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Notre-Dame-des-Landes : l’heure des choix

Publié le 09 janvier 2016 par Blanchemanche
#NDDL

LE MONDE | 09.01.2016 | Par Rémi Barroux
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A une manifestation à Notre-Dame-des-Landes en septembre 2015.A une manifestation à Notre-Dame-des-Landes en septembre 2015. JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Le temps des décisions pour le gouvernement est venu. Soit il maintient le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) et entame le démarrage du chantier ainsi que le premier ministre Manuel Valls ne cesse de le proclamer depuis de longs mois. Soit il en suspend la construction, explore d’autres pistes pour le décollage et l’atterrissage des avions dans l’agglomération nantaise, comme le réclament les opposants qui professent « l’optimisation » de l’actuelle plate-forme aéroportuaire de Nantes-Atlantique.

Cette proposition d’une nouvelle expertise indépendante s’inscrivait au cœur de l’accord politique régional entre le PS et les écologistes, pour le deuxième tour des élections régionales en Pays de la Loire. C’est aussi la position de la ministre de l’écologie qui suggère, nouvelle démocratie environnementale oblige, de relancer des expertises pour ce projet qui date de plus de cinquante ans. Ségolène Royal n’a jamais caché ses doutes sur l’opportunité de construire dans le bocage nantais, sur 1 220 hectares de zone humide et de terres agricoles, ce nouvel aéroport.

L’affrontement semble inévitable

Cette méthode, chercher une alternative, a été utilisée dans le dossier du barrage de Sivens, dans le Tarn, alors que les affrontements entre opposants, occupant la vallée du Tescou, et les forces de l’ordre, s’étaient soldés par la mort d’un manifestant, Rémi Fraisse, tué par un gendarme mobile, le 26 octobre 2014.A Notre-Dame-des-Landes, l’affrontement semble aussi inévitable. Les militants écologistes et « anti-système », les agriculteurs qui occupent la ZAD, la zone d’aménagement différé devenue zone àdéfendre à l’été 2009, ne se laisseront pas aisément expulser. Alors qu’ils étaient quelques dizaines à Sivens, ils sont ici plusieurs centaines et comptent sur un fort mouvement de solidarité, au niveau régional comme national. Après des manifestations de plusieurs dizaines de milliers de personnes ces trois dernières années, les associations hostiles au projet d’aéroport remobilisent leurs sympathisants, samedi 9 janvier.Ils comptent encercler Nantes en défilant sur les périphériques au nord et au sud de la ville. Et protester contre d’éventuels arrêtés d’expulsions – celle des opposants historiques, onze maisons et quatre fermes représentant plus de 400 hectares de terres – qui pourraient être prononcés par le tribunal de grande instance de Nantes, le 13 janvier. Après les mesures d’expropriation déjà prises et les recours des opposants rejetés en juillet par la justice, un arrêté d’expulsion, s’il était appliqué, pourrait sonner le démarrage du chantier. Des travaux attendus par la région, la ville de Nantes, et réclamé de façon véhémente par le nouveau président de région Les Républicains, Bruno Retailleau. Sur ce point, droite et Parti socialiste sont à l’unisson.

Rupture avec l’électorat écologiste ?

Mais le gouvernement et le chef de l’Etat prendront-ils cette responsabilité ? A seize mois de l’élection présidentielle, la construction de ce nouvel aéroport signifierait la rupture avec l’électorat écologiste. Et ce, quelques semaines après la tenue de la conférence mondiale sur le climat, la COP21, qui s’est conclue, le 12 décembre, par l’accord de Paris, « universel », pour limiter le réchauffement climatique de la planète.Cependant, le report ou l’abandon du projet ne signifierait pas pour autant le retour au calme à Notre-Dame-des-Landes. Manuel Valls l’affirme, il faut « rétablir l’ordre républicain », ou « restaurer l’autorité de l’Etat », ainsi que le réclame M. Retailleau. Nombreux sont ceux qui, aéroport ou pas, veulent l’évacuation de la ZAD. Avant que toute intervention ne devienne impossible, parce qu’on ne peut pasdéménager certaines espèces protégées au printemps, François Hollande va devoir trancher. Prendre le risque politique et militaire d’une intervention des gendarmes dans le bocage. Ou faire mentir son premier ministre, en ouvrant une nouvelle concertation sur un projet arrêté de longue date.@remibx[email protected]
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