Magazine Santé

Traitement du stress post traumatique chez l’adulte

Publié le 22 janvier 2016 par Darouich
Le traitement des EPST est souvent difficile mais une bonne connaissance des mécanismes en cause permet une meilleure approche thérapeutique.
Surtout, il est important d’expliquer aux personnes souffrant d’un ESPT que leurs réactions, et symptômes sont des réactions normales, connues, à des évènements anormaux ou trop violents. Leurs réactions sont habituelles et on peut les aider à surmonter ces mémoires dysfonctionnelles et à se sortir du cycle infernal de réactivation dans lesquels ils sont enfermés. Il existe des techniques psychothérapeutiques et des médicaments pour les aider à créer des mémoires plus adaptées.
Les traitements médicamenteux :Les médicaments ont une action positive dès le trauma au niveau des neuro médiateurs, en particulier les anxiolytiques et les antidépresseurs.
Les antidépresseurs de type IRS, par l’augmentation du taux de sérotonine, protègent le fonctionnement de l’hippocampe. Ils diminuent l’anxiété et préviennent l’évolution dépressive.
Les benzodiazépines favorisent l’équilibrage entre deux médiateurs, le glutamate et le GABA, et diminuent l’excitabilité neuronale.
Ainsi, il est utile de donner des tranquillisants, des benzodiazépines, et des antidépresseurs.
Les béta bloquants pourraient avoir un effet protecteur face à l’inscription mnésique du stress traumatique, s’ils sont administrés immédiatement dans la période post traumatique.
Les réponses psychothérapeutiques :Dans l’urgence, lors d’un trauma de type 1, le traitement par débriefing a toute son importance.
Il s’agit de rassurer le sujet, de l’aider à percevoir par des moyens physiques, relationnels, qu’il n’est plus sur les lieux de l’incident, qu’il est maintenant en sécurité, et que l’incident ou l’agression sont terminés. Il convient de lui donner des explications simples sur ce qui se passe actuellement. La participation corporelle, sensorielle est importante afin de l’aider à différencier le moment de l’agression : voix douce, peu de bruits, chaleur ; assurer une présence douce et rassurante et empathique. L’important est de l’aider à revenir dans le présent, l’ici et maintenant et de favoriser un climat de sécurité.
Plus à distance :Il convient de commencer un traitement rapidement quand cela est possible ; il n’est pas utile d’attendre le développement d’un ESPT. Certaines explications du trauma peuvent aider le sujet à réaliser que ce qu’il vit n’a rien d’anormal, même s’il a des perceptions d’étrangeté. Lui expliquer qu’il s’agit de phénomènes physiologiques connus. Il faut lui expliquer ainsi qu’à l’entourage qu’il a besoin d’être soutenu, accompagné.
Le traitement EMDR
Une préparation est indispensable : des entretiens préliminaires permettent au patient d’établir une relation de confiance avec son praticien et d’identifier, avec son aide, le ou les souvenirs traumatiques à l’origine de ses difficultés. Ces souvenirs seront ensuite retraités, un à un, lors des séances. Il faut parfois plusieurs séances pour traiter un seul souvenir. Le processus de traitement activé par la méthode est un processus conscient. Il correspond à ce que fait naturellement notre cerveau quand il ne se bloque pas. Au début d’une séance EMDR, le praticien demande au patient de se concentrer sur l’évènement perturbant, en gardant à l’esprit les souvenirs sensoriels de l’évènement (image, son, odeur, sensation physique), ainsi que les pensées et ressentis actuels qui y sont associés. Le praticien commence alors des séries de stimulations bilatérales alternées, c’est-à-dire qu’il stimule le cerveau alternativement du côté gauche puis droit, soit par des mouvements oculaires, soit par des stimulations tactiles, soit par des bips sonores. Entre chaque série, il suffit alors que le patient remarque ce qui lui vient à l’esprit. Il n’y a aucun effort à faire pendant la stimulation pour obtenir tel ou tel type de résultat ; l’évènement se retraite spontanément, et différemment pour chaque personne selon son vécu, sa personnalité, ses ressources, sa culture. Les séries de stimulations bilatérales continuent jusqu’à ce que le souvenir de l’évènement ne soit plus source de perturbations mais soit associé à des ressentis calmes ainsi qu’à des pensées positives et constructives. Une séance d’EMDR dure de 60 à 90 mn. Pendant cette période, le patient peut traverser des émotions intenses, et à la fin de la séance, il peut généralement ressentir une nette amélioration. Elle persistera dans le temps.
Etapes du rétablissement après le traumatisme :
Etape 1 : sécurité et stabilisation : surmonter les dysrégulations
En premier lieu, le patient doit connaître et comprendre les effets des traumatismes : reconnaître les symptômes fréquents et comprendre le sens des sensations envahissantes, d’émotions intrusives et de schémas cognitifs déformés.
La mise en place de la sécurité et de la stabilité repose sur les tâches suivantes :
- Etablissement d’une sécurité corporelle
- Etablissement d’un environnement sûr : situation de vie sûre, relations non maltraitantes, entourage rassurant et sécurisant
- Etablissement d’une stabilité émotionnelle : capacité d’apaiser le corps, de s’auto-apaiser, réguler les impulsions, gérer les symptômes post traumatiques déclenchés par les évènements du quotidien
Le but de cette étape est de favoriser pour le patient une vie dans l’ici et maintenant qui soit sûre et stable, permettant au patient de se rappeler les traumatismes en toute sécurité plutôt que de continuer à les revivre.
Etape 2 : affronter et accepter les souvenirs traumatiques :
A cette étape, le travail thérapeutique vise à surmonter la peur des souvenirs traumatiques afin qu’ils puissent s’intégrer. Afin de métaboliser et non seulement verbaliser les souvenirs, le patient peut avoir recours aux thérapies telles l’EMDR, l’hypnose et les thérapies comportementales et cognitives. Les soins doivent être réguliers afin d’éviter que le patient soit bloqué dans l’évitement ou submergé par des souvenirs ou des flash back.
Etape 3 : intégrer et meilleure utilisation des capacités :
Le but du travail avec le patient est de diminuer les croyances et affects dysfonctionnels : honte, dépréciation, culpabilité, perte d’espoir dans l’avenir, et d’obtenir de meilleurs curiosité, intérêts, capacité, estime de soi. Il s’agit de développer une meilleure capacité d’attachement sain, et la poursuite de buts personnels et professionnels. Ce travail thérapeutique permet de surmonter les peurs de la vie normale, et de se center sur des changements et des défis sains. A mesure que la vie du survivant se consolide autour d’un présent sain et d’un soi guéri, le traumatisme est vécu comme plus lointain, faisant partie intégrante de la compréhension de soi, mais il n’est plus au centre de la vie quotidienne.
Les psychothérapies :
Lorsque l’ESPT est constitué plusieurs techniques de soins peuvent être proposées.
Tout d’abord, il faut éviter de
« faire raconter », si l’on ne dispose pas de moyens d’apaiser les éventuelles émergences d’angoisse, de reviviscence, de flash back. Cela risquerait de retraumatiser.
Certaines techniques visent tout d’abord à apaiser, afin de stimuler le système parasympathique : techniques de relaxation, cohérence cardiaque, techniques de stabilisation.
Certaines techniques visent à stimuler le cortex via la mise en mots, mais cela n’est accessible que si le sujet est déjà sorti du stress intense et n’est pas trop dissocié. La psychanalyse, de notre point de vue n’est pas le traitement de choix dans les états de stress aigus ou chroniques.
Les Thérapies Comportementales et Cognitives (TCC) visent à exposer le sujet à des éléments du traumatisme afin qu’il soit confronté de façon prudente séquentielle accompagnée, afin de favoriser le processus d’extinction du stress face aux déclencheurs et aux éléments sensoriels, émotionnels, corporels du trauma.
L’EMDR : cherche à désactiver les réseaux de mémoire dysfonctionnels qui alimentent le ESPT. C’est une thérapie qui a fait ses preuves, a été validée dans le traitement des traumatismes simples ; elle a aussi d’autres indications.
L’hypnose peut être valablement utilisée dans le traitement de ces troubles.
Les thérapies de Somatic Experiencing, utilisent l’expérience corporelle traumatique pour la transformer.
Les thérapies sensori-motrices partent des sensations corporelles et émotionnelles encore présentes afin d’obtenir une transformation de l’expérience traumatique, s’appuyant sur les travaux de Pierre Janet.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Darouich 60 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine