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Un arbitrage de seconde zone

Publié le 10 janvier 2016 par Morduedetheatre @_MDT_

AFF-LA-MEDIATION

Critique de La Médiation de Chloé Lambert, vue le 9 janvier 2016 au Théâtre de Poche-Montparnasse
Avec Julien Boisselier, Raphaëline Goupilleau, Chloé Lambert, et Ophelia Kolb, dans une mise en scène de Julien Boisselier

Il y a un type d’acteurs un peu à part, en général de ces acteurs ayant une voix particulière, dont le timbre reste en nous longtemps après un spectacle, et qui pourraient lire le bottin sur scène qu’on en resterait tout aussi passionnés. Je sais que ce n’est pas le plus beau compliment qu’on puisse faire à un acteur, mais en tant que spectatrice, cela reste un compliment dans ma bouche, ou plutôt sous ma plume. Parvenir à faire d’un texte vide un moment sympathique est une prouesse, et c’est la raison pour laquelle je salue bien bas Julien Boisselier et Raphaëline Goupilleau, qui font de La Médiation un moment sinon agréable, du moins amusant.

La médiation, c’est l’histoire d’un couple qui ne peut plus dialoguer, et qui a donc recourt à des professionnels pour aboutir à un accord sur l’éducation de leur fils. Pierre et Anna sont séparés depuis 2 ans déjà, et Archimède leur fils a 3 ans. Il est paléontologue, elle est styliste. C’est un adolescent attardé, elle est psychorigide. Nous allons donc assister à leurs débats, leurs disputes, leurs confrontations que tenteront d’apaiser Isabelle et Jeanne, les médiatrices. Voilà un sujet qui me paraît peu théâtral, on sent le risque d’une trame dramatique faible, mais après tout pourquoi pas.

Mieux vaut ne pas lire avant la note d’intention de l’auteur. Elle risquerait d’en décourager certains, de donner de mauvais a priori à d’autres. Mais elle m’a fait tellement rire après coup que je ne peux que retranscrire ici un court extrait de ce texte : « Une réalité de la vie m’a toujours surprise : le retentissement dans notre intimité de la découverte de la vie des autres. Comme un effet mécanique et tout émotif, comme une poussée d’Archimède qui nous relie de manière invisible les uns aux autres. » Voici donc la raison pour laquelle cet enfant a un nom si ridicule. Seulement voilà – pardon pour ce petit intermède « je suis en école d’ingénieur » – mais cette phrase n’a pas de sens scientifique. Une poussée d’Archimède ne relie rien, c’est simplement une force qui s’oppose au poids. Voilà voilà.

A lire cette critique, on pourrait croire que je n’ai pas aimé le spectacle. Or il n’en est rien : j’ai plutôt passé un bon moment ; en tout cas je ne me suis pas ennuyée. Je remercie pour cela deux acteurs prodigieux, Raphaëline Goupilleau et Julien Boisselier. Je la connais depuis un bout de temps déjà, et je pense que je ne pourrais pas détester un spectacle dans lequel elle jouerait. Par sa présence, par sa voix, par son rythme, par ses répliques magiques, je ne peux que passer un bon moment lorsqu’elle est sur scène. De même pour lui, qui a un jeu, une gestuelle, et une voix si particuliers : pour cette deuxième fois où je le vois sur scène, il parvient encore à m’étonner, à me surprendre et à m’intéresser. Il arrive à donner une contenance à un personnage qui n’a pas d’âme, ce qui est une véritable prouesse. Chapeau bas.

Mais dès qu’ils sortent de scène – heureusement rarement – je comprends que ce texte n’est pas grand chose. Tout particulièrement lors de la scène finale, quand Ophelia Kolb est seule sur scène avec un monologue vide et un jeu pauvre, je suis presque gênée. Le texte est digne de magazines féminins, empilant les clichés et les phrases mal construites. Dois-je encore mentionner cet accord oublié, choquant, « des tendresses qu’on n’a pas compris » (ou quelque chose dans ce goût-là). Brrrh.

Ça doit être mon côté « magazine féminin ». 



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