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Quelques poèmes contemporains parus au Castor Astral

Par Etcetera

Ce-qui-est-ecrit-Castor_AstralJ’ai trouvé ces poèmes dans l’anthologie Ce qui est écrit change à chaque instant, parue en 2015 chez l’éditeur Le Castor Astral, et qui réunit « quarante ans d’édition / 101 poètes », qui ont tous en commun d’avoir publié au moins un livre chez cet éditeur.
On y trouvera des poètes aussi différents que Daniel Biga, Guy Goffette, Jacques Roubaud, ou Tomas Tranströmer …

J’aurai l’occasion de reparler de cette anthologie puisque je compte y puiser encore quelques autres poèmes.
C’est une anthologie qu’on lit et relit avec plaisir, et en y trouvant toujours matière à étonnement.

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Puzzle

Combien de vies dans une vie ?
C’est comme demander combien de pièces
dans un puzzle, dit-il. L’un en compte douze,
l’autre douze fois plus, il en faudra mille ici,
là quarante. Et chemin faisant,
on comprend que chacun aura
très exactement le temps
de compléter le sien, et que le nombre
de pièces n’aura rien signifié,
et que le temps lui-même,
cent ans, dix secondes, n’aura jamais été
qu’un instant,
une fabuleuse fraction
d’éternité.

Francis Dannemark

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Je suis probablement un homme mauvais.

Grinçant de haine quand ma salive malade coule de mes lèvres, là, sur ma poitrine.

Demandez-moi d’être heureux et me voici lamentable et quelconque, vie ne se vaut qu’en lambeaux épars sur un mur lépreux.

Enfant, j’aimais l’intimité des bas noirs, il m’en reste une attirance envers ce qui brûle, ce qui exalte, ce qui fuit, hélas.

A pleine bouche je mords de rage, puis solitaire, toujours vers l’ombre, m’enfuis.

J’ai peur. Je pleure. Ah, trop sensible suis.

Franck Venaille

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L’amour a commencé bien avant nous. D’étage en étage, il glisse le long des nues
scintille sur la goutte qui lentement se forme au bout de la branche, puis roule au creux de nos mains.
L’amour vient d’en-haut. Il est tout ce qui tombe, tout ce qui plie ou descend.
Le cœur va vers le haut. Il monte comme la flamme. Il aspire vers le haut pour le rejoindre à mi-chemin.

L’amour est simple. Il dort dans les replis de nos travaux. Entre nos gestes, entre nos pensées hésitantes, il emplit tous les vides que nous laissons.
Il somnole sur les étagères. Dans le désordre immobile d’une après-midi silencieuse. Plus léger, plus libre et plus insaisissable que les brefs éveils qui parfois nous traversent et font gémir nos chairs.

Philippe Mac Leod

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