Magazine Culture

« Le Bleu entre le ciel et la mer » de Susan Abulhawa

Par Douceurlitteraire

le bleu

Une très belle histoire que nous raconte ici Susan Abulhawa sur la Palestine et Israël. Des histoires de femmes, de familles de réfugiés qui se battent pour survivre au milieu des bombardements, une belle leçon de courage et une immersion totale dans la vie des camps de réfugiés à Gaza des années 50 à nos jours.

Quatrième de couverture:

« 1947. La famille Baraka vit à Beit Daras, village paisible de Palestine entouré d’oliveraies. Nazmiyeh, la fille aînée, s’occupe de leur mère vieillissante, tandis que son frère Mamdouh s’occupe des abeilles du village. Mariam, leur jeune sœur aux magnifiques yeux vairons, passe ses journées à écrire en compagnie de son ami imaginaire. Lorsque les troupes israéliennes se regroupent aux abords du village, Beit Daras est mis à feu et à sang, et la famille doit prendre la route pour rejoindre Gaza et tenter de se reconstruire dans l’exil. Seize ans plus tard, Nur, la petite fille de Mamdouh, s’est installée aux Etats-Unis. Tombée amoureuse d’un médecin, elle décide de le suivre en Palestine. Un voyage au cours duquel elle découvrira que les liens de sang résistent à toutes les séparations- même la mort. 

Le Bleu entre le ciel et la mer est une histoire de femmes, de déracinement, de séparation et d’amour. Avec ce conte d’une beauté bouleversante, Susan Abulhawa montre l’histoire de la Palestine sous un nouveau jour. »

Mon avis:

Comment ne pas ressortir bouleversée par cette lecture. Autant par cette histoire de famille que par le contexte historique.

Susan Abulhawa nous emmène dans la vie de cette famille et surtout de ces femmes courages qui malgré les malheurs, les morts, les bombardements et les conditions de vies difficiles qui en découlent, tentent de survivre entourant leurs proches de tout leur amour possible. Des femmes fortes de traditions, dévouées et pleines d’amour et d’humour.

Le roman est raconté par Khaled entre autre. Un regard d’enfant sur les femmes de sa famille.

L’histoire se déroule tout d’abord dans leur village d’origine, Beit Daras. Leur exil, suite à l’invasion des israéliens, est frissonnant de réalisme et les horreurs perpétrées par les soldats m’ont presque décroché des larmes. Nazmiyé est toute jeune alors et le sort qui s’abat sur elle et ses proches ne fait alors que commencer.

La vie reprend peu à peu son cours dans les camps de réfugiés palestinients à Gaza puis nous traversons l’Atlantique pour faire la connaissance de Nour, petite nièce de Nazmiyé qui comme les femmes de sa famille, évolue dans une vie tortueuse et malheureuse.

Elle grandit malgré tout et devient une femme de convictions, se battant quotidiennement pour aider femmes et enfants qui, comme elle, n’ont pas eu de chance dans leur parcours.

Les hasards de la vie vont faire que Nour va aller à Gaza, au départ pour des raisons professionnelles et amoureuses, mais très vite, retrouver ses racines vont apporter à Nour une dimension à la vie qu’elle ne connaissait pas encore: l’amour d’une famille.

Ce roman se passe sur plusieurs années, ainsi nous voyons ces hommes et ses femmes évoluer, avancer et se battre. L’horreur des bombardements va leur arracher nombre de proches, les tunnels entre Gaza et l’Egypte leur servent de ravitaillement.

Susan Abulhawa nous offre ici un roman à la fois historique et magique et pendant ces quelques heures de lecture, j’ai adoré être aux côtés de ces femmes. L’écriture de l’auteur nous enveloppe pour nous immerger totalement dans cette vie des camps de réfugiés palestiniens.

Le côté magique du roman réside dans le fait que Khaled, notre narrateur dans les débuts de chaque chapitre, nous parle d’un monde bleu, parallèle dans lequel il va se réfugier. Un monde dans lequel Khaled devient comme un ange qui veille sur sa famille.

Il est à noter que l’auteur est elle-même née dans un camp de réfugiés palestiniens.

Je ne peux que vous conseiller cette lecture car malgré le contexte terrible et son lot de malheurs, ce livre est rempli d’espoir et d’amour.

J’en ressors pleine de ce sentiment particulier que n’apporte que les bons livres: du bonheur d’avoir fait une telle découverte.

Susan Abulhawa a écrit un précédent roman « Les matins de Jenine » qui a été un véritable best-seller et je sens que je vais bientôt me le procurer pour découvrir cette nouvelle aventure.

Bonne lecture!!

Petit extrait:

« Le bombardement israélien de Gaza modifia notre perception du temps. Il avait ralenti son allure, comme s’il avait été blessé, sa progression entravée par les décombres qui jonchaient les rues; sa présence était devenue à ce point tangible que Hajja Nazmiyé avait l’impression que le soleil lui-même devait être aidé dans sa course. Il y avait tellement de choses à faire, et en même temps rien du tout. les gens se rassemblaient mais ils n’avaient rien à dire. Même quand ils parlaient, leurs paroles étaient en quelque sorte engluées dans un silence aussi profond qu’un abîme, tandis qu’ils ramassaient et enterraient leurs morts. Même la rage qu’ils éprouvaient et les appels  à la vengeance qu’ils lançaient paraissaient vains. Les larmes devinrent leur refuge, un lieu où  s’abandonner à la torpeur. Pour certains, c’était juste une manière d’attendre la mort. la notion même d’espoir paraissait obscène dans un pareil moment. L’idée de la mort au contraire avait quelque chose de réconfortant et même d’attrayant, au point qu’elle imposait le silence, comme si les mots risquaient de perturber la perspective d’une fin paisible. »

Un grand merci aux Editions Denoêl pour cet envoi.

Titre: Le Bleu entre le ciel et la mer

Auteur: Susan Abulhawa

Traduit de l’anglais par Nordine Haddad

Sortie le 25/01/2016 aux Editions Denoël


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Douceurlitteraire 1705 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines