Balayage d’exilés à République avant les commémorations…

Balayage d'exilés à République avant les commémorations des attentats... et la venue de François Hollande qui assistera dimanche prochain à l'hommage rendu place de la République, dans le centre de Paris, aux victimes des attaques meurtrières qui ont secoué la capitale française en janvier et novembre 2015. Pour cela, il fallait faire place nette et escamoter les réfugiés... Et oui : une centaine d'hommes épuisés qui survivent sur le bitume de la République, ça fait désordre...

Depuis l'expulsion du Lycée Jean Quarré transformé en squat d'accueil surpeuplés pour les réfugiés, les exclus de l'hébergement errent de République à Gare de l'Est espérant être à leur tout pris en charge.

Après la manif du 19 décembre, les vigiles ont empêché le retour de ceux qui campaient au pied de la copropriété Raoul Follereau... C'est donc à République que depuis ces hommes se rassemblaient, surtout en soirée et la nuit, pour se tenir " chaud ", exclusivement ravitaillés par les soutiens et les bénévoles associatifs qui s'efforçaient de les mettre au sec en dépit des interdictions policières de déployer tente ou banderole...

Dans notre pays où se mobiliseraient des milliers de personnes pour protéger chiens ou chats, on a laissé pendant des semaines des hommes crever de froid sous des couvertures humides... On les a laissés prendre le risque de s'endormir entortillés dans des bâches où ils risquaient l'asphyxie.

D'évacuation en évacuation, ponctuées par quelques hébergements et des contrôles d'identité, subitement ces derniers jours on leur a permis (traduisez on ne les a plus empêchés) de poser quelques tentes sur la place...

Tout ceux qui sont auprès d'eux jour après jour ont alors bien compris que ce calme temporaire précédait un " grand ménage " avant les commémorations médiatiques des attentats de 2015... Il fallait une fois encore les faire disparaître avant le passage d'Hollande et d'Hallyday... Tous espéraient qu'une mise à l'abri accompagnerait ce nettoyage cette évacuation.

Elle est intervenue ce matin...

Les hommes encore étourdis de leur énième nuit en plein air sont montés dans les bus... Pour une destination inconnue... Des pions qu'on place en fonction des cases vacantes sur l'échiquier de l'hébergement... De l'hébergement TEMPORAIRE... En route - après avoir quitté un pays en guerre et traversé la mer à bord d'un rafiot pourri - vers l'espoir encore bien lointain d'un avenir dans lequel se projeter...

Combien de temps allons nous tolérer que nos valeurs de Liberté, d'Égalité et de Fraternité soient ainsi foulées au pied de la statue de la République ?