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L'empire de nos vies - Philippe Josserand

Publié le 11 juin 2008 par Ephemerveille

Le Lyonnais Philippe Josserand a publié, il y a deux ans, son premier roman, L'empire de nos vies, aux éditions Jacques André.

Rocky est le narrateur de L'empire de nos vies sont les meilleurs amis du monde. A la vie à la mort. Pourtant, rien ne prédestinait cette longue amitié. Jeune garçon réservé et craintif, le narrateur renconte Rocky, un enfant de la banlieue issu d'une famille nombreuse à laquelle le

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relateur de ce roman aime à se mêler. En effet, il trouve au sein de la chaleureuse smala de cette petite frappe la tendresse que son père, veuf, ne lui donne pas.

Devenus amis sur les bancs d'école, malgré qu'ils se soient toujours évité, les deux jeunes gens scellent leur amitié autour des images de la belle Marilyn Monroe que Rocky découvre grâce à l'exposé que son nouvel ami avait consacré à l'actrice. Ils se mettent donc à regarder inlassablement ses films, voguant dans une rêverie qui renforcera leur lien, malgré que le narrateur se rende compte des limites de cette errance onirique, mettant en garde son acolyte. "Je t'ai donné le virus du rêve. En cela, j'ai une responsabilité dans ton égarment vers un semblant de folie, dans ta dérive des sentiments. Plus d'emprise sur le réel." Mais la moindre idée de projection dans le futur, de construction même approximative et floue d'un avenir, d'une "vie d'adulte", semble effrayer plus que tout les deux protagonistes de ce roman qui préfèrent flâner et prolonger leur adolescence, désireux de se préserver de ce qui serait un éveil à la maturité et donc, à une réalité dont ils souhaitent à tout prix se tenir à distance. Tombés amoureux de deux jumelles de bonne famille, lunatiques et espiègles, ils se mettent enfin à échafauder quelques projets. Mais, aveuglés par la passion et la fougue de leur jeune âge, ils ne pensent qu'à atteindre une utopie amoureuse, choisissant pour cadre de leur thébaïde une maison blanche appartenant aux riches parents des jumelles.

S'étant sérieusement amourachés de ces deux jouvencelles, le narrateur et Rocky réalisent davantage leur total décalage par rapport à la société. "A part aimer les jumelles, nous ne savions pas quoi faire de notre futur." Leur vie de bohème tranche avec celle, planifiée, scolaire et rangée, des jumelles qui restent éloignées de leurs amants durant la semaine, logeant à proximité du lycée dans lequel elles étudient assidûment. Contraints de mettre la main à la pâte pour faire tourner leur atypique ménage, ils se mettent donc à travailler, à l'usine ou ailleurs, employés temporairement et vivotant, heureux de recevoir parfois une petite aide parentale.

Il y a bien quelque chose d'impérial dans cet empire de vies dilettantes, ivres de bonheur et de baisers, à vouloir ardemment vivre dans la félicité la plus parfaite. Après les malheurs, l'affliction, une envie de marginalité, pour s'extraire du fracas et de la démesure du monde afin de vivre dans une lumineuse simplicité, faite de nuits d'amour et de chansons. Mais cette quiétude a-t-elle un prix ? Peut-on vivre allégrement sans se soucier de cet univers qui bouillonne autour de soi ? Combien de temps ? ...

Dans cette longue adresse attendrie du narrateur à Rocky, bougre attachant par sa maladresse et sa frénésie, Philippe Josserand brosse le portrait de deux personnages en quête d'un idéal naïf et empreint d'une tendre candeur, faisant néanmoins planer avec un certain brio une ombre délétère, la possibilité d'un orage qui pourrait déchirer, en une fraction de seconde, un ciel étoilé de rêves.


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