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Rattrapage automnal anglais: Jekyll and Hyde (2015)

Publié le 11 janvier 2016 par Jfcd @enseriestv

Jekyll and Hyde est une nouvelle série de dix épisodes qui a été diffusée sur les ondes d’ITV en Angleterre à partir de la fin octobre et depuis le 11 janvier sur à CBC au Canada. L’action nous transporte dans les années 30 dans la ville de Ceylon au Sri Lanka où opère le Dr Robert Jekyll (Tom Bateman), qui très tôt dans sa jeunesse a été adopté par un couple, les Najaran. Un jour des patients sont blessés à même l’hôpital où il travaille, ce qui provoque en lui une force surhumaine qui lui permettra de sauver des victimes. Rapportée par les médias, la nouvelle a vite fait de voyager à travers le monde, ce qui met la puce à l’oreille au notaire Maxwell Utterson (Christian McKay), qui était justement à la recherche de l’héritier DU Dr Jekyll qui était en fait le grand-père de Robert. Dès lors, le médecin se rend à Londres pour toucher son pactole, mais aussi pour en apprendre davantage sur ses (horribles) origines. Drame fantastique par excellence, Jekyll and Hyde nous amène dans un univers fascinant et plein de surprises tout en nous proposant une ligne narrative intrigante. En bref, tout ce que Jonathan Strange and Mr Norrell n’a pas réussi à faire au printemps dernier. Seule ombre au tableau : ITV a manifestement sous-estimé son public en termes de maturité.

Rattrapage automnal anglais: Jekyll and Hyde (2015)

Intéressante récupération

Si jusqu’ici Robert a vécu une existence relativement normale, c’est en partie grâce aux médicaments fournis par son père adoptif qui avaient pour effet d’atténuer ses « sautes d’humeur ». Par contre, lorsqu’il arrive à Londres, ses fameuses pilules ont disparu et en gros, dès qu’il vit une émotion intense (désir, colère, etc.), sa force décuple et il devient extrêmement désagréable. Ce n’est nul autre qu’un agent du MI6, de la division des « supernatural threats » qui est à l’origine de ce vol. Le but : que Robert Jekyll en attirant l’attention sur lui serve d’appât au capitaine Dance (Enzo Clienti). Doté lui aussi de pouvoirs maléfiques, il est à la tête de la Tenebrae : une organisation regroupant plusieurs créatures monstrueuses, toutes en son pouvoir. Pour des raisons que l’on ignore, Dance tient absolument à retrouver Robert et est prêt à tout : pour preuve, il tue ses parents adoptifs dans le premier épisode et se mord les doigts quand il apprend que le fils naturel de ceux-ci, Ravi (Michael Karim) a réussi à s’échapper et qu’il cherche à se rendre à Londres pour mettre en garde son demi-frère. Entre-temps, le principal intéressé en apprend davantage sur son passé, notamment en côtoyant Garson (Donald Bentall), l’ancien valet de son grand-père ainsi que Maggie Hope (Sinéad Cusak)… sa grand-mère qui est toujours en vie.

La seconde moitié du XIX, nous a donné quelques chefs-d’œuvre en littérature où les auteurs s’amusaient manifestement à s’écarter le plus possible de cette ère victorienne, très sobre et pudique en écrivant de fascinants romans d’horreur ou de fantastique. Parmi les plus populaires, on pense bien évidemment à Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde et L’Étrange cas du docteur Jekyll et de M. Hyde de Robert Louis Stevenson; tous deux similaires dans le sens qu’on a affaire à un protagoniste à la personnalité double : une bonne et une mauvaise. Cette dichotomie, on l’a exploitée dernièrement dans South of Hell de WE tv qui jouait aussi sur ce concept du bon et du mauvais, mais avec des pattes d’éléphant, alors qu’à l’opposé, on a efficacement récupéré l’essence du roman dans Jekyll and Hyde, notamment dans la mise en scène. En effet, bien que l’action se déroule deux générations plus loin, soit, dans les années 30, on retrouve cette même ambiance inquiétante du style films noirs, typique de l’image que l’on se fait de Londres dans le passé avec ses sombres recoins et noyée dans le brouillard.

Rattrapage automnal anglais: Jekyll and Hyde (2015)

Du côté du Royaume-Uni, lorsqu’on entame la nouveauté d’ITV on pense immédiatement à la comparer à Jonathan Strange and Mr Norrell de BBC One diffusée plus tôt cette année où s’entremêlaient horreur et fantastique. Seulement, cette dernière est complètement passée à côté de son sujet, notamment en n’exploitant pas assez le contexte historique sur lequel pourtant elle s’appuyait, mais aussi en ne réussissant pas à nous offrir une ligne directrice claire. Avec Jekyll and Hyde, on a atteint un bon équilibre entre la quête introspective du protagoniste, le volet enquête/poursuite incluant le MI6 et le capitaine Dance en plus de la trame exploitant les éléments surnaturels et horrifiques que l’on identifie justement à l’œuvre de Stevenson… sur ce dernier aspect, c’était peut-être même un peu trop convainquant.

Plusieurs mécontents

Au lendemain de la diffusion du premier épisode, ce n’est pas tant la qualité artistique de la série ou son sujet qui ont retenu l’attention médiatique, mais bien l’heure à laquelle il a été diffusé : 18 h 30. Par la suite, la chaîne a reçu 280 plaintes de la part des téléspectateurs et presque autant à l’Ofcom, l’autorité régulatrice des télécommunications au Royaume-Uni (l’équivalent du CSA en France et du CRTC au Canada) qui a par ailleurs ouvert une enquête. On reprochait surtout à l’épisode son degré de violence et d’effroi qui selon plusieurs, ne devait en aucun cas être diffusé avant la plage d’heure tardive : 21 heures. Dans un article de la BBC, on a droit à quelques-uns des commentaires les plus virulents, d’un côté comme de l’autre. Jekyll and Hyde ne s’adresse visiblement pas à un jeune public, ce qui est d’ailleurs spécifié si l’on veut regarder les épisodes en ligne sur le site de la chaîne. À l’opposé ici, on ne tombe pas non plus dans le gore trash que l’on pouvait retrouver par exemple dans Penny Dreadful de Showtime et Sky Atlantic. Il n’est jamais simple de définir le parfait consensus social et pour le moment, on attend toujours les conclusions de l’Ofcom.

Rattrapage automnal anglais: Jekyll and Hyde (2015)

Jekyll and Hyde a néanmoins connu un bon départ avec 3,4 millions de téléspectateurs, se classant au 18e rang de la chaîne dans les données de la semaine du 19 au 25 octobre. La semaine suivante, ce nombre dégringolait à 2,56 pour le 28e rang et pour les épisodes restants, plus de traces de l’émission dans le top 30 hebdomadaire. On ignore pour le moment s’il y aura une suite, mais toujours est-il qu’ITV lorgnait vers l’international avec cette nouveauté et que le scénariste Charlie Higson a déjà élaboré une ébauche s’étirant sur au moins trois saisons.


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