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Randonneurs amateurs, perdu entre philo et humour, Kwapis s’égare

Par Rémy Boeringer @eltcherillo

Randonneurs amateurs, perdu entre philo et humour, Kwapis s’égare

Randonneurs amateurs, le dernier film de Ken Kwapis, inspiré du livre éponyme de Bill Bryson, hormis celui de réunir deux vieilles têtes d’affiches capable de faire venir sur leur seul nom les fans de film romantique et ceux du cinéma d’action des années 80, à savoir Robert Redford et Nick Nolte, ne remplit guère son contrat. Épopée de deux vieillards dans les Appalaches, le long-métrage peine à rendre notre la beauté des paysages, s’égare malencontreusement sur des sentiers pseudo-philosophique et échoue même à rendre l’aspect comique de la situation.

Bill Bryson (Robert Redford), un écrivain célèbre qui a beaucoup écrit sur ses voyages à l’étranger, s’ennuie un tantinet. Un matin, comme une révélation, après avoir assisté à l’enterrement d’un ami, il décide de se lancer dans l’ascension des Appalaches, recherchant l’aventure près de chez lui. Pour ce périple de 3510 kilomètres, il contacte tous ses vieux amis de vadrouilles. Seul Stephen Katz (Nick Nolte que l’on a vu dans Noé), un vieux roublard alcoolique répond favorablement. Ce qui n’est pas pour rassurer Catherine (Emma Thompson), sa femme.

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Catherine (Emma Thompson) et Bill (Robert Redford)

Poussif est le mot qui nous vient instantanément à l’esprit. Randonneurs amateurs est aussi poussif que l’image de grabataire que l’on voudrait nous donner des deux icônes du cinéma mis en scène. Bien sur, ils ont un âge certain désormais et ne peuvent plus jouer les jeunes beaux ni les héros. Il pourrait même être à la fois drôle et attendrissant de les mettre en défaut de leur représentation populaire. Malheureusement, on est toujours dans le trop peu dans le film de Kwapis. Pour commencer, la mise en situation est extrêmement lente. Pour se décider et convaincre sa femme, Bill Bryson semble évoluer dans une maison de retraite. À proprement parler, on a l’impression que le couple se regarde mourir, on est pas loin de Bergman et nous aussi, en conséquent, mourront à petit feu installés confortablement dans notre fauteuil. Lorsque l’aventure débute enfin, nous ne sommes pas pour autant sorti de l’ennui. Les petites blagues discrètes parsemant le récit ne permettent pas de lui donner du rythme. On assiste avec tristesse aux pérégrinations des deux artistes censés nous faire rire en trébuchant régulièrement, en se tapant sur des branches d’arbres, en tombant à l’eau. Seulement, n’est pas Ben Stiller ou Owen Wilson qui le veut.

Randonneurs amateurs, perdu entre philo et humour, Kwapis s’égare

Bill (Robert Redford), Stephen (Nick Nolte) et deux jeunes randonneurs (Derek Krantz et Andrew Vogel)

Totalement à côté de leur registre, les deux acteurs sont à côté de la plaque. On sent bien la prétention comique de Randonneurs amateurs mais jamais celle-ci ne réussit. D’un autre côté, le long-métrage aurait pu jouer à fond la carte de l’introspection. La situation scénaristique eut été parfaite pour que les protagonistes dissertent du sens de la vie. Seulement, n’est pas Woody Allen qui veut. Les dialogues affligeant de banalité se font, en plus, le reflet d’une condescendance bornée de l’intellectuel sur le manuel. Pendant que Bill Bryson bavasse sur le retour à la nature et étale sa culture comme de la confiture, Stephen Katz est l’archétype du beauf un brin misogyne et vulgaire, essentiel pour faire briller le premier. On aimerait que Bryson élève Stephen a d’autres considérations, seulement l’essentiel de son comportement est dans la critique peu constructive. Enfin, et non des moindres problèmes, ce qui aurait pu sublimer un tel film, à savoir les paysages magnifiques des Appalaches, nous ont laissés de marbre. Sûrement la faute à une réalisation au ras du sol, suivant les personnages sans prend suffisamment le temps de nous faire profitez des grands espaces et à une photographie quelconque.

Randonneurs amateurs, perdu entre philo et humour, Kwapis s’égare

Bill (Robert Redford) et Stephen (Nick Nolte)

On attendait tellement mieux d’une rencontre entre ces deux monstres sacrés d’Hollywood. Kwapis en lorgnant vers trop de registre ne donne de force à aucun d’entre eux, laissant une impression d’inachevé constante. Randonneurs amateurs s’égare sur des sentiers visiblement trop ardus.

Boeringer Rémy

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