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Osiris, mystères engloutis d’Egypte..

Publié le 04 janvier 2016 par Ratdemusee

Bonne année à tous les lecteurs du blog!

Après une petite pause toute bénéfique, le Rat de Musée est de retour pour vous parler de sa dernière escapade parisienne avec, en guest star, l’exposition Osiris au musée de l’Institut du Monde Arabe. Pour les individuels, l’entrée se fait par la « Faille », une porte quasi-dérobée sur le côté du bâtiment piqueté de moucharabiehs. Un couloir étroit, sorte de canyon aux parois hautes et lisses sur lesquels figurent quelques hiéroglyphes et personnages égyptiens, mène le visiteur jusqu’au sas de sécurité conditionnant l’accès ; un cheminement symbolique, presque in-utero, qui évoque celui du musée du Quai Branly et prépare en quelque sorte le visiteur à sa visite.

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Venu spécialement pour l’exposition qui se termine à la fin du mois janvier, le Rat s’est cependant promis de revenir découvrir les collections permanentes qui s’étendent sur 5 étages : un petit tour sur le site du musée en dévoile quelques richesses qui mettent en appétit.

En attendant, dès la file d’attente, l’accent est mis sur la communication : le musée a même exposé trois statues dans une grande vitrine au niveau du trottoir, pour attirer l’attention des badauds parisiens… au vu des chiffres que l’IMA commence à communiquer, je dirais que c’est une stratégie plutôt efficace. Malgré le prix plutôt prohibitif du billet, dans la logique « blockbuster » qu’on retrouve malheureusement de plus en plus souvent dans les grands musées, la foule se presse pour découvrir les vestiges exhumés au terme d’une dizaine d’années de fouilles sous-marines. J’en profite pour ouvrir une petite parenthèse ; ceux d’entre vous qui suivent le blog se souviennent peut-être de mes réponses au Liebster Awards (ici) dans lesquelles j’évoquais ma passion pour l’archéologie sous-marine, dont je voulais faire mon métier plus jeune. Inutile donc d’insister sur ma fascination pour le contexte des trouvailles de l’équipe de Franck Goddio!

L’œil du Rat :

Dès l’entrée, les choix scénographiques s’imposent assez naturellement : une ambiance tamisée à la limite de l’obscurité, un éclairage et des socles dont la couleur varie en fonction de la provenance (bleu pour les objets retrouvés pendant les fouilles, rouges pour les collections des musées égyptiens qui ont fait le voyage pour l’occasion…un choix facile mais pertinent), des items éclairés de préférence par en-dessous pour plus de théâtralité, et surtout, d’étroits écrans verticaux diffusant des plans sous-marins, pour un effet hublot/fond de l’océan/intro de « Titanic » finalement plutôt réussi.

La contextualisation est rapide : Osiris est un dieu aux grands pouvoirs, fils du Ciel (Nout) et de la Terre (Geb), et marié à sa sœur, Isis. Son frère Seth, à tête de chacal, le jalouse tant qu’il décide de le tuer et de le dépecer en morceaux. Isis part à la recherche du corps démembré de son époux divin et invente les rituels de la momification afin de le ramener à la vie, le temps de concevoir Horus, à tête d’aigle. Osiris prend place dans la cosmogonie égyptienne comme le Maître de l’Au-Delà, en l’honneur duquel sont célébrés tous les ans des « Mystères », cérémonies très codifiées glorifiant la puissance du dieu qui revint à la vie, et prenant place le long du Nil, le fleuve sacré associé à la fertilité.

Osiris, mystères engloutis d’Egypte..
Osiris, mystères engloutis d’Egypte..
Osiris, mystères engloutis d’Egypte..
Osiris, mystères engloutis d’Egypte..

L’exposition se concentre sur ces « Mystères » et les objets de culte qui leur sont associés, et qui ont pour la plupart été retrouvés sur deux sites aujourd’hui submergés, Thônis-Héracléion et Canope. Les fouilles sous-marines ont permis la découverte de certaines pièces exceptionnelles qui, une fois dégagées de leur gangue de limon et restaurées, ont considérablement enrichi les connaissances des chercheurs sur ces rites millénaires. On retrouve cette logique dans l’exposition, chaque objet servant d’illustration à une étape des « Mystères », qui duraient 21 jours. J’ai notamment retenu le rituel de l’Osiris végétant, statuette modelée en glaise ensemencée d’orge et de blé, et que l’on faisait germer dans un sarcophage de pierre, avant de la faire sécher au soleil et de l’emmailloter de bandelettes.

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Le visiteur retrouve cette fascination devant des pièces qui, bien qu’elles ne payent pas de mine pour certaines, évoquent des coutumes fantastiques et énigmatiques, chargées de spiritualité et d’interdits : ainsi, cette boîte en plomb, dont la matière fait barrage aux rayons X et que les scientifiques ont préféré ne pas ouvrir, préservant ainsi son secret…ou ce petit objet triangulaire unique en son genre, et dont l’usage reste inconnu.

Le + du Rat :

J’ai beaucoup aimé les explications sur les divisions du calendrier égyptien, commençant en été avec l’apparition de l’étoile Sirius (Sothis pour les Égyptiens) et divisée en 3 saisons de 4 mois : Akhet, la saison de l’inondation (de juillet à novembre), Péret, la saison de la germination (de novembre à mars) et Chémou, saison de la sécheresse (de mars à juillet).

Très intéressant aussi, les analogies entre dieux égyptiens, grecs et romains, et la réutilisation de la cosmogonie par plusieurs civilisations successives : ainsi Osiris devenant Dionysos chez les Grecs, puis Bacchus chez les Romains, ou Hamon se muant en Zeus, puis en Jupiter.

Seul petit bémol : j’aurais aimé en savoir encore plus sur les fouilles sous-marines, qui ne sont abordées que brièvement sur certains cartels et au travers d’une vidéo d’une dizaine de minutes.

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