Magazine Cinéma

L'enquete - 7,5/10

Par Aelezig

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Un film de Vincent Garenq (2015 - France) avec Gilles Lellouche, Charles Berling, Florence Loiret Caille, Laurent Capelluto

Passionnant. Et abominable illustration, encore une fois, des pouvoirs qui nous gouvernent...

L'histoire : Denis Robert est journaliste à Libé. Têtu, persévérant, passionné. Un peu trop. Ses éditoriaux sont parfois jugés un peu "accusateurs", risquant de choquer le politique. Alors un jour il claque la porte. Il va écrire des bouquins et n'aura plus besoin d'autorisation pour révéler ce qu'il trouve. Et il entame une enquête sur une affaire qu'il vient de débusquer : Clearstream. Une banque au Luxembourg qui semble blanchir l'argent de bien des opérations malsaines...

Mon avis : L'affaire Clearstream expliquée au bon peuple. Faut s'accrocher, car malgré un souci de clarté évident, c'est parfois un peu compliqué. Faut dire que ces messieurs les gros riches, les banquiers et les politiciens font preuve d'une perversité à toute épreuve pour planquer leurs petites magouilles. C'EST DEGOUTANT. Autant de cynisme et d'impudeur révulsent mon coeur bolchevique...

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D'autant que l'histoire, qui est vraie comme on le sait, n'est toujours pas totalement éclaircie : les frégates de Taïwan (c'est dingue ça... j'ai bossé sur ce dossier autrefois - au niveau assurance - j'étais loin de me douter qu'il y avait une petite bombe là-dedans !), la société Clearstream, les paradis fiscaux, tout se mélange, se croise, se recoupe dans un joyeux méli-mélo que même les juges les plus aguerris ont du mal à démêler... Et malgré (quelques) procès et semblants de législation, les vrais coupables arrivent toujours à étouffer leurs petites combines, en assassinant des gens par exemple, et en jouant avec les lois : non-rétroactivité, prescription... Ils connaissent toutes les ficelles ! Et quand on leur ferme une petite boîte de Pandore, ils en créent immédiatement une autre ailleurs, avec des prête-noms bien sûr ! 

Je me souviens (ça y est, vla Mémé qui radote) quand je travaillais dans la finance, mes patrons me faisaient suer à longueur de journée pour vérifier que mes clients n'étaient pas sur les listes noires (blanchiment, terrorisme...)... et j'ai découvert bien après qu'ils étaient eux-mêmes liés à des affaires plus que douteuses ! Mais à ce jour, ils portent toujours beau, et sont parmi les grands de ce monde. En ayant mis hors d'état de nuire quelques empêcheurs de tourner en rond. Saletés. 

D'ailleurs ces "listes noires" m'ont toujours bien fait rigoler. Section terrorisme par exemple : vous avez des dizaines de noms, dont Ben Laden à l'époque. Forcément. Et moi je disais à mes chefs en ricanant (vous pigez pourquoi je ne gardais pas mes jobs ? ah ah ah !) : "Parce que vous croyez que Ben Laden, s'il veut faire un crédit chez nous, va utiliser ce nom ? Salamalikoum Missieurs, Ji souis Ben Laden, ji voudrais ouvrir un compte chi vous."

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Denis Robert a obtenu gain de cause pour tous les procès en diffamation que lui a infligé Clearstream. OK. Mais Clearstream existe toujours... Et on n'a guère fait de progrès dans la disparition des paradis fiscaux. Aujourd'hui encore, des tas de multinationales hyper connues, et toutes sortes de stars bien-aimées des Français, ne paient pas d'impôts...

C'est quoi Clearstream ? D'abord une "chambre de compensation" internationale où les banques affiliées, de tous horizons, pouvaient faire, à l'abri du fisc (c'est au Luxembourg), leurs petits échanges : je te dois tant, je te paie avec une créance que j'ai chez machin ; tu me dois tant, tiens file-moi donc un peu d'actions que tu as chez bidule... Des gens qui jouent au Monopoly. Why not ? Sauf que, secret bancaire oblige, des créances sales (évasion fiscale, prostitution, crime, terrorisme...) y circulaient abondamment et en ressortaient saintes comme la Vierge Marie. Clairstream a ensuite obtenu sa licence bancaire. Elle appartient aujourd'hui au groupe Deutsche Börse. Je ne sais pas si elle est plus propre pour autant...

Quand on voit ce que les journalistes qui ont le culot de mettre le nez dans ces petites affaires risquent... que leur courage soit SANCTIFIE !

Anecdotes rigolotes : le Luxembourg, royal, n'a pas hésité à participé à la production (pour se donner bonne conscience ?) ; mais la France s'est fait priée, car l'histoire des frégates ne passe toujours pas très bien dans la gorge de certains... 

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Les critiques sont excellentes, on salue partout la tentative, réussie, de rester le plus compréhensible possible, malgré quelques petites zones où l'on ne pige pas tout, ainsi que la prestation de Lellouche. Les récalcitrants, peu nombreux, trouvent la sauce trop hollywoodienne. Et alors ? C'est quoi le problème ? Les spectateurs sont tout autant emballés, sauf ceux qui ont un peu décroché devant la complexité du sujet. On peut les comprendre.

Et voilà un film qui entre dans le Challenge, catégorie Basé sur des faits réels.


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