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Bonne année 2016 ?

Publié le 01 janvier 2016 par Sylvainrakotoarison

" Tous les hommes font la même erreur, de s'imaginer que le bonheur veut dire que tous les vœux se réalisent. " (Tolstoï).
Bonne année 2016 ?
Le monde va mal. L'Europe va mal. La France va mal.
L'année 2015 a tellement été désastreuse, commençant et finissant dans des bains de sang à Paris, mais plus généralement un peu partout dans le monde, car il n'y a pas que Paris, qu'on a presque peur de souhaiter une bonne année pour 2016. Les attentats contre "Charlie Hebdo" avaient déjà donné une prime aux plus rapides, à ceux qui adressaient leurs bons vœux dès la première semaine car il faut bien avouer qu'après le 7 janvier 2015, l'humeur n'était plus aux souhaits d'espoir. Pourtant, comme de millions d'autres, je persisterai à exprimer l'espoir d'une bonne année car l'optimisme part aussi d'une prophétie autoréalisatrice et le défaitisme n'a jamais fait avancer une société.
J'aurai l'occasion un peu plus tard de revenir sur les éléments marquants de l'année 2015 même si pour la France, on peut dire déjà que ce sont les attentats qui ont dominé largement l'année, tant sociale, électorale que politique.
En France
Si j'avais été un électeur de gauche, j'aurais lâché un "Elle est belle, la gauche !". La gauche qui introduit la discrimination parmi les nationaux français, la gauche qui adopte la loi qui autorise la surveillance généralisée, la gauche qui a tellement peur de son ombre qu'elle veut réformer le code du travail sans créer les conditions d'une stabilité pour les entreprises. Elle devrait même avoir honte d'être l'exécuteur testamentaire du Front national.
Pour François Hollande, le pacte de sécurité est désormais privilégié sur le pacte de stabilité. Autrement dit, qu'importe le chômage, il faut pourchasser les terroristes. C'est exprimé de façon un peu binaire mais c'est en quelques sortes cet état d'esprit qui prime désormais à l'Élysée et à Matignon. Jamais un gouvernement n'aura réagi avec des mesures aussi sécuritaires que celui-ci depuis un mois et demi.
Le 3 février 2016, débutera le débat parlementaire sur la révision de la Constitution visant à constitutionnaliser l'état d'urgence et à étendre la déchéance de la nationalité aux binationaux nés français. Si jamais l'habitant de Sirius avait dormi un peu trop longtemps sans suivre l'actualité, il ne comprendrait pas qu'un pouvoir dit de gauche puisse adopter de pareilles mesures, des mesures prônées d'abord par l'extrême droite.
Ce changement complet de paradigme révolutionne les esprits, notamment à gauche qui perd tous ses repères. À droite et au centre, le positionnement devient délicat, la surenchère rendant reine la démagogie. Triomphe évidemment les nouveaux féodaux du Front national qui, en 2015, a terminé une série d'élections particulièrement fécondes sur le plan électoral : avec 358 conseillers régionaux FN élus le 13 décembre 2015, c'en sera fini des insipides incertitudes sur les 500 parrainages pour se présenter à l'élection présidentielle. Le FN bénéficie désormais d'un vivier d'élus locaux partout en France, tant dans les communes que dans les régions, qui lui ouvre sans inquiétude les portes de la candidature. Rappelons néanmoins que le FN n'a jamais eu de souci avec les signatures depuis 1983, et toutes ces incertitudes n'étaient que mises en scène pour appâter le chaland.
L'année 2016 sera une année sans élection aucune (à l'échelle nationale). C'est assez rare en France même si le quinquennat actuel profite de deux années de ce type, avec 2013, tandis que le quinquennat de Nicolas Sarkozy avait, à chaque année, son élection intermédiaire. Ce sera donc l'année de la préparation de l'échéance du printemps 2017. Rien n'est joué et donc, actuellement, tout est possible, la réélection de François Hollande, l'élection d'un Républicain ou encore la victoire du FN. Une légère avance pour les Républicains donnés favoris, mais comme pour les régionales, le FN pourrait venir troubler un jeu qui pourrait se retourner en faveur des socialistes, comme dans quelques régions.
On suivra donc avec grande attention le déroulement de la primaire ouverte à droite et au centre, avec un favori, Alain Juppé, qui est aussi favori que ne l'était Dominique Strauss-Kahn en 2011. Certes, on peut imaginer sans trop de difficulté qu'il ne se passera pas au maire de Bordeaux le sort rocambolesque de l'ancien directeur général du FMI, mais il a des concurrents très sérieux, non seulement Nicolas Sarkozy qui contrôle le parti, mais aussi François Fillon qui, même s'il est discret, travaille minutieusement depuis trois ans sur sa candidature, avec la même persévérance que ... François Hollande en 2010. Et il ne faut pas bien sûr négliger Bruno Le Maire et peut-être d'autres candidats majeurs qui viendront en dernière minute.
Cette absence de candidat incontesté est un véritable handicap face au PS et au FN qui ont, tous les deux, déjà leurs candidats et même, en cas d'empêchement, leurs vice-candidats : François Hollande et Manuel Valls pour le PS, Marine Le Pen et Marion Maréchal-Le Pen pour le FN. L'incertitude sur la participation de deux autres candidats de 2012, François Bayrou et Jean-Luc Mélenchon, et les éventuels événements qui surviendraient d'ici seize mois, donnent à cette élection son goût de mystère et de suspens dramatique.
Pourtant, si la sécurité compte beaucoup dans l'esprit des Français en cette période, le gouvernement restera jugé avant tout sur ses résultats en matière économique. Et là, le bilan partiel n'est pas glorieux : depuis l'arrivée au pouvoir de François Hollande, il y a eu 650 000 demandeurs d'emploi de la catégorie A supplémentaires, soit 50 de plus chaque jour en moyenne ! La dette public est à son sommet, avec plus de 2 100 milliards d'euros, soit environ 35 000 euros par habitant, y compris les bébés ! Ce n'est pas le petit 1% de croissance engrangé durant l'année 2015 qui rétablira la véritable casse de l'économie française depuis quatre ans, par une augmentation massive des taxes et impôts, une instabilité fiscale et sociale véritablement suicidaire, alors que le quinquennat précédent avait commencé à se remettre de la crise financière historique du 15 septembre 2008.
Bonne année 2016 ?
Les résultats économiques et sociaux sont d'autant plus médiocres que le gouvernement a adopté une politique de l'offre avec la nomination du ministre Emmanuel Macron à Bercy, et que la conjoncture mondiale est particulièrement encourageante avec une hausse du dollar, une baisse du prix du pétrole (le gazole à moins de 1 euro par litre) et le maintien des taux d'intérêt toujours très bas.
Hors de France
La France n'est pourtant plus le centre du monde, sauf dans sa réputation de luxe et de fête. Le monde se tournera plutôt vers les élections américaines. Avec la fin du double mandat de Barack Obama, une nouvelle page se tournera le 8 novembre 2016. Là encore, beaucoup d'incertitudes tant du camp des démocrates que celui des républicains. Si Hillary Clinton semble prendre de l'avance sur ses concurrents démocrates, Donald Trump détone dans le paysage politique américain, en prenant la première place dans les sondages actuels pour les primaires républicaines tandis que Jeb Bush, le frère de George W. Bush et l'un des candidats républicains les plus modérés, semble patiner.
La résolution politique des conflits dans le monde musulman, en particulière en Syrie, Irak, Afghanistan, Yémen, Libye, Nigeria, et sans doute aussi bientôt en Algérie, va être essentielle pour l'apaisement, sans oublier le conflit israélo-palestinien qui ne semble pas près de se terminer, hélas. Ces conflits ont une incidence directe sur notre propre société avec l'afflux de réfugiés en Europe, certes massif mais qui ne concerne pourtant qu'une très faible part des flux migratoires dans le monde, un million sur les soixante millions de personnes qui ont émigré dans le monde en 2015.
Des risques de conflits, il y en aura certainement de nouveaux, comme ce fut le cas en Ukraine en 2014, mais aussi entre la Russie et la Turquie en 2015. Le monde est très sensible en ce moment et l'absence de véritable homme d'État, capable d'envisager l'avenir avec fermeté, clairvoyance et de manière constructive, se faire particulièrement sentir quand tous les repères s'effondrent.
Néanmoins, il n'y a pas que du négatif et on peut imaginer que le retour diplomatique à la fois de Cuba et de l'Iran changera quelques perspectives tant diplomatiques qu'économiques.
Autre affaire mondiale, non, ce n'est pas le football auquel les médias donnent trop d'importance même s'il y a en jeu l'un des symboles de la France qui gagne, Michel Platini, mais je pense au programme contre réchauffement climatique, l'après-COP21. Si toutes les grandes nations polluantes ont affiché une étonnante bonne volonté, il faudra évidemment juger sur les actes.
Ne boudons pas le succès de façade de la COP21. Ceux qui le critiquent, peut-être avec raison, auraient été les premiers à dénoncer l'échec diplomatique s'il y avait eu échec à l'issue de ces deux semaines de conférences mondiales. Même l'hypocrisie peut piéger les chefs d'État et de gouvernement, enfermés par leurs propres engagements qui, partant peut-être d'une tournure de style (ou de conjugaison, "should" au lieu de "shall" !), aboutirait finalement à des actes concrets. Prenons-les aux mots !
Bonne santé !
Vu tous les paris colossaux que le monde aura encore à relever en cette nouvelle année 2016, je vais être beaucoup moins ambitieux en vous souhaitant, peut-être pas une bonne année car je n'en sais rien de l'avenir, du nôtre, du vôtre et du mien, et peut-être que ce sera une maladresse de la souhaiter, mais en vous souhaitant au moins, le plus sincèrement possible, d'avoir une bonne santé, de la retrouver tant bien que mal pour ceux qui ne l'ont plus et de la conserver pour les autres, car finalement, c'est le bien le plus cher au monde, le plus précieux, le plus fragile, ...et le moins monnayable !
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (1 er janvier 2016)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
2016 pour 2017.
Le rose plus brun que rouge...
COP21.
Bonne année 2016 ?
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20160101-nouvel-an.html


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