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MECANISMES NEUROPHYSIOLOGIQUES à l’oeuvre dans le Syndrome de Stress Post traumatique

Publié le 22 janvier 2016 par Darouich
La réponse immédiate face à un danger est sous le contrôle principalement du système limbique, en lien avec le cortex cérébral. Le système limbique joue un rôle essentiel dans les émotions et la mémoire. Il comprend : la région septale, le fornix, les hippocampes, les amygdales cérébrales et les zones corticales suivantes : cingulaire et parahippocampique. Les structures principales qui contrôlent l’expression des réponses émotionnelles (peurs, réponses de défense de l’organisme, changements physiologiques, réactions comportementales) sont l’hippocampe et l’hypothalamus. Elles ont un rôle dans l’articulation de la mémoire implicite et explicite.Le circuit de la peur peut emprunter une voie courte ou longue :La voie courte : perception sensorielle, -> thalamus -> amygdale -> réponseLa réponse est immédiate, hormonale et motrice ; la survie de l’individu est en jeu !La voie longue :Perception sensorielle-> thalamus-> cortex cérébral-> hippocampe-> amygdale-> réponse.L’analyse « corticale » du stimulus va conduire au maintien ou à l’arrêt de l’action de l’amygdale.Ce circuit est deux fois plus long que la voie courte, ce n’est pas la voie d’urgence.
Le cerveau peut être submergé lors du trauma psychique :La réaction immédiate à l’ événement aura été traduite par une peur intense, un sentiment d’impuissance ou par un sentiment d’horreur. Lorsque le sujet est soumis à des émotions extrêmes, l’amygdale active immédiatement le circuit court de la peur (perception sensorielle- thalamus- amygdale-réponse), laissant donc de côté l’activité corticale d’association. Toute la réaction est tournée vers la survie immédiate : il s’agit de mettre en action le corps et lui procurer l’énergie nécessaire.Ainsi, les informations sensorielles ne sont pas transmises aux aires sensorielles associatives correspondantes, (visuelle, auditive, olfactive, tactile) et elles vont rester brutes ; L’information ne sera donc ni associée, ni transmise au cortex sémantique, ni à l’hippocampe pour y être mémorisé comme n’importe quel évènement de vie destiné à entrer dans la mémoire épisodique.C’est une mémoire dysfonctionnelle traumatique qui se constitue. Au moment du trauma, la sécrétion d’hormones de stress est intense ; l’hypothalamus déclenche la sécrétion d’hormones surrénaliennes, en activant le système orthosympathique : accélération du rythme cardiaque, respiratoire, stimulation de la production de glucose, pour alimenter muscles et cerveau. L’amygdale et l’hippocampe sont riches en récepteurs stéroïdiens et leur activation accroit encore la libération de glucocorticoïdes.Par la suite, au cours du sommeil, les tentatives d’intégration du trauma seront aussi mises en échec. Le travail de l’hippocampe sera inhibé par la réaction amygdalienne déclenchée par les éléments du rêve.
Après le trauma :La plupart des personnes victimes d’un trauma vont guérir après une période plus ou moins longue de « convalescence » où les différentes fonctions vont revenir à la normale.Un certain nombre de personnes va développer un syndrome post traumatique.Ces personnes vont manifester des troubles physiques et psychiques en raison des distorsions du stockage dans leur mémoire de l’événement traumatique : elles ont constitué une mémoire traumatique. Pour schématiser : Une partie de la personnalité continue à vivre une vie normale, avec peu de souvenirs de ce qui s’est passé ; cette partie est concentrée sur les activités quotidiennes.Une autre partie est aux prises avec des émotions et des souvenirs corporels avec la « crainte que cela se reproduise », elle est « sur ses gardes », concentrée sur le passé.Les personnes atteintes de stress post traumatique subissent de la part de l’amygdale les mêmes effets que la stimulation pathologique du circuit court de la peur. Ceci pourrait expliquer les réactions de sursaut, les souvenirs intrusifs, ainsi que l’état d’hypervigilance constante ;Certains ont également de la difficulté à se souvenir ou à raconter certains aspects de l’évènement traumatique sous forme d’un récit cohérent.Le circuit court de la peur contourne l’hippocampe, passage obligé de la mémoire déclarative.Les souvenirs associés à la peur se forment très rapidement et durent très longtemps ; Les traumatisés sont soumis à des peurs irraisonnées, (pas d’élaboration dans le cortex sémantique) ; ils vont donc être extrêmement vulnérables puisque n’importe quel élément sensoriel, corporel, ou émotionnel peut déclencher l’activité amygdalienne et le cortège de troubles physiques et psychiques de la peur, alors même que la situation ne présente pas de danger.Ces personnes sont sous l’influence du système orthosympathique et voient leur taux d’adrénaline, de glucocorticoïde rester très élevé. Cela diminuerait la capacité de l’hippocampe à utiliser le glucose et cette surcharge de cortisol finirait par altérer ces structures. Des études de neuro imagerie structurelle (édude de de Gueuze) ont révélé que le volume de l’hippocampe est souvent plus petit chez les personnes souffrant d’ESPT par rapport aux personnes n’ayant pas été soumises à un événement traumatique.Les taux de gluco-corticocoïdes élevés engendrent au niveau physique des maladies cardio vasculaires, du diabète, des troubles digestifs, une baisse de l’immunité et provoquent à leur tour des troubles psychiques : passivité, résignation, dépression, anxiété.Un des modèles neurobiologiques du trauma et du stress post traumatique repose sur deux mécanismes : le conditionnement de la peur et l’extinction de ce phénomène.L’ESPT peut être considéré comme une forme de conditionnement à la peur. Le conditionnement est une forme d’apprentissage par l’association de deux ou plusieurs stimuli (p.e.: sécrétion de salive au bruit d’une sonnette dans l’expérience de Pavlov). Si le conditionnement est fort, la peur va subir une extension.Le mécanisme qui contrebalance cet apprentissage est l’extinction : il s’agit aussi d’un apprentissage qui se fait lorsque le stimulus redouté se présente un grand nombre de fois, sans qu’aucune conséquence négative grave ne survienne. Il ne s’agit pas de « l’oubli » de l’ancienne association, mais d’un nouvel apprentissage qui prime sur l’apprentissage antérieur.Si ce processus d’extinction réussi, il est consolidé dans la mémoire et la réaction de peur et détresse disparaît.Il y a donc deux phases essentielles dans le conditionnement de la peur : l’acquisition et l’extinction.Ainsi, le modèle neurobiologique de l’ESPT est un conditionnement qui résiste au processus d’extinction.L’évitement est un aspect important du processus de consolidation de l’apprentissage de la peur car il ralentit l’extinction, puisque le sujet évite les émotions négatives reliées au souvenir du trauma et ne peut apprendre que la présence du stimulus n’est pas toujours un signe de menace.La plupart des victimes de trauma ont un processus d’extinction efficace, ce sont ceux qui ne développeront pas d’ESPT et d’autres ne pourront pas développer ce processus d’extinction, chez eux l’apprentissage de la peur se consolide et se généralise.

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