50 nuances de grey - 5/10

Un film de Sam Taylor-Johnson (2015 - USA) avec Jamie Dornan, Dakota Johnson, Eloise Mumford

Erotico-nunuche

L'histoire : Anastasia est une jeune étudiante, jolie, sérieuse, simple. Elle rencontre Christian Grey, milliardaire célibataire et sexy. Coup de foudre. Mais la romantique donzelle est prévenue vite fait par son prétendant : il a des goûts particuliers, très particuliers. Il est SM, dominant et veut qu'elle signe un contrat dans lequel elle accepte, ou pas, ses lubies, selon des règles très précises. Anna est très amoureuse, mais elle voudrait une relation normale, aller au ciné, au restau, se balader, et puis faire l'amour sous la couette. Christian la presse d'accepter et lui promet des voluptés inégalables...

Mon avis : Entre ceux (celles ?) qui ont adoré le bouquin (de E.L. James), et ceux qui ont démoli le film... on peut dire que cette histoire en tous cas a alimenté les débats et fait parler la planète entière ! Donc, et en dépit des attaques, j'avais envie de connaître le fin mot de l'histoire : mais qu'est-ce qu'ils ont tous à détester ou idolâtrer ce truc ? Y a quoi dedans ? Comme je n'avais aucune intention de dépenser des sous dans ce genre de sous-littérature, allons-y pour le film, qui passait sur Canal. En plus, j'étais très curieuse de voir la jeune Dakota, fille d'une de mes idoles, Melanie Griffith, et de l'inénarrable Don Johnson. Et aussi de découvrir un peu l'univers du SM. Intellectuellement parlant : le désir, ce qu'apporte le SM, comment il naît dans la tête des gens.

 

J'ai pas trop envie que vous me foutiez des baffes, en fait... - Rien à craindre, j'utilise la plume de paon.

Première chose, ma foi, c'était mieux que ce que je craignais ! Sincèrement, on a vu pire. Une romance originale, c'est le moins qu'on puisse dire, même si elle est beaucoup moins sulfureuse qu'elle ne le prétend. Dommage que ce soit trop long (2h00), trop délayé ; le scénario n'est quand même pas bien gros et c'est vachement répétitif. Et assez niais. Ces deux jeunes gens semblent ne pas avoir inventé l'eau chaude. Même si le Christian, self-made man, doit pourtant bien être intelligent, quelque part, pour avoir monté cet empire qui l'a rendu milliardaire. Par ailleurs, leur souci principal étant de se caresser les fesses à la plume de paon... je n'adhère pas trop, voyez. Je préfère les gens qui discutent de Proust ou de la situation géo-politique au Moyen-Orient.

J'ai souvent lu que le premier bisou arrivait au bout d'une heure. C'est faux. Au bout de quinze minutes, ils s'embrassent. Que des menteries ! Bon, c'est clair que ça ne va pas trop vite, on sent que le réalisateur veut nous affoler les sens en nous faisant attendre, attendre, les fameux moments intimes dans la salle de torture. C'est laborieux, très laborieux.

Bien, cette affaire de SM maintenant. J'avoue que perso, ça ne me fait pas fantasmer... Je n'y connais donc rien. Sauf que j'ai tenté de lire le Marquis de Sade, qui m'a horrifiée. Donc là... comment dire... j'avais plutôt envie de rigoler qu'autre chose ! Les poignets gentiments attachés, un bandeau sur les yeux (on peut aussi éteindre la lumière, chéri), une petite fessée... Pour le reste, on aura le droit au glaçon affriolant (déjà vu dans 9 semaines et demi) et à la fameuse plume de paon, qui m'a vraiment beaucoup fait rire. Du SM, ça ??? Vers la fin, Anna a enfin droit à une vraie "punition" : six coups de ceinture. OK. On aurait pu nous montrer le corps avec des marques sanglantes. C'est pas que je sois spécialement gore, mais faut savoir ce qu'on veut : SM ou pas SM ? En tout cas, la demoiselle, après quelques grimaces, se relève sans problème, a priori sans égratignure (nulle goutte de sang nulle part) et se sauve, car elle n'a pas aimé la blague. Pour une fois que ça se corsait ! Pauvre Christian... pas demain la veille qu'il va pouvoir tester la version du divin Marquis. La mignonne s'enfuit ! Ca va pas le faire, Cricri. 

 

On vous a déjà dit que vous ressembliez à Sophie Marceau ?

Tout ça n'est donc pas bien crédible. La "salle de jeux" est bien gentillette. On ne voit pas pourquoi le héros a l'air de se prendre pour un être pervers et diabolique, et pourquoi la môme s'effarouche. Ca fait plutôt sex-toys leurs trucs, non ? Finalement, ça m'a rassurée, car un gros truc bien hard, c'est clair que je n'aurais pas aimé du tout... Genre le fameux Salo que Olivier me tanne de voir depuis des années et que je n'ose toujours pas regarder. 

En outre, tout ça est bien cucul. Dans le sens cucul-la-praline, pas porno, bien sûr. La jeune vierge émoustillée, le gars qui cache ses "épouvantables" perversions sous des costumes impeccables façon gendre idéal. La môme qui tombe amoureuse pour la première fois de sa vie... et vous allez nous faire croire ça ? A cinq ans, moi, j'étais déjà amoureuse. Et lui, qui se prend pour un sex-killer, juste avec ses petits fouets, dont il se sert pour caresser, pas pour frapper... Et qui sent déjà son "pouvoir" lui échapper : waouh, serait-il en train de tomber amoureux lui aussi ? Diantre ! Et par passion de faire fi de ses ignobles pratiques ? Non, l'honneur est sauf. Il est désespéré, elle ne veut pas, et il ne peut abandonner son rituel... c'est horrible, quelle histoire triste, mon Dieu !

Sans compter que... comment donc en est-il arrivé là ? Il a subi des perversions enfants (il a été adopté) nous souffle-t-on. Pourquoi, comment ? Le saurons-nous dans le volume 2 ? Et c'est quoi ces boutons qu'il a sur le torse ? Ca doit avoir une raison, sinon on les aurait maquillés. Il a des maîtresses qui lui écrasent des cigarettes sur le corps ? Où ce sont des traumatismes de sa jeunesse perverse (on sait qu'il a été initié par une dominante). Sauf que depuis, les croûtes auraient dû cicatriser depuis longtemps !

 

Oh oui... la plume... la plume...

Même les acteurs semblent décalés... et à côté de la plaque. On ne sent pas la passion, du tout. Première surprise quand j'ai vu Jamie Dornan : il est moche, me suis-je exclamé ! Je m'attendais à un type absolument irrésistible, pour lequel effectivement, on serait prêt à connaître l'indicible... Mais là, ce môme propre sur lui, pas vraiment beau, un certain charme peut-être : au bout d'une demi-heure, j'ai commencé à le trouver pas si mal. On s'habitue. Finalement sur la fin, je le trouvais même un peu sexy. Quant à Dakota, elle a commencé par m'énerver parce qu'elle se mordait les lèvres, comme le faisait sa mère autrefois ! Copieuse, va ! Mais elle n'a pas le charisme de la très craquante Melanie... Elle ressemblerait plutôt à son père, avec ce petit menton pas trop déterminé qui provoque une mollesse par en-dessous, pas très bienvenu chez une jeune femme de cet âge. Et puis c'est quoi cette coupe de cheveux ? C'est une étudiante lambda, OK. Mais les Américaines nous ont habitué à des chevelures ultra brillantes et soignées... elle, elle fait un peu baba. Du coup, on se demande ce que lui trouve ce dandy de Christian. Mais elle a un très beau regard, on peut pas dire. Et puis, même si ce n'est pas son premier rôle, les précédents sont passés tellement inaperçus que pour nous grand public, c'est là que nous la découvrons. Or être quasiment à poil tout le temps... c'est un peu réducteur. Sa carrière s'en remettra-t-elle ?

Pour les timides, je précise que si l'on voit beaucoup leurs jolies fesses à tous les deux, et des positions suggestives, voire gynécologiques... on n'aperçoit aucun sexe, aucun poil.

Bref. Même si c'était moins pire que je ne pensais, cela ne me donne pas pour autant l'envie de lire le livre ni de me convertir au SM. Le SM ? Quel SM ? Ceux qui veulent vraiment se faire peur... lisez le Marquis, plutôt. Ou revoyez La secrétaire, si vous préférez plus soft ; subversif mais pas du tout trash et très intelligent.

Ceci dit, il paraît que les fans du livre ont été très déçus parce que justement, les scènes hot du livre ont été édulcorées, voire effacées du scénario.

Arrête, arrête... j'ai trop mal... c'est insupportable...

L'acteur Jamie Dornan a déclaré que Grey était "un type fêlé". Ah ah ah !

Certaines critiques ont été indulgentes. La plupart des autres ricanent : "Les péripéties d’Anastasia et de Christian pourraient s’assimiler à un bréviaire porno soft pour adolescentes, un SM pour les nuls" (Critikat) ; "Dans le fond, en deux heures, il n’y a de supplice que pour une seule personne : le spectateur." (Libération) ; "On guette en vain la moindre expression sur le visage de Jamie Dornan dans le rôle-titre. Révélé par la série "The Fall", il est ici d’une constante fadeur. Mais avec son petit air de Sophie Marceau, Dakota Johnson la fille de Melanie Griffith et de Don Johnson n’est guère plus en verve  expressive." (Ouest France).

Ce film aura néanmoins le mérite de pouvoir figurer dans mon Challenge 2016 au titre du Film dont le titre contient un nombre.