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Serge Gainsbourg - L'Homme a Tête de Chou

Publié le 17 novembre 2015 par Oreilles
Serge Gainsbourg - L'Homme a Tête de ChouParfois il peut s'avérer utile de démystifier un artiste fût il grand. Moins pour l'exercice de style (en plus, s'attaquer à un monstre pareil...) que pour rappeler certaines vérités. 
Parce que l'ensemble de son oeuvre est colossale même si elle ne comporte guère que 16 albums en quasi un demi-siècle (mais tant de side-projects,, de collaborations), parce que le grand Serge demeure l'un des rares frenchies pris au sérieux outre-Manche et outre-Atlantique, et que son influence peut s'entendre à peu près partout, on a tendance à manquer d'objectivité avec lui : Gainsbourg, le Zidane de la pop, de la chanson d'ici ( et sans le coup de boule ni les collusions occultes avec le Qatar qui plus est), a été déifié jusqu'à écoeurement : Que peut-on retenir de notre vache sacrée ?
D'abord, une chanson à texte désabusée, extrêmement bien écrite et teintée de jazz et de bossa durant la première décennie '1958-1968,) ; avant que de s'attaquer à la pop. De Gainsbourg, le grand public retiendra volontiers les indispensables hits yé yé, les collaborations un tantinet complaisantes avec sa muse (les aphorismes pesants, les calembours lourdingues offerts à Birkin), quand ce ne sont pas les multiples collaborations, certaines géniales (Bashung), d'autres ratées (Dutronc....et beaucoup d'autres).
Mais le grand oeuvre, celui qui éclipse tout le reste et notamment .....Tête de Chou, n'est-il pas le classique et fabuleux  Histoire de Mélody Nelson (relaté dans nos pages par HIPHOP)
Au grand dam de de 12 ème album, pourtant sans doute le plus abouti de tous, l'album qui cristallise le talent de parolier ET de mélodiste de notre homme, l'oeuvre préférée de Bambou la dernière compagne.Le dernier grand disque quoi qu'il en soit ; car ce ne sont pas les fantastiques musiciens de Kingston ou les requins de studio qui sauveront les deux ignobles et ultimes dyptiques reggae et  funky ; ni à fortiori leurs affligeantes dictionnairescollections de rimes et thématiques panpan culcul prout zizi prépubères.
On le voit donc : Gainsbourg n'a pas toujours été un grand auteur ; il n'a pas toujours voire jamais brillé par ses talents de compositeur non plus ! Qu'on y songe : de la chanson réaliste rive gauche aux accents jazz et ethnique, peu de place pour une musicalité exacerbée ; les mots d'alors l'emportant sur tout le reste. Par la suite, emprunts, citations classiques, manque d'audaces - il n'y a jamais de pont chez Gainsbourg, rarement plus d'un thème ou deux déclinés ad libitum dans ses chansons) !
Musicalement, n'était l'art  de trousser un refrain pop parfait et de défricher (l'incroyable piste rap avant l'heure de "Requiem Pour Un Con", l'apport mélodique est assez pauvre....
Et quand le génie s'en mêle au sein d'une narration conceptualisée peu convaincante (...Mélody) ce sont surtout les arrangements que l'on retient (les cordes de Vannier) ou bien les BO marquantes (les cuivres, les claviers de Colombier)
Bref, que reste-t-il de L'Homme A Tête de Chou, album constamment mis dans l'ombre de..., ?
Flop commercial à sa sortie, accessoirement très incompris en son temps, et bien des années plus tard - pour mémoire, ce disque a figuré dans un hors-série best of de Libération pour ses 20 ans, , et curieusement s'y faisait défoncer ! - cette nouvelle (et vraie narration conceptuelle) fut le grand oeuvre incompris de Gainsbourg.
S'il n'est pas question de remettre en question l'écriture savante, mélange de cut-up, d'assonances à donner le vertige ; la musique elle était-elle questionnée dans le papier assassin de Libé.
Pourtant une nouvelle fois habillé  par le génial Alan Hawkshaw, présent aux claviers et à la direction musicale depuis Mélody, c'est peu de dire que le son de ce disque à nul autre pareil était novateur. L'épure a semble-t-il posé un problème auquel nos esgourdes resteraient soudes : qu'il s'agisse des roulements de batterie sourds de "Meurtre à l'Extincteu",  du digeridoo obsédant de "Transit à Marilou", des glissandos de timbales de "Lunatic Asyluù"
Ici, bien sûr, un "Chez Max Coiffeur Pour Hommes" un  peu redondant, mais néanmoins nécessaire pour ce qui est de son texte confession. Les tonalités désarmantes et la richessse harmonique de "Flash Forward" n'en finissent pas de fasciner.
L'épure certes domine, 
en bref : un très grand disque dont l'étonnante brièveté (28') , le thème réitéré de la Lolita le disputent aisément à ...Mélody Nelson.  les synthés glaçants d'Hawkshaw suppléent les cordes brumeuses de Vianner. Pour ce qui reste la plus belle narration conceptuelle gainsbourgienne.Serge Gainsbourg - L'Homme a Tête de Chou
"Flash Forward" "Variations sur Marilou"

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