Dessin paru dans le Charlie Hebdo du mercredi 13 janvier
Le souci de Charlie Hebdo, ce ne sont pas ses dessins. Ils ont toujours été comme ça, caustiques, iconoclastes, pas normés. Non, le souci, c'est le nouveau lectorat du magazine, sa nouvelle visibilité. Quand on devient mainstream, les codes changent du tout au tout. Tant que Charlie Hebdo était dans sa niche anar, underground, enfant de Hara Kiri, Bête et Méchant, on était dans une grille de lecture bien ciblée. Personne d'autre que les vieux habitués allaient taper des barres avec les dessins. Maintenant, tout est guetté, soupesé, jugé, jaugé, critiqué, décortiqué. Ce n'est plus un dessin dans une constellation, c'est un emblème.
Le dilemme est ingrat. Soit Charlie Hebdo continue avec des tirages énormes et donc va être obligé tôt ou tard de gommer peu à peu ses aspérités, suivre une courbe à la Libé. Soit il se condamne à des levées de bouclier continuelles, usantes et exaspérantes pour cautionner le moindre dessin.
Admettons que je poste ce dessin sur mon mur Facebook, j'aurais direct au moins 10 unfollows et des commentaires bien désogligeants. Le même dessin posté sur un forum de BD par exemple passera sans problèmes. On y connaît Riss, On ne va pas le juger que sur un dessin. On va recadrer ça dans la mouvance Charlie avec des connotations historiques et basta.
L'humour décidément ne se partage pas n'importe comment avec n'importe qui.
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble