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[Critique] Les délices de Tokyo

Par Régis Marton @LeBlurayphile
[Critique] Les délices de Tokyo

Titre original : An

Un film de : Naomi Kawase

Avec : Kirin Kiki, Masatoshi Nagase, Kyara Uchida, Miyoko Asada, Etsuko Ichihara, Miki Mizuno

Sentaro vend des dorayakis, pâtisseries japonaises composées de deux pancakes fourrés d'une pâte confite de haricots rouges ("an"). Tokue, une vieille dame de 70 ans, tente de convaincre Sentaro de l'embaucher. Elle a le secret d'une recette exquise, et la petite échoppe devient un endroit incontournable...

[Critique] Les délices de Tokyo

Poème d'Est

Pour un occidental, l'animisme Japonais est un joli poème. On a beau nous le répéter, voir les objets du monde réagir aux sons d'une langue qu'on ne comprend pas, percevoir l'énergie qui emplit les matières, c'est toujours un instant magique. Il y a comme le sentiment qu'on touche à la vérité: la vue qu'on nous présente est libre de ses désagréments, débarrassée des conflits, des maladies et de la mort, qui, si elles sont bien présentes, sont considérées sans crainte, comme part du grand tout qui nous englobe. Et en écoutant ça, on ne peut s'empêcher de se sentir bien.

En occident - enfin, chez nous - on en parle un peu dans les films pour enfants et les contes de grand-mère. On ne le pratique plus! C'est ce qu'il est devenu: une " Force " dont on croit qu'elle n'est bonne qu'à endormir les mômes. Ça n'est peut-être pas un hasard si le mépris des sagesses anciennes est un thème récurrent de nos récits fantaisistes.

Peut-être que c'est la même chose au Japon? Certains points du film de Kawase poussent à le penser. Peut-être qu'on choisit les films qui nous arrivent pour le dépaysement procuré par cet animisme. C'est vrai qu'il est dépaysant : on se croirait dans un conte.

[Critique] Les délices de Tokyo
Une larme de sucre

Kawase en parle à la japonaise, d'une langue un peu larmoyante à ses moments. Et l'éternelle figure de l'aîné qui en sait plus que nous ; et celle non moins agaçante du jeune crétin sans respect pour ses aînés.

En grandissant, on s'y laisse moins prendre ; les vieux en savent plus que nous, c'est vrai, mais ils en ignorent autant. Alors on oublie cette histoire trop entendue, et on se rabat sur les matières, on respire les arômes. La fraîcheur du neuf, et l'odeur forte des cuisines. C'est un texte par l'image, un son qui donne à voir. C'est le gout, aussi, l'envie de le découvrir. D'une peau collégienne aux rougeurs des aïeuls, on touche à chaque plan. Une fable consacrée au changement, à la vieillesse, à ce qui naît, aux rencontres et aux morts.

Dans le texte comme dans l'image, triste et heureuse à la fois ; une larme de sucre.

Nos attentes pour une édition collector:

Le making of du film, la recette des dorayakis et l'interview du chef opérateur. Dans un film sur la matière, c'est la moindre des choses.

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