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Calvaire - 8/10

Par Aelezig

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Ca continue de buguer chez Canalblog et le webmaster est toujours à la recherche du troll qui mange les photos... Patience, patience... Mais un peu ras-le-bol, tout de même : ça fait trois semaines que ça dure...

Un film de Fabrice Du Welz (2004 - Belgique) avec Laurent Lucas, Jackie Berroyer, Philippe Nahon, Jean-Luc Couchard  

Terrifiant !

L’histoire : Marc est chanteur itinérant, il fait des galas, des maisons de retraite, des fêtes populaires. Un jour, il se perd dans le brouillard avec sa camionnette et se retrouve sur un chemin de campagne. Et là, il tombe en panne. Un homme à la recherche de son chien lui indique l'auberge de Monsieur Bartel, où il pourra téléphoner... L'homme est affable, mais le garagiste indisponible. Marc écoute son hôte lui parler de sa femme Gloria, son amour perdu, qui l'a quitté, ce dont visiblement il peine à se remettre. Le lendemain matin, Marc découvre que Bartel a mis le feu à son camion et coupé les lignes du téléphone. Le voilà totalement isolé, face à un homme... qui le prend pour sa femmen enfin revenue au bercail !

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Mon avis : J’avais vu ce film il y a très longtemps, je ne m’en souvenais plus trop. Ben c’est vraiment excellent… et c’est belge ! On aurait aimé que ce soit français (les espoirs d'un bon cinéma français s'amenuisent), et on pouvait l’envisager vu les acteurs, mais non, c’est belge. Nos voisins semblent autrement plus audacieux, originaux et piquants que nous. Pourtant Calvaire n’a pas eu un succès considérable. Dommage. 

Voilà un petit film d’horreur parfaitement ficelé, assez peu gore finalement : tout est dans l’ambiance et le scénario. Ce qui est donc une prouesse, tant il est facile de tomber dans la facilité en aspergeant tout le monde d’hémoglobine.

C’est d’autant plus horrible que nous sommes dans la campagne profonde, là où tout ne devrait être que calme et volupté. La paix, la nature, les valeurs simples. Ce qu’on semble trouver en la personne de Bartel, bienveillant, heureux de vivre seul dans ses bois… mais qui va s’avérer un fou furieux, traumatisé par la perte de l’être aimé. Une situation finalement presque compréhensible. La folie. Puis on se retrouve carrément avec une bande de dégénérés de la pire espèce. La folie n'excuse pas tout, finalement...

Calvaire n’est pas sans rappeler le génial Délivrance de Boorman. La nature, l’hospitalité, puis des doutes sur la santé mentale des ruraux… et l’horreur absolue qui s’invite. On pense aussi à Massacre à la tronçonneuse, et aussi aux films de Larry Clark.

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C’est d’ailleurs curieux cet aspect qu’on voit en fait assez souvent dans les films d’épouvante (ou pas, Larry Clark ne fait pas dans l’horreur mais dans le naturaliste…) : les bouseux dégénérés. Cela dit sûrement quelque chose de notre société. Pourquoi diable les gens de la campagne seraient-ils des arriérés décérébrés, aux instincts les plus vils ? On sait bien que c’est faux (encore que… y a des gros tarés partout, de toutes façons). Nos sociétés occidentales sont-elles devenues à ce point « urbaines » que la nature se met à leur faire peur ? Que des gens qui refusent de vivre en ville apparaissent comme des barbares, forcément défaillants ?

On peut aussi réfléchir à la misère sexuelle de certaines communautés… qui n’ont pas d’éducation, ou pas de partenaires, et qui laissent libre cours à leurs pulsions, sans aucune morale. Mais c’est quoi la morale ? Problème. Toutes les religions, toutes les philosophies vous l’enseignent : ne pas faire de mal à autrui. Jeter son dévolu sexuel sur une personne non consentante, c’est immoral. La morale préserve les sociétés, sinon tout le monde s’entretuerait… ce qui en dit long sur l’homme. Elle est donc indispensable. Mais aujourd’hui de plus en plus remise en question par des pervers de tous poils qui voudraient nous faire prendre des vessies pour des lanternes.

Autre réflexion que m’a suggérée le film, et qui suit le reste en droite ligne : encore une fois, la femme est présentée comme la proie, celle qu’on viole. Ce n’est pas une volonté du réalisateur bien sûr ; il n’empêche que c’est un fantasme qui persiste encore et encore. Dans bien des films d’horreur, je m’agace que ce soit très très souvent des femmes les victimes. Comme si cela allait de soi. Tout cela entretient le mythe. Dans tous les conflits, le viol est une arme de guerre. Dans des pays civilisés, il reste un fléau sociétal (je pense à l’Inde notamment, et également à tous ceux qui pratiquent encore le mariage forcé). Et il se met à réapparaître dans nos propres sociétés si propres sur elles : événements de Cologne en décembre 2013...
Punaise, les filles, réveillez-vous !!! Aidons-nous les unes les autres et aidons nos sœurs de par le monde !

Bon… ok je sors…

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Les critiques presse étaient généralement enthousiastes, savourant justement la dénonciation de certains comportements, sous « l’alibi » du film d’horreur. Mais un vrai bon film d’horreur, pour moi c’est précisément ça : quelque chose qui explique, analyse, dénonce les folies humaines. Ceux qui ne respectent pas cette sorte de cahier des charges sont pour moi des films de malades mentaux, point barre. Calvaire a reçu plusieurs récompenses, mais les spectateurs eux ne semblent guère emballés : trop malsain, trop glauque… Y en a même qui disent qu‘ils n‘ont rien compris… Alors là, moi je dis qu‘on est mal barrés. Ils prennent tout au premier degré, on dirait. Ce sont eux qui sont effrayants au final…

A noter que Du Welz est également l’auteur du très étrange Vinyan, peu apprécié en France.

Et Calvaire peut entrer dans mon Challenge au titre des films d'Horreur.


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