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Sauf les fleurs, Nicolas Clément

Par Laurielit @bloglaurielit

sauf les fleursJe ne connaissais pas ce livre. C'est Nicole qui me l'a mis entre les mains lors de la soirée des 68. Je l'ai ouvert, j'ai lu deux phrases et j'ai su qu'il allait me marquer. La langue de Nicolas Clément n'est pas la nôtre. Cet homme invente des phrases. Elles ne sont en aucun point loufoques. Non Nicolas Clément tord les mots et les expressions. Il inverse, il joue...il joue comme les poètes peuvent le faire. Si on est pressé de lire, on comprend le sens vague mais chaque phrase mérite une attention, un décorticage pour s'approprier le sens profond, la beauté de la langue.

Au-delà de cette parfaite maîtrise de la langue, l'histoire est rude. Nicolas Clément nous plonge au coeur d'une ferme, au coeur d'un amour frère-soeur, au coeur d'un amour mère-fille des plus beaux et des plus forts et d'une violence du père des plus folles. Il nous raconte comme les enfants et la mère font, ou tentent de faire bloc; comment ils se protègent de la colère et des coups, comment les bêtes aussi les sauvent.

Elle, c'est Marthe, l'aînée. C'est elle qui nous parle, nous raconte, pose des mots sur sa vie, sur le drame, sur sa fuite, sur l'amour. Elle passe son enfance à éviter, à espérer, à protéger...puis un soir son père va trop loin. La vie de Marthe et Léonce, son frère, bascule. Florent, l'amour rencontré deux ans plus tôt, lui propose alors de fuir. Marthe, à Baltimore, commence à vivre. Mais le passé la rattrape, il faut rentrer et mettre un terme à tout cela. Je ne vous en dirai pas plus mais en plus d'être un parfait poète, l'auteur surprend le lecteur.

C'est une lecture coup de poing, une de celle qui tord le ventre, une de celle que l'on repose un peu pour souffler, un de ces livres qui meurtrisse le corps et qui fait sortir les émotions. La qualité littéraire est rare, l'univers linguistique riche. Il faut prendre son temps pour déguster chaque phrase. Il y a beaucoup de similitudes je trouve entre ce livre et celui de Damien Murith La lune assassinée. Ceci est sûrement lié à l'univers de la ferme, à l'amour mère-fille et à la manière dont ces auteurs manient la langue et les chapitres courts et parfaitement maîtrisés.

Foncez vraiment sans aucun doute, ce livre est vraiment magnifique et Valentine Goby en parle très bien dans sa préface.

Les pages cornées au fil de ma lecture :

"Depuis des lustres, Papa ne prononce plus nos prénoms, se jette sur le verbe, phrases courtes sans adjectif, sans complément, seulement des ordres et des martinets. Dans mon dictionnaire, je cherche la langue de Papa, comment la déminer, où trouver la sonnette pour appeler. Mais la langue de Papa n'existe qu'à la ferme, hélas. Il nous conjugue et nous accorde comme il veut. Il est notre langue étrangère, un mot, un poing, puis retour à la ligne jusuq'à la prochaine claque."

"Je donnerais toute ma vie pour avoir une vie."

"Aujourd'hui, je n'étais pas heureuse sans savoir pourquoi. Demain, je le serai de nouveau sans savoir comment. Je rame, le bonheur est là."

L'avis de Nicole. (Merci pour la découverte!!)


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