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Harry Potter à l’école de la philosophie

Par Neodandy @Mr_Esthete

Note Ecole de la Philosophie Editions Ellipses

Après sept tomes, huit films, plusieurs ouvrages extraits des longs-métrages et des romans (Le quidditch à travers les âges, Les animaux fantastiques …) comment ne pas admettre qu’Harry Potter existe aujourd’hui en tant qu’univers littéraire ? Sous cet angle, l’auteure Marianne Chaillan rédigeait Harry Potter à l’école de la philosophie en 2013 : si univers cohérent il y a, il convient d’en soulever son succès critique et son (ses) modes de fonctionnement et/ou de pensées. L’étude a été rééditée en Décembre 2015 aux éditions Ellipses, à quasi une année d’écart du prochain film Harry Potter : Les animaux fantastiques.

Son format poche et ses quelques 280 pages le rapproche d’un guide de survie au pays de la magie : avec la pédagogie d’un enseignant bienveillant, Harry Potter à l’école de la philosophie utilise un univers mondialement connu pour débuter et/ou prolonger notre année lycéenne à la philosophie. Le tout repose sur une multitude d’exemples, de citations et de passages issus des diverses adaptations cinématographiques.

Eveil passionnant.

Marianne Chaillan Auteur Avis

Ses 280 pages environ se parcourent très rapidement. La police étant assez importante, comptez sur une taille réelle de 140 pages de lecture en réalité.

Créer des parallèles entre le succès littéraire de J.K. Rowling (Auteure d’Harry Potter) et la philosophie efface deux appréhensions : d’une part, celle d’une saga pensée « enfantine », d’autre part, celle d’une matière envisagée comme obscure, inaccessible sans divagations, une sorte de magie noire à brandir le temps d’un baccalauréat et éventuellement afin de briller lors d’une conversation. La passion de Marianne Chaillan pour les deux domaines contribue à rendre chaque démonstration convaincante : la répétition de certaines citations (Harry Potter à l’école des Sorciers, à propos du meurtre des licornes ou du miroir du Risèd.) irait même jusqu’à une ressemblance non envisagée par J.K. Rowling et des coïncidences heureuses.

L’accessibilité de la lecture floute la frontière de l’inspiration : ce n’est pas un cours de philosophie impersonnel qui nous parle d’Harry Potter et son phénomène mais bien plus un nouvel angle de lecture à même de donner une seconde nature à la bonhomie d’Harry et ses compagnons. Le bienfait se double à la fois d’une envie de (re)découvrir les romans et de (ré)actualiser l’intérêt de la philosophie : l’utiliser, si possible au quotidien, en comprenant et en s’imprégnant d’un éventuel enseignement à prendre en bagage.

Passionnant, l’entièreté de l’ouvrage décrypte la réussite de J.K. Rowling. Dans les différentes remarques, le fond d’Harry Potter lorgne indéniablement du côté de la fiction, quasi du mythe et tend un miroir finalement passionnant. Aux plus jeunes comme aux plus âges, ce qui a fait sa force dans les librairies …

La propédeutique et la révision de nos classiques.

Oeuvres Marianne Chaillan

Sur un thème semblable, Game of Thrones : La Métaphysique des meurtres est à paraître le 25 Janvier 2016 prochain !

En guise de qualité, réversible en défaut, Harry Potter à l’école de la philosophie s’adresse à tous en raison de sa tonalité scolaire : chaque chapitre nous ramène à un cours d’initiation au monde vivant d’Harry et à notre première année appliquée en philosophie. (La « propédeutique » désignant une première année en classes de lettres et, de manière généralement, une « année d’enseignement ».) Le contenu n’y est ni simplifié ni amoindri : au bord d’illustrations, le développement se parsème de rappels narratifs (Ou d’excellentes mises en contexte pour les néophytes.) guidés par un aboutissement : détenir un aperçu voire apprécier Harry Potter (Selon des passages choisis.) au prisme de ses inspirations philosophiques. Après interprétation, la saga littéraire de J.K. Rowling se confond à un lot de références capable de justifier sa richesse.

« Harry ne raisonne pas, il n’envisage pas les conséquences de son action. » (Harry Potter à l’école de la philosophie, p. 181)

Un détour pertinent et constant s’intéresse aux portraits qui émaillent les sept tomes d’Harry Potter en tenant compte de leurs gestes, de leurs pensées, de leurs tirades, pour voir s’il n’y a pas une once d’enseignement derrière les traits d’un certain Severus Rogue. Du respectable et sage Albus Perceval Dumbledore. Du vil et en apparence insensé Voldemort. L’un des talents de Marianne Chaillan consiste à mettre des mots derrière des visages, des impressions ressenties en lecture sans forcément relier différents fragments dotés de sens entre eux.

Faire de la philosophie Harry Potter

La première partie se consacre à établir des ressemblances. Toutes ne vous paraîtront pas nécessaires (Question de point de vue.) : elles ont le mérite d’être convaincantes et bien illustrées. (Citations des philosophes ou des courants de pensée concernés et passages annotés des livres ou films.)

Au fond, le chapitre I est une interrogation double : qu’est-ce qui structure (Ou nous semble structurer.) « l’esprit » d’Harry Potter ? La réponse se distille selon des thèmes bien définis afin de (re)voir, (ré)apprendre, (re)lire Harry Potter à travers des motifs classiques de la philosophie : l’âme et le corps, le manque, la liberté, la distinction entre le réel et la fiction, le vrai et le faux

Le conte face à la mort.

Contenu Philosophie Harry Potter

La seconde partie dévoile une pensée à la fois immédiate, parlante et pertinente pour découvrir l’intégralité d’Harry Potter sous un nouvel angle.

Le deuxième chapitre s’intéresse à déceler la thèse sur laquelle Harry Potter se fonde. Se parcourt de l’incipit du Tome 1 jusqu’à l’épilogue du Tome 7. Pour Marianne Chaillan, la mort rythme toute la vie de l’oeuvre en devenant elle-même un memento mori. En toute clarté et avec efficacité, une caractéristique (Probablement parmi d’autres.) permet de comprendre un nombre maximal de personnages et de déterminer leurs spécificités face à cette thématique.

« Harry Potter cesse d’être un livre joyeux pour enfants : la mort envahit progressivement une saga qui s’ouvrait tout de même sur un double assassinat – quoiqu’il ne soit pas montré. » (Harry Potter à l’école de la philosophie, p. 189)

Ce fil rouge forme un tenant séduisant : celui qui apparaît immédiatement dans le tome 1, le plus accessible, plus universel, le plus compréhensible, le plus sensé. (Malgré l’abondance de magie, quasi rien n’empêche cette finitude.) Ce choix dégage des réactions différentes qui éclairent alors une thématique en tout point fantomatique. La galerie des portraits, massive, gagne en profondeur : sans superficialité, l’auteure parvient à induire un gain de sens réel. Il se manifeste en comblant ce qui n’est pas décrit dans les romans pour des raisons morales ou implicites ni annoncé par les acteurs.

Livre Philosophie Harry Potter

Harry Potter à l’école de la philosophie acquiert, en un sens, un rôle de porte-parole du principe de philo-ciné (Romans et films étant perçus comme complémentaires dans l’ouvrage.) avec une limpidité agréable. L’impression de réviser de grands principes ou thèmes philosophiques s’avère nécessaire tout en cheminant dans le but d’être une oeuvre pour tous. Ses 280 pages au format poche ont tout d’un prestige : l’illusion gagne du sens au fil des explications et nous entraîne dans une relecture accessible du magicien-héros créé par J.K. Rowling.


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