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L'ordre et la morale - 6/10

Par Aelezig

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Un film de Mathieu Kassovitz (2011 - France) avec Mathieu Kassovitz, Malik Zidi, Iabe Lacapas, Daniel Martin, Alexandre Steiger, Patrick Fierry

Bon film, instructif, mais manque de souffle.

L'histoire : 1988. Nouvelle-Calédonie. Des indépendantistes kanaks prennent en otages des gendarmes (après en avoir tué quatre, quand même...). Le territoire étant français, c'est le GIGN qui doit intervenir. L'équipe part avec à sa tête le capitaine Philippe Legorjus. Mais à l'arrivée, ils ont la surprise de découvrir que l'armée de terre est déjà sur place ; ce qui est tout à fait contraire à la logique de la Défense française. L'armée intervient en cas de guerre, pas pour une prise d'otages. Mais à la veille des élections (10 mai 1988), le premier ministre Jacques Chirac, en désaccord avec le président François Mitterrand (cohabitation) a pris cette décision seul. Le GIGN est prié de se mettre dous les ordres de l'armée...

Mon avis : J'avoue que je connaissais mal cet épisode de notre histoire, que j'avais un peu zappé à l'époque. Le film est donc très intéressant de ce point de vue et les dialogues, clairs, sans jargon spécialisé, permettent de bien suivre les opérations, les enjeux, les désaccords et les intérêts politiques sous-jacents.

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Mais ça manque un peu de souffle et de passion. Souvent trop didactique, il provoque parfois l'ennui par de longs blablas à n'en plus finir.

Il faut dire que je ne suis pas hyper fan de films "de guerre", vous le savez. Mais si vous l'êtes, ça devrait vous plaire...

Cet assaut militaire qui a fait treize morts (deux militaires, et onze kanaks) alimente toujours controverses et polémiques depuis maintenant près de 30 ans. Chirac a été fortement critiqué, accusé de ne pas avoir informé le président. Des kanaks ont été tués alors qu'ils attendaient, a priori pacifiquement, le résultat des élections le 10 mai pour pouvoir négocier avec les nouveaux dirigeants. L'armée nie toute "exécution sommaire" mais de nombreux témoignages de rescapés, de médecins, tendent à prouver que plusieurs hommes ont été ni plus ni moins abattus. Le ministère de la Défense a concédé "quelques faits contraires au droit militaire", tout en maintenant la version de kanaks très déterminés et d'actes de violence.

On s'en doute, Kassovitz prend le parti contre l'armée et son film a évidemment été brocardé. Il s'inspire pourtant du livre qu'a écrit lui-même Philippe Legorjus. Peu importe, pour ma part, je trouve qu'il explique très bien les choses, et c'est déjà ça.

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Le film ne sera pas diffusé en Nouvelle-Calédonie au moment de sa sortie en salle. Le seul exploitant sur l'île l'a refusé au motif que l’œuvre de Kassovitz serait « très caricaturale et polémique » accusant le film de « rouvrir des plaies cicatrisées ». Selon Jean Bianconi, le substitut du procureur, « ce film ne donne qu’une vision partiale et inexacte des faits qui ne servira pas la cause de la réconciliation entre les communautés et portera un coup terrible à toutes les familles des victimes : gendarmes, militaires du 11e choc tombés lors de l’assaut, kanaks, qui voient ainsi ravivée une douleur que seul le temps peut apaiser ».

Si les critiques sont globalement bonnes, certains anti-Kassovitz ne lui font clairement pas de cadeau, comme d'habitude. Même son de cloche chez les spectateurs. On est objectif ou on l'est moins...

C'est à la suite de l'accueil réservé à son film que Mathieu Kassovitz a sorti son désormais célèbre "J'encule le cinéma français".


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