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Taiyou Matsumoto – Sunny (Tome 4)

Par Yvantilleuil

Taiyou Matsumoto - Sunny (Tome 4)Pour cette saga prévue en six tomes, Taiyou Matsumoto puise dans ses souvenirs d’enfance, en orphelinat, afin de relater le quotidien d’un centre pour enfants forcés de grandir sans parents. L’auteur d’Amer béton et de Ping Pong emmène le lecteur dans les années 1970 afin d’y faire la connaissance des membres de ce foyer situé en pleine campagne, qui accueille des jeunes qui ne peuvent plus être élevés par leur famille. Si Haruo, Sei, Junsuke, Shôsuke, Kenji, Kiiko, Taro, Megumu et les autres ont des raisons diverses pour expliquer leur présence à l’orphelinat – une mère malade, un père alcoolique, …., – ils partagent cependant tous le sentiment d’avoir été abandonnés. Heureusement, perdue au fond d’un terrain vague, l’épave d’une vieille voiture permet aux jeunes de s’évader de cette réalité pesante. Une fois installés à bord de la vieille « Sunny », ils peuvent laisser libre cours à leur imagination et aller là où leurs rêves décident de les emmener… pourquoi pas à la maison…

Chaque chapitre se concentre sur l’un des gamins, sur leur tristesse et sur ce besoin d’amour que le lecteur voudrait tant combler au fur et à mesure qu’il s’attache à ces rejetons. Délicatement, par petites touches, l’auteur brosse le portrait d’une galerie de personnages marqués par ce délaissement. Un pot de Nivea qui fait penser à l’odeur maternelle, un trèfle à quatre feuilles qui pourrait accélérer le rétablissement d’une mère hospitalisé, des nuages que l’on observe en surveillant la boîte aux lettres de près… tant de petits détails parsemés au fil des chapitres, qui permettent de saisir les sentiments de ces gosses en manque d’affection. Empli de tristesse et de mélancolie, le récit se veut également positif. Ne cherchant pas à uniquement dépeindre la noirceur, Taiyou Matsumoto laisse suffisamment de place à la lumière et à l’espoir. Même dans un orphelinat, la vie réserve de beaux moments et vaut la peine d’être vécue…

Après un troisième volet qui se concentrait un peu plus sur les adultes du foyer Hoshi no ko, celui-ci place de nouveau les jeunes orphelins sur le devant de la scène, en se focalisant sur leur espoir de quitter un jour le centre en retournant chez leurs parents. Après avoir découvert la mère d’Haruo, le lecteur fait maintenant la connaissance de son père, ce qui permet d’encore mieux cerner le personnage d’Haruo, que je trouve personnellement le plus intéressant de la saga. Puis, il y a Asako, qui apprend que ses parents divorcent. Il y a aussi le récit particulièrement touchant de la pauvre Kiiko, qui croît pouvoir quitter définitivement le foyer, offrant même sa poupée préférée à sa copine… mais rien ne semble vraiment stable dans la destinée de ses enfants abandonnées. Mais tout n’est pas toujours sombre puisqu’il y a également le petit Sei, qui a régulièrement rendez-vous avec une fille de sa classe… qui habite dans une vraie famille, dans sa propre maison… ah que Taiyou Matsumoto est doué pour relater les sentiments de ces jeunes orphelins… mêlant habilement mélancolie et joie… souvent éphémère.

Outre le savoir-faire au niveau de la caractérisation des protagonistes, il faut également souligner le style personnel et immédiatement identifiable du dessin du mangaka, qui croque une nouvelle fois ses différents personnages avec grande affection. Ponctué de quelques planches en couleur somptueuses, la mise en images experte de Taiyou Matsumoto (Printemps bleu, Amer béton, Frères du Japon, Ping Pong, Number 5, Gogo Monster) accentue le réalisme de cette chronique douce-amère profondément humaine et touchante de sincérité et d’authenticité.

Une série incontournable !


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