperme et ses effets sur l’appareil reproducteur féminin : les chercheurs ont mené cette étude auprès de 50 travailleuses du sexe de Puerto Rico, une zone à prévalence du virus 5 à 10 fois plus faible que l’Afrique, vs 32 femmes témoins à faible exposition sexuelle au virus, en prenant en compte la fréquence des rapports sexuels, l’usage du préservatif, les contraceptifs éventuellement utilisés, les IST… Les chercheurs identifient ainsi 3 mécanismes distincts pouvant contribuer à la diminution du taux d’infection :

1.   des taux inférieurs d’activation immunitaire dans le sang et les tissus muqueux de ces femmes : une donnée importante alors que le virus VIH se développe effectivement dans le système immunitaire activé, l’activation contribuant à aider le virus à infecter et à se propager.

2.   une expression accrue de l’interféron ε dans les cellules épithéliales, qui protège l’appareil reproducteur féminin des infections virales et bactériennes. Ici, les chercheurs montrent que les niveaux d’interféron ε sont associés avec le nombre d’actes sexuels non protégés, et, en laboratoire, que l’exposition au sperme de cellules du col peut augmenter l’expression de cette protéine protectrice.

3.   enfin, les facteurs présents dans la muqueuse dont le VIH a besoin pour infecter (CD4, nucléoporine 153 …) sont exprimés à des niveaux inférieurs chez ces femmes.

Ainsi, l’étude identifie des effets inattendus de l’exposition répétée au sperme sur le col et le vagin, de nature à réduire, -mais non éliminer- le risque d’infection. L’identification de ces facteurs de réduction du risque liés à l’exposition répétée au risque ouvre de nouvelles pistes, ne serait-ce que celle de l’interféron ε, de prévention de l’infection à VIH. Bien entendu et en pratique, il ne s’agit aucunement de multiplier les comportements sexuels à risque, en pensant pouvoir ainsi, se forger une résistance au virus.

Source: Mucosal Immunology 11 November 2015 doi:10.1038/mi.2015.116 HIV-1-negative female sex workers sustain high cervical IFNε, low immune activation, and low expression of HIV-1-required host genes


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