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Agent de voyage, quel avenir?

Publié le 11 janvier 2016 par Fouzi53 @fouzi53

Avenir

Une récente ordonnance publiée au journal Officiel français, et émanant du secrétariat d’état chargé de la réforme de l’état et de la simplification, vient tout simplement de réduire les critères requis pour exercer le métier d’agent de voyage. En effet, il n’est plus demandé de disposer d’un certain niveau de formation avec un diplôme ou de justifier d’une expérience professionnelle dans le métier. A partir du 1er janvier 2016, il suffit de disposer d’une couverture en assurance responsabilité civile professionnelle et d’obtenir une garantie financière.

D’après un article de Tourmag, cette mesure ne fait pas vraiment de vagues au sein du SNAV, qui semble néanmoins surpris par la brutalité d’exécution d’une directive européenne.

Chez nous, le Ministère du Tourisme est en train de plancher sur un projet de loi depuis 2007, pour libéraliser la profession et l’ouvrir en tenant compte des évolutions qu’à connu le secteur de la distribution en général et celui des voyages en particulier.

En effet, l’arrivée des agences en ligne a complétement changé la donne, la prédominance d’internet ainsi que le changement du mode de consommation des voyages, nécessitent une refonte des textes de lois qui régissent notre profession.

Les agences de voyages marocaines sont régies par la loi 31/96. Elle date de 20 ans, et répondait sûrement à des problématiques de l’époque, mais aujourd’hui, elle est obsolète, difficilement applicable et souvent transgressée sous prétexte de son mutisme face à des situations données.

L’arrivée de nouveaux canaux de distribution, notamment les sites de deals, les ventes groupées, les sites collaboratifs, les booking.com, Expedia et autres nouveautés, n’ont trouvé aucune résistance à pénétrer nos marchés et la loi actuelle est complètement incapable de gérer cette situation qui ne fait que paupériser le tissus des voyagistes, et par là toute la chaine de valeur touristique : Guides, hôteliers, transporteurs, restaurateurs et loueurs de voitures.

Face à cette situation, la réaction du secteur est quasi nulle si on excepte les soubresauts de quelques associations professionnelles, qui essayent de se dépêtrer tant bien que mal, mais sans réels résultats face à un rouleau compresseur, bien organisé, financièrement structuré et qui a déjà pratiquement investit tous les marchés.

Je soupçonne que la prochaine loi se penchera beaucoup plus sur la défense du consommateur, essayera de garantir un équilibre dans le cadre de la compétitivité des acteurs mais ouvrira l’accès à la profession en utilisant la même approche que ce qui a été fait en France : Garantie financière et assurance RCP.

Sauf que le Maroc n’est pas la France, et que les agences de voyages marocaines ne ressemblent en rien aux agences de voyages de l’hexagone. Rien ne les prépare à de tels changements d’autant plus qu’il n’y a aucune information sur le sujet et cela ne pourra pas être reproché à l’administration de tutelle, en l’occurrence la Direction de la Réglementation du Développement et de la Qualité.( DRDQ)

En effet, cette dernière a invité à plusieurs reprises, les instances représentatives à des réunions de partage sur ce projet de Loi sans vraiment recevoir l’écho auquel elle pouvait s’attendre. Seule une poignée de professionnels, dont je fais partie, se sont rendus à ces réunions, qui tout en étant conscients que la loi doit évoluer, ne sont pas réellement convaincus que ce vers quoi on se dirige, serait de nature à améliorer la condition de l’agent de voyage.

Il y a bien entendu des mécanismes d’appui aux entreprises touristiques sous forme d’accompagnements tel que « Moussanada Siyahia », mais la manière dont ils sont proposés ainsi que leur mise en œuvre restent très en deçà de ce que peuvent attendre les professionnels. La solution n’est pas vraiment le financement, mais la formation aux nouveaux métiers du voyage. En clair comment passer d’une gestion classique à une gestion numerique? Comment transformer des agences réceptives en des startup du voyage connectées façon web3.0 ?

J’ai lu avec beaucoup d’intérêt le rapport moral de la FNAVM pour la période 2012-2015, j’ai également épluché l’ensemble des PV des réunions tenues durant la même période par le conseil d’administration de la FNAVM qui est constitué par les représentants de 11 associations régionales. Mis à part la problématique du tourisme religieux, en l’occurrence le Hadj et la Omra, il n’y a aucune allusion au tourisme qu’il soit réceptif ou interne et encore moins à la future loi. Comment peut on être autiste à ce point et ignorer les valeurs du métier et son implication dans le développement du tourisme national ?

Certes, le tourisme religieux est important, il permet à un grand nombre d’agences de subsister mais il ne doit pas occuper toute la place au détriment des autres chantiers structurants. Ma remarque concerne également la tutelle qui a été à son tour happée par le pèlerinage au point de lui dédier une cellule à plein temps et tout au long de l’année. Et toute la relation qui lie aujourd’hui le Ministère à la FNAVM, n’est basée que sur la gestion du dossier Hadj.

Alors quid des autres agences qui interviennent dans le tourisme nature, le tourisme MICE, le tourisme réceptif, le tourisme interne, le tourisme des croisières et le tourisme out going ? Elles sont livrées à elles mêmes, faisant face seules aux crises conjoncturelles que connaît le secteur, sans véritable porte voix pour défendre leur cause à l’échelon local ou à l’échelon national.

Depuis la mise en ligne de ce blog, je n’ai cessé de militer pour une restructuration de FNAVM, pour quelle soit impliquée, responsable, représentative et force de proposition. En l’état actuel, quelque soit la personne qui aura la charge de présider à son destin, elle se heurtera aux forces d’inertie qui constituent la majorité et qui sont hermétiquement clos à tout changement, à toute restructuration et à toute réforme.

Sans une véritable révolution qui passe par l’intégration des élites, le rajeunissement et la féminisation des instances dirigeantes je ne pense pas qu’il y est un avenir pour la profession d’agent de voyage.


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