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Enluminures medievales

Publié le 01 février 2016 par Aelezig

Une enluminure est une peinture ou un dessin exécuté à la main qui décore ou illustre un texte, généralement un manuscrit. Les techniques de l'imprimerie et de la gravure ont fait presque disparaître l'enluminure. Toutefois, il existe quelques livres imprimés qui en sont ornés.

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L'enluminure tantôt se mêle au texte et tantôt s'en éloigne, au point même, parfois, de ne plus entretenir aucune relation avec lui. On peut établir différentes distinctions : scènes figurées, compositions décoratives, initiales ou lettrines, signes divers.

La technique de l'enluminure comporte trois activités : l'esquisse, le mélange des pigments de couleurs avec la colle animale et le coloriage par couche. L'enluminure est réalisée par un « enlumineur », son travail consiste à enjoliver un texte, un récit.

Le terme « enluminure » est souvent associé à celui de « miniature », qui vient du latin minium, désignant un rouge vermillon. Jadis, le terme s'appliquait, de préférence, aux lettres ornementales majuscules (lettrines) dessinées en rouge sur les manuscrits ; puis le rapprochement (sans fondement étymologique) avec les mots « minimum », « minuscule », s'est opéré, et la miniature a désigné les images peintes, de petite taille, comparées aux tableaux et aux peintures murales (fresques). S'appliquant à toute représentation de format réduit, le terme a donc désigné également les petites scènes peintes sur d'autres objets que les manuscrits. L'enluminure n'est pas, comme le veut une idée reçue, que la simple lettrine

On peut parler de « manuscrits enluminés », de « manuscrits à miniatures », et même de « manuscrits à peintures », comme le font certains spécialistes, puisque l'artiste chargé de cette part de l'œuvre était nommé pictor au Moyen Age, pour le distinguer du scriptor (étymologiquement ce terme a donné scribe c'est-à-dire« celui qui écrit » mais copiste est plus adapté pour le Moyen Âge) chargé de la seule copie du texte.

Lorsque l'écriture a une fine esthétique, on parle de calligraphie. L'étude des écritures anciennes est l'objet de la paléographie.

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Parmi toutes les propositions de l'enluminure on retrouve :

  • scènes figurées (historiées) : en pleine page, insérées entre deux paragraphes ou chapitres, en marge.
  • compositions décoratives : bordures, bandeaux, cartouches (avec une inscription), fins de ligne, signes de paragraphe, drôleries ou grotesques (créatures oniriques monstrueuses ou comiques, dans les marges, les en-têtes et pieds de page)...
  • initiales ou lettrines (simples ou ornées).
  • signes divers (il ne s'agit pas d'enluminures proprement dites, mais certains de ces signes ont une valeur esthétique qui leur ouvre une place dans cette nomenclature) : signes de pagination, d'oublis ou de fautes dans les marges, annotations...

Les premiers manuscrits enluminés sont les ouvrages de l'Egypte pharaonique, constitués de papyrus et en forme de rouleaux plus ou moins longs. Le Livre des Morts d'Ani (British Museum) mesure 24 mètres, et le manuscrit de Turin environ 58 mètres.

L'enluminure occidentale utilise le parchemin. Le papyrus est très fragile et boit facilement l'encre et les couleurs. Le parchemin est beaucoup plus résistant et offre plus de possibilités à la création artistique du fait qu'il supporte mieux l'action chimique des encres et des couleurs

Le parchemin le plus apte à recevoir un texte calligraphié et enluminé est préparé à partir de peaux d'animaux maigres, comme le mouton et la chèvre. Dans les périodes de grande production, liées à l'essor des universités dans les villes, les différentes étapes de la fabrication sont confiées à des corps de métiers spécifiques : mégisserie, chamoiserie et parcheminerie.

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Le plus beau parchemin est le vélin qui désigne les peaux des animaux mort-nés (veau, agneau, chevreau). Les manuscrits sur vélin étaient les plus rares et les plus chers. De nos jours encore, le vélin de veau est le seul support utilisé par les Juifs pour copier la Torah.

On appelle volumen le livre formé d'une feuille unique faite de plusieurs feuillets cousus à la suite les uns des autres, et enroulée sur elle-même ou sur un bâtonnet de bois. Le mot vient du latin volvere, rouler, enrouler.

Le codex est un livre à pages cousues, qui apparaît au IIe siècle. Il représente un progrès remarquable par rapport au volumen :

  • le codex contient deux fois plus de texte puisqu'on peut écrire sur le recto et le verso ;
  • il est plus facilement transportable, maniable et entreposable ;
  • sur le plan intellectuel, le codex présente d'énormes avantages dans la mesure où il facilite la « navigation » du lecteur dans le texte : le volumen rend difficile le retour en arrière, la recherche d'un passage, ce qui permet à la lecture sélective de se répandre. Le texte devient donc plus précis, les citations plus exactes ;
  • on voit apparaître de nouvelles techniques de mise en relation, comme les tables de concordances, les gloses et les notes ;
  • le codex permet le regroupement de textes dans une même reliure ;
  • l'enluminure se développe mieux dans le codex en parchemin que sur le volumen en papyrus.

Néanmoins, le codex ne fait pas disparaître le volumen enluminé. Ainsi, dans l'abbaye Saint-Bavon de Gand, un volumen datant de 1406 et comportant une belle enluminure historiée est conservé. Mais généralement les rouleaux tardifs ne sont pas enluminés : ils sont utilisés pour des généalogies, des chroniques, des inventaires, des pièces de procédure, etc.

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Dans le codex, les lignes étaient ensuite tracées au stylet à espaces réguliers, sur toute la page. La trace en reste visible. Le texte était ensuite copié en réservant des espaces pour les titres, les initiales et les images. On trouve encore dans les marges de légères ébauches de lettrines ou d'images destinées aux artistes.

Encres :

  • Encre rouge : à base de minium (oxyde de plomb).
  • Sépia (brun très foncé), du mot latin qui désigne la seiche dont le liquide fournit cette encre. 
  • Noir : dissolution du noir de fumée dans de l'eau ou de la noix de galle du chêne mêlée au vitriol et à la gomme arabique.
  • Bleu : oxyde de cobalt, poudre de lapis-lazuli (extrêmement coûteuse), azurite (carbonate de cuivre).
  • Rouge vif et orangé : sulfure de mercure (on utilise le terme cinabre lorsque son origine est minérale, et vermillon lorsqu'il est artificiel).
  • Rouge orangé mat : orpimento et réalgar, qui sont des sulfures d'arsenic.
  • Vert : à base d'argile ou de composés de cuivre.
  • Jaune : à base d'or pur et de safran.

Les couleurs de fond peuvent être obtenues à partir de produits végétaux, animaux et minéraux : fleurs, racines, cochenilles, coquillages, foies d'animaux, urine, lapis-lazuli. Les peintres peuvent utiliser de la graisse animale, qui permet d’obtenir un mélange flasque et visqueux. C’est la meilleure façon pour eux d’obtenir un mélange qui résiste au grand froid. Les étapes :

  1. On remue la graisse de manière à ce qu'elle soit totalement homogène,
  2. On ajoute quelques produits chimiques qui permettent de lui donner la couleur désirée,
  3. La graisse est ensuite un peu conservée dans un endroit frais,
  4. Ensuite elle est à nouveau malaxée puis étalée sur un grand plateau afin qu'elle forme une plaque fine,
  5. On l'ajoute ensuite dans la pâte qui sera plus tard le parchemin.

On utilisait des liants et des colles pour permettre à la couleur d'adhérer sur le parchemin : colles de poissons, blanc d'oeuf (auquel on ajoute de la poudre de clou de girofle pour assurer la conservation), résines, gommes (surtout la gomme arabique), etc.

Les couleurs se mélangent mal, et souvent ne se mélangent pas du tout. L'artiste travaille « ton sur ton » après séchage, et joue avec les liants pour obtenir les nuances à partir d'un même pigment.

Jusqu'au XIVe siècle, avec l'apparition de la gouache, la peinture est obligatoirement cernée d'un trait d'encre dessiné à la plume ou au pinceau.

Cet art perdure, pour la seule beauté de sa pratique. L'enluminure se fait toujours sur parchemin chez la plupart des artisans. Après son achat, il faut préparer le parchemin en le ponçant afin de dégraisser totalement la surface. Le dessin est préparé à part et est retranscrit sur le parchemin dans un deuxième temps. Lorsque le dessin est positionné, il faut passer une couche de colle de vessie d'esturgeon, qui permettra par la suite à la peinture d'adhérer. Vient ensuite l'étape de l'enluminure à part entière, à savoir la pose des feuilles d'or, puis des couleurs.

D'après Wikipédia


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