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Oslo – Norvège 5

Par Aurealisations

P1030533Aurélie en mode Oui, alors… Ça fait longtemps, je vous l’accorde… Mais est-ce une raison pour ne pas reprendre et terminer ce récit de voyage ?

Petit rappel : après Bergen et Stavanger, nous nous apprêtons à retourner à Oslo, point de départ éclair de notre épopée en Norvège.

Seulement… De Stavanger à Oslo, il y a plus de 8h de train… En outre, nous avions choisi un train de nuit car, à 25 euros le trajet, cela nous avait semblé plus qu’alléchant sur un budget peu extensible. Toutefois, malgré la nature nocturne de notre voyage, nous n’avions pas pris l’option couchette (qui aurait fait tripler ledit tarif attractif). Je crois que nous espérions plus ou moins toutes les deux que le voyage ne serait pas flippant et que nous veillerions tour à tour pour « monter la garde ».

Nos inquiétudes concernant une éventuelle nuit dans des conditions spartiates furent plus ou moins balayées dès notre arrivée dans le train où nous nous extasiâmes sur une surprise totalement inédite dans toute l’histoire de nos voyages, en France ou à l’étranger. Sur chacun des sièges trônait un petit paquet plastique avec, à l’intérieur, tenez-vous bien, un plaid polaire gris, un masque de nuit, des bouchons d’oreille et… un oreiller gonflable. 25 euros les 8h de trajet et on vous offre un petit pack Confort nuit en prime… La petite attention suprême qui a fait chavirer nos cœurs de voyageuses peu habituées à un « luxe » qui s’apparenterait à de la première classe ++.

De surcroît, une Française qui rentrait au bercail après avoir passé plusieurs mois en stage de biologie en milieu nordique nous expliqua que si nous n’en avions plus l’utilité à la fin du voyage, la société ferroviaire procédait au nettoyage des produits pour les redistribuer à des associations venant en aide aux personnes démunies. Que redire à ça ? Entre Ikea, Neutrogena, les fjords et le recyclage, on en oublierait presque l’industrie pétrolière dans le paysage…

Vinrent s’ajouter à nos trois têtes de Françaises (déjà une bonne moyenne statistique pour un wagon en gare de Stavanger), une demi-douzaine… d’autres Français. Etudiants pour la plupart. A la majorité, nous votâmes d’ailleurs pour que les cadres responsables de la qualité produit de la SNCF viennent effectuer un petit stage d’observation en Norvège, histoire de leurs donner de bonnes idées.

8 heures donc, ponctuées d’une trentaine d’arrêts… 8 heures au bout desquelles nous fûmes débarquées dans une gare paumée à une heure d’Oslo (pour cause d’avarie technique) pour prendre un bus qui allait enfin nous mener à bon port. Bus dans lequel, nous pûmes écouter du… Edith Piaf. Dans la langue de Molière. La chanson française, au top sur les radios norvégiennes…

Arrivées à Oslo, nous avions encore une demi-heure de marche devant nous avant de poser nos bagages dans la charmante auberge de jeunesse qui nous avait accueillies lors de notre première nuit en sol viking. Un peu dans le brouillard et un peu fatiguées de notre semaine, nous décidâmes de prendre un petit déjeuner sur la route menant à l’auberge, en plein centre-ville de la capitale. Il était 8 heures, un samedi matin. Nous pensions avoir l’embarras du choix. Que nenni. Rien. Nada. Aucun bistrot, aucune boulangerie, aucun café d’ouvert. Niet. Nothing.

Ici s’exprime un état d’esprit propre aux Norvégiens. Nous avions déjà compris que leur niveau de vie « normal » correspondait à un niveau de vie que nous qualifierions nationalement de « très correct ». Seulement, ce niveau de vie, couplé au fait qu’il fait nuit/jour 6 mois d’affilée par an (et on se rend bien compte de combien l’obscurité de la nuit est essentielle pour nos yeux dans un pays où le soleil ne descend presque plus sous la ligne d’horizon de la journée et qu’il n’y a pas de volets ni même de rideaux occultants aux fenêtres), a une conséquence : le travail, ce n’est pas leur vie. Aussi les points de restauration n’ouvrent qu’à 10 heures au mieux le matin. Les magasins ferment quant à eux aux alentours de 18h en semaine et de 17h le week-end, lorsqu’ils sont ouverts. Le message ? Vous nous excuserez mais le travail ce n’est pas toute notre vie, nous avons également d’autres choses à faire de notre côté. Comme… vivre, par exemple. Des horaires d’ouverture impensables à Paris. Imaginez deux secondes qu’aucune brasserie ne soit ouverte à 7h dans la capitale française. Imaginez que le Marais n’offre que des rideaux baissés à 17h le samedi. On sent clairement que faire de l’argent n’est pas leur priorité. Vivre l’est. Et vivre bien. Confortablement, comme en témoignent ne serait-ce que tous les plaids disposés sur les dossiers des chaises des restaurants pour éviter qu’une petite fraîcheur ne vous tombe sur les épaules pendant votre dîner. Y’a pas à dire, ils savent vous faire fondre ces Norvégiens !

Quoi ? Vous auriez peur de ne plus retrouver vos plaids après quelques soirées ? Pas en Norvège. Comme nous l’a dit l’étudiante dans le train de nuit : « Ici, vous ne craignez rien. Les gens sont honnêtes. C’est la Norvège ». A croire sur parole… ou non. Mais je n’ai pas constaté que beaucoup de plaids manquaient à l’appel sur les terrasses de restaurants. Et, au vu de la généralisation du phénomène, les commerçants n’auraient pas pérennisé le système s’ils avaient dû régulièrement remplacer plus d’un certain pourcentage de plaids volés/dégradés. Ce qui m’amène à une autre caractéristique nordique : le contrat mutuel tacite qui semble régir les relations entre les habitants et leur ville : on s’offre un cadre de vie agréable et pratique, mais on ne dégrade pas. On donne, vous donnez. Et on roule comme ça, deal ? Deal !

Bon, trêve de papotage descriptif et théorique, passons à la partie « culturelle ». Après avoir vu fondre sur moi une mouette descendue du ciel toutes papattes orange ouvertes qui en voulait au hamburger entamé que j’avais dans les mains, nous avons donc visité la Galerie nationale. Un musée à taille humaine (traduction : deux heures suffisent amplement) et dont la collection est carrément impressionnante… d’impressionnisme. Outre Le Cri de Munch, on y retrouve une sacrée flanquée de tableaux de grands maîtres de la mouvance susmentionnée : Monet, Manet, Cézanne,  Morisot, et j’en passe. A ne pas rater !

Deuxième visite d’envergure : le Parc Vigeland où plus de 200 sculptures en bronze incarnent les relations humaines. Un must see (même si réussir à éviter les touristes sur vos photos demande beaucoup de patience)… Instant photo :

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Enfin, pour conclure notre voyage, nous sommes passées par la Cathédrale d’Oslo. Entendons-nous bien sur le mot « cathédrale ». Il s’agit, selon nos critères habituels d’évaluation, d’une grande église, soyons honnêtes… Mais une grande église qui a du style. Et pas seulement à cause des températures qui imposent le remplacement de la pierre froide par une association de bois et de parquet, ce dernier étant également recouvert de tapis pour tenter de retenir la maigre chaleur générées par les bougies… Je vous laisse juge :
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Voici qui clôture notre épopée d’une semaine en Norvège, un voyage qui vaut le détour, dont j’avais besoin et qui m’a fait beaucoup de bien.

Un bol d’air frais, un retour aux sources, une relativisation universelle, un recentrage spirituel et des souvenirs plein la tête !



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