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Macadam cowboy - 8/10

Par Aelezig

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Un film de John Schlesinger (1969 - USA) avec Jon Voight, Dustin Hoffman

Infiniment triste.

L'histoire : Joe est texan. Pas de Dallas ou d'Austin, non, un Texan venant d'un petit bled paumé où le stetson et les santiags rutilantes vous posent un homme. C'est donc dans cet accoutrement que Joe traverse le pays pour aller chercher fortune à New York, loin de sa vie d'avant et d'un passé à oublier. Son seul atout : un physique à couper le souffle, dont il compte bien se servir pour séduire de riches new-yorkaises. Mais les jolies femmes commencent par se moquer de ce cowboy de foire... Il rencontre Rico, SDF, infirme, tuberculeux, qui va devenir son compagnon de galère.

Mon avis : Waouh, quel film, quelle claque ! On est scotché au canapé parce que c'est beau, c'est fort, c'est poignant, c'est terrifiant. Deux êtres paumés, perdus, qui au départ étaient des petits gars (presque) comme tout le monde, rêvant d'avenirs radieux, et qui se confrontent à l'infâme réalité, celle que vivent ceux qui sont un peu plus faibles que les autres, pour toutes sortes de raisons. Je n'aime pas ce mot de "faible", utilisé de nos jours de façon très péjorative. Il faut être un battant, il faut être fort, il faut être un winner. OK. Mais personne ne choisit d'être faible ou d'être fort. La nature distribue les atouts au hasard. Ceux qui ont les meilleurs en profitent pour écraser les autres. La loi de la jungle, comme on dit. On pourrait penser que l'homme, espèce évoluée, puisse parvenir à dépasser ça. Et si la vie n'était pas une compétition ? Pour le moment, malheureusement, elle l'est toujours. Et les moins chanceux, ceux qui demandent juste une petite place au soleil, ne l'auront même pas, parce qu'ils sont "faibles". Trop naïfs, pas assez éduqués, chétifs, maladroits... 

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Le personnage joué par Jon Voight est absolument adorable, touchant, tellement touchant. Au début si sûr de lui, et en même temps excité comme un gosse au fur et à mesure qu'il approche de New York. Puis bouleversant de détresse lorsqu'il comprend peu à peu qu'on se moque de lui, qu'on se moquera toujours de lui, quoi qu'il fasse, parce qu'il n'est qu'un pauvre Texan sans éducation, parce que personne ne lui a appris à ouvrir les bonnes portes.

On devine d'ailleurs, à travers les nombreux flash-backs, qu'il a eu une bien étrange jeunesse, auprès d'une grand-mère un peu trop aimante, et des amours violées par une bande de cinglés, qui conduiront son amie droit vers l'asile.

Et son copain Rico... si peu gâté par la nature. On se demande ce qu'il a fait au bon Dieu pour en arriver là ! Et c'est juste horrible de voir ces deux types, tellement désassortis et pourtant exactement du même monde, celui des misérables, comme disait Hugo. Des survivants. Et qui continuent de rêver d'un nouvel eldorado : puisque ça ne marche pas à New York, allons en Floride !

Et c'est d'ailleurs ce qui donne le paradoxe du film, qui reste drôle. La naïveté de ces deux énergumènes, les répliques bien senties, permettent de rire au moment où l'on s'y attend le moins. Plongés dans une soirée années 70 sous acide, ils trouvent encore le moyen de nous émouvoir, contents comme des mômes  ! C'est une image bien négative de l'Amérique, de toute notre société en fait, qui nous est présentée là. Le constat était amer à cette époque, où des mini-révolutions ébranlèrent partout le monde occidental. Le flower power pourrissait, le peace and love s'avérait une utopie. Et ça ne s'est pas arrangé...

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La réalisation hyper moderne m'a beaucoup suprise et j'imagine qu'elle a a dû en déconcerter plus d'un à l'époque ! Les flash-backs ultra rapides, en noir et blanc, qui ne révèlent qu'au compte-goutte, et de plus en plus violemment, le passé de Joe ; les scènes psychédéliques ; des passages rêvés ou fantasmés... Ce n'est pas du tout un film classique ! Et son propos est hélas aujourd'hui d'une actualité on ne peut plus semblable.

Le film a été classé X à l'époque, à cause de quelques scènes hot (de la rigolade par rapport à ce qu'on voit maintenant). Il a cependant remporté l'Oscar du meilleur film et celui du meilleur réalisateur. Pas si bêtes, ces Américains...

La dernière scène est bouleversante. Joe est un gosse perdu...

Et puis, comme d'habitude, j'ai été frappé par la sidérante beauté de Jon, un des plus beaux hommes de tous les temps... 

L'anecdote people : l'incroyable ressemblance entre Jon et sa petite-fille, Shiloh Jolie-Pitt

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