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Bex/Catherine/Romano au Sunset, le retour des fidèles

Publié le 02 janvier 2016 par Assurbanipal

Bex/Catherine/Romano

Paris, Ile de France, France

Dimanche 27 décembre 2015. 21h30.

Emmanuel Bex: orgue Hammond B3

Philip Catherine: guitare électrique

Aldo Romano: batterie

Le trio Bex/Catherine/Romano est un pilier du Sunset où il revient chaque année pour nous aider à passer à la nouvelle année dans la beauté. La dernière fois que je l'y ai entendu, c'était le 30 décembre 2009. Il était temps pour moi d'y revenir.

Ca commence par un Blues tout en douceur, en rondeur. Le batteur est aux baguettes tapotant doucement sur les cymbales. L'orgue fournit le tremplin duquel s'élancent les notes de guitare choisies avec soin par Philip Catherine. C'est bien un Belge. Il est adepte de la ligne claire. Ca monte doucement en puissance et en émotion. Solo en sourdine de l'organiste. Emmanuel Bex, Doctor Sottilissimus de l'orgue Hammond. ll superpose deux chants, grave et aigu. Le batteur enchaîne doucement. Solo de batterie tout en retenue jusqu'au final. C'était " Dans la forêt " d'Emmanuel Bex. Une forêt sombre, de résineux je pense.

Un morceau qui attaque mais toujours tranquille. Belle attaque de guitare. Sèche, nerveuse, précise. La ligne claire, toujours. Ca groove tranquille, bien groupé. Ces gaillards se connaissent.

" Elles aiment " (Aldo Romano). Ca chante joyeusement. Ca danse même, comme des belles femmes vives de corps et d'esprit. La salle est comble. Bien joué pour un dimanche 27 décembre à Paris. Excellent digestif musical entre les agapes de Noël et du Nouvel An. Diable, cet orgue chante comme un orgue d'église. C'est dire s'il grandit sous les doigts d'Emmanuel Bex. Il me suffit de fermer les yeux pour voir les jeunes femmes qui dansent au rythme de cette musique. Elles sont ravissantes. Personne n'applaudit durant les morceaux car le trio est si soudé qu'il n'y a pas, à proprement parler, de solo.

Un standard dont le titre m'échappe. Le guitariste prend la main puis l'organiste et ça pulse, nom de Zeus! Philip Catherine reprend les rênes de l'attelage. La diligence avance d'un bon trot. Retour au thème par la guitare. Quelle élégance du sentiment!

Le guitariste commence et l'organiste enchaîne. C'est une ballade. Le batteur est aux balais. C'est frais et délicieusement mélancolique. Bex fait planer l'orgue au dessus de la mélodie jouée par la guitare.

Un air qui sonne balkanique entamé par les trois ensemble. Ca marche. Même la barmaid danse debout derrière le zinc. Ma voisine, elle, danse assise. Bref, elles aiment le trio Bex:Catherine/Romano. Retour au petit air balkanique cadencé. " Danse pour Victor " (composition de Philip Catherine dédiée à Victor Feldman, pianiste britannique qui composa pour Miles Davis " Seven steps to heaven " et " Joshua ").

Un standard de Cole Porter pour finir le set. Mon voisin me demande s'il y a un bassiste. Pourtant, visiblement, il n'y en a pas. Bel hommage naïf à la main gauche d'Emmanuel Bex. Je ne retrouve pas le titre du standard. Justement, sur ce solo de guitare de Philip Catherine, Emmanuel Bex joue parfaitement la basse d'accompagnement. Toum, toum. Ca devient délicieusement funky. La barmaid et la spectatrice restent synchrones dans leurs danses à distance. Bex utilise le Vocoder mais pas comme à l'époque disco. C'est plus expérimental. Il fait grogner sa voix en résonance avec l'orgue. Philip Catherine calme le jeu en revenant au thème. Bex remet une petite couche vocale jusqu'au final.

PAUSE

La guitare démarre lentement et subtilement. L'orgue fait la basse. Le batteur est aux balais, tout en douceur.La barmaid est désormais trop affairée pour pouvoir danser. La spectatrice danse toujours sur son siège, son compagnon aussi. L'orgue joue la basse qui marche ( walking bass in english) derrière le solo de guitare. C'est dans l'organiste que se cache le bassiste. Le bruit de l'eau qui coule au bar pour la vaisselle des verres accompagne la musique. Fin groupée en apogée. C'était " So in love ' (Cole Porter).

" Zouzou " (Emmanuel Bex). Démarrage du batteur aux balais. Jolie marche. Orgue et guitare enchaînent. Ca swingue vite fait, bien fait. Dans son solo, Philip Catherine tient le temps suspendu au bout de ses doigts. Le trio monte en puissance. Retour au calme pour un solo de batterie en finesse, aux baguettes. Ca chante puis ça repart sur le groove initial.

" Letter from my mother " (Philip Catherine). La musique est aussi tendre et affectueuse que son titre l'indique. Ca marche. Le jeune couple de voisins s'enlace et s'embrasse. L'eau coule de nouveau au bar, en accompagnement de la musique. Bex met de l'animation en triturant le son de l'orgue Hammond. Ca s'apaise et me berce.

Aldo Romano enchaîne aux baguettes sur " All Blues " (Miles Davis). Le démarrage est surprenant mais c'est bien ce thème immarcescible qui surgit. L'orgue joue le rôle du piano, de la basse et de l'accompagnement de cuivres ( 3 en un! comme dit la réclame) alors que le guitariste est le soliste. Aldo Romano a un jeu moins carré que Jimmy Cobb, le batteur de la séance de 1959 et son dernier survivant. Superbe vibrato final du trio.

" La belle vie de Maurice ", une composition d'Emmanuel Bex dédié à Maurice Cullaz, Savoyard, critique de Jazz, que Louis Armstrong surnommait Smoothie. Bex commence seul avec son orgue, sa voix et son Vocoder. Mine de rien, une jolie mélodie se dégage de ce magma sonore. De la guitare sortent quelques notes qui ponctuent. Aldo arrive aux balais. Quelle délicieuse mélodie! Elle mériterait de devenir un standard. Ma voisine est partie dans un autre monde, ondulant au rythme de chaque coup de balai sur la batterie. Le trio finit en déployant la mélodie.

Une jolie ballade introduite par la guitare. Ca ressemble bigrement au trio Eddy Louiss/René Thomas/Bernard Lubat. Une attaque de la guitare et ça repart sur un air plus nerveux, plus carré aussi. Retour à la mélodie de départ pour conclure. C'était " December 26th" de Philip Catherine, joué le 27 décembre.

Voilà, c'est fini. Merci pour la musique.

En vidéo, pour illustrer cet article, ce même trio dans le même club à Paris le 2 janvier 2013.

La photographie d' Emmanuel Bex est l'oeuvre du Fiable Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.


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