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The homesman - 9/10

Par Aelezig

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Un film de Tommy Lee Jones (2014 - USA, France) avec Hilary Swank, Tommy Lee Jones, Grace Gummer, Miranda Otto, Sonja Richter

Superbe film. Une histoire belle et déchirante.

L'histoire : XIXe, dans les Territoires, ces vastes espaces que les Américains conquièrent peu à peu, toujours plus loin vers l'ouest, en y envoyant des pionniers. Promesse d'une terre à soi, de liberté, d'abondance. La réalité est tout autre. Mary Bee vit seule sur un lopin de terre qu'elle travaille durement. Et moyennant un travail insensé, elle y arrive et sa petite maison en terre est coquette. Elle aimerait se marier, Mary Bee. Pour rompre la solitude, pour avoir un compagnon de labeur, pour fonder une famille peut-être. Comme personne ne lui propose, et qu'elle vieillit, elle demande... Alors les hommes ne se gênent pas pour lui dire qu'elle est trop indépendante, trop autoritaire, et "moche comme un tas de briques". Dans la petite communauté, minuscule, dont elle fait partie... trois familles sont dans la misère la plus terrible et trois femmes, épuisées par trop de souffrance, trop de drames, ont perdu la tête. Le pasteur suggère qu'elles retournent dans leurs familles, dans l'Est, pour se refaire une santé. Mais aucun homme ne veut les ramener. Le désert, les brigands, les Indiens... Pieuse et convaincue que Dieu la protégera, Mary Bee décide d'y aller. On lui confie un chariot et les trois jeunes femmes, bien atteintes. Il faut les attacher pour ne pas qu'elles se sauvent. L'une semble possédée et hurle dès qu'on l'approche. Les deux autres sont catatoniques. Elle rencontre un homme, accroché à un arbre dans le désert par des villageois qui l'accusent de vol. Elle le libère, sous condition : qu'il l'accompagne pour l'aider dans sa mission.

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Mon avis : Il est des films qui sont si puissants qu'ils vous hantent longtemps. Celui-ci en fera partie. Pour moi en tous cas. Ce matin j'ai toujours les images en tête, l'ambiance, l'âpreté, la désespérance. Tommy Lee Jones est décidément un sacré conteur et je ne peux que déplorer qu'il ne soit pas passé à la réalisation plus vite ! Son premier opus Trois enterrements en 2005 avait cette force qu'on retrouve dans The homesman, avec les mêmes obsessions : les espaces immenses, la nostalgie western (TLJ est né et vit au Texas), la mort, la solitude, et puis cette étincelle de vie, toujours, résilience, survie.

Pas gai ? Certes. Mais c'est tellement vrai, quelque part. A part quelques bienheureux candides ou quelques héritiers nés dans la soie, la vie n'est pas un long fleuve tranquille, et on le sait tous. Et ce qui est bien chez Tommy Lee, c'est qu'il déniche des histoires originales sur le fond, mais avec un côté universel qui les transcende, et une réalisation hors pair qui alterne les plans larges, magnifiques, et les scènes plus intimistes, authentiques, sincères. J'adore. 

Il aborde les poils à gratter de l'Amérique, les sujets qui fâchent, qui ne font pas bien dans les livres d'histoire (à quand un film sur les Amérindiens ?). Dans son premier, il raconte les émigrés mexicains, le délit de faciès, la violence, et nous met le nez (si je puis dire) en face de la mort, en trimballant un cadavre pendant toute la durée du film. 

Ici, il nous présente l'autre face de la conquête américaine, bien loin de La petite maison dans la prairie. Des pionniers qui triment sur des terres ingrates, à mille lieues des eldorados et de la liberté qu'on leur promettait. Des vies de souffrance et de misère. J'ai beaucoup aimé lorsque Briggs dit à la jeune fille : "Surtout, si un gars veut t'épouser et t'emmener là-bas, sur les Territoires (les espaces non encore Etats), en te promettant une jolie maison, un grand jardin, surtout ne l'écoute pas. Reste ici."

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C'est en même temps l'histoire d'une rédemption. Un homme de peu, promis à l'alcool et à la violence, qui dans l'admiration qu'il porte peu à peu à cette femme pas comme les autres, va s'assagir, mettre un peu plus de légèreté et de générosité dans sa vie. 

Magnifique.

Acteurs éblouissants, est-il besoin de le préciser ? Tommy Lee, égal à lui-même, grincheux, rustre, bougon, qui arrive à nous faire rire, de par ces défauts, malgré la rudesse de la situation. Hilary, géniale, femme rejetée, femme courage, femme résistante, combattante... Le rôle n'a pas dû être facile pour elle, enlaidie, sans aucun maquillage (forcément), avec un petit chapeau affreux... J'ai toujours adoré les actrices qui n'hésitent pas à endosser des rôles qui vont mettre à mal leur image glamour. 

N'oublions pas les trois "folles"... Pas de répliques pour elles, juste la gestuelle et le regard. Superbes.

Anecdote people : Grace Gummer est la fille de Meryl Streep (qu'on voit dans un petit rôle à la fin).

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Homesman est un mot qui n'existe pas, il a été inventé par l'auteur du roman homonyme, de Glendon Swarthout (1988), dont le film est l'adaptation. En France, certaines éditions ont utilisé un autre néologisme, français : le Rapatrieur ; d'autres un assez banal Chariot des damnés ; après le film, le roman a été réédité avec son titre original. Cet homme ramène les trois femmes chez elle, à la maison. Ce qui me gêne un peu, c'est que du coup, le rôle de Mary Bee est minimisé... sans elle, pas de homesman. Ca aurait dû s'appeler Homeswoman... Mais en même temps (spoiler)...

Monsieur Jones, merci ! Ca c'est du cinéma ! Si vous nous en faisiez un peu plus souvent, ce serait cool. Je vous rangerais avec mes idoles, Clint, Martin, et... dans un tout autre genre, Woody.

Et pour les mauvaises langues, les Besson haters... sachez que Europacorp a mis des sous là-dedans ! Comme quoi, ils ne font pas QUE de du caca.

Critiques élogieuses partout, ou presque, professionnelles et publiques. 


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