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Recevoir un diagnostic à l’âge adulte, ça ne change pas le monde, sauf que... #TDAH #jeudiconfession

Publié le 04 février 2016 par Mamanbooh @mamanbooh
La pomme ne tombe jamais loin de l’arbre comme dit l’adage. Le genre de phrase toute faite qui m’embêtait étant plus jeune. Faut croire qu’en vieillissant, on change notre façon de voir les choses. Et de les comprendre.

tdah adulte Julie Philippon

Moi, quand mon cerveau bouillonne trop!


Pour un article, on me demandait une photo de moi étant jeune et mercredi après-midi, j’ai passé au travers plusieurs boîtes de photos. Premièrement, j’ai remarqué que j’étais souvent derrière la caméra et/ou en action, la bouche croche !
Plongée dans mes souvenirs, j’ai essayé de me rappeler comment cela se passait pour moi, mon attitude, mon caractère, mes relations, etc. Quelle petite fille j’étais, comment j’ai vécu mon primaire puis mon secondaire et enfin mes études supérieures.

Enfin, je me questionne, depuis quand j’ai un TDAH ?


Officiellement, depuis mes 40 ans. J’ai eu mon diagnostic quelques semaines avant le décès de mon père, j’ai même commencé une médication le jour de son départ. Ça a donc pris un peu de temps avant d’associer les changements positifs à la prise de psychostimulants alors que je vivais une tempête intérieure, épuisée par cette charge émotive qu’on vit lorsqu’on accompagne un mourant.
J’ai toujours été une personne vive, qui a mille idées, qui parle, jase, questionne, griffonne, se passionne, etc. À la maternelle, je racontais des histoires aux autres amis, en 6e année, je remplaçais la secrétaire lorsqu’elle était absente. En secondaire 5, j’étais dans presque tous les comités de l’école.
Je ne connaissais pas la fatigue, « The Sky is the limit » ! J’avais des bonnes notes, je n’étais pas vraiment tannante, juste un peu « dérangeante » peut-être ? J’avais de la difficulté à lever la main AVANT de parler. Je perdais pas mal tout, j’avais de la difficulté avec les délais (remettre les travaux aux bons moments) et quand les factures ont commencé à rentrer, c’est devenu plus complexe. Le temps ? L’espace ? L’argent ? Trois notions abstraites pour moi.
J’ai commencé à travailler à 11 ans les étés, à 14 ans, je vendais des ballons gonflés à l’hélium aux marchés au puces les week-ends entre les cours de natation. Chaque nouveau projet, bourse, stage, etc. était un prétexte pour voyager, vivre de nouvelles expériences, aller voir ailleurs.

Étais-je si différente des autres enfants ?


Je ne le croyais pas. Peut-être finalement. J’avais beaucoup d’énergie, j’étais une petite tornade, curieuse, qui aimait la vie et qui voulait toujours en apprendre plus, en découvrir encore et encore. De bonne humeur, mais terriblement sensible, ô si sensible j’étais et je suis toujours. Animée aussi pas des peurs, peur de décevoir, peur des conflits, peur de la chicane, peur des conflits, peur des gens colériques ou agressifs. Étais-je si différente? Mais ne nous le sommes pas tous?

Ces peurs venaient avec des mécanismes de défense pour me protéger. Aller au-devant des attentes pour ne pas décevoir, ne pas recevoir de « non », de rejet, etc. Penser à tout, avant, pendant et après. Anticiper. Compenser encore. Adapter. S’adapter encore et encore. Vive la créativité !

40 ans, est-ce que c’est trop tard pour recevoir un diagnostic?


Mes enfants ont eu leurs diagnostics vers 7 ans. J’ai commencé à me questionner en même temps que je remplissais les questionnaires lors des évalutions. Pourtant, je connaissais déjà les grilles de Connerspour les avoir complétées plusieurs fois pour mes élèves.
Une amie avec qui j’ai travaillé longtemps m’a aussi pistée, nous formions une équipe de feu : elle était rigoureuse, travaillante, organisée, responsable, ponctuelle et moi, j’avais les idées, j’étais toujours partante et enjouée, prête à créer de nouveaux projets. Je suis une vraie boîte à idées! Ça n’arrête pas.
 #TDAH #adulte Julie Philippon

Quand j’ai lu le livre, Mon cerveau a encore besoin de lunettes, d’Annick Vincent, j’ai eu une révélation : je me suis reconnue, j’ai fait des liens et j’ai compris. Ô que j’ai compris tellement d’affaires.
Les premières fois que j’en ai parlé avec mon docteur, j’ai mille raisons d’être distraite, de manquer de concentration, perdre des objets, oublier des détails, des rendez-vous, des choses importantes, avoir de la difficulté à prendre des décisions, etc.
J’accompagnais mon père malade, qui avait la SLA, j’étais prise en sandwich entre les besoins de mes enfants (qui ont plusieurs) et ceux de mon père, comme sa seule proche aidante.
Pour voir une vidéo, Aidants familiaux, on rit de nous, publiée chez LaPresse c'est ici
C’était beaucoup trop et assez pour avoir des symptômes similaires au TDAH, la dépression et la fatigue. Quand l’état d’urgence qui m’habitaient un peu, j’ai finalement fait les évaluations et j’ai reçu mon diagnostic.

Qu’est-ce que ça change de savoir?


Ma première réflexion? J'ai un TDAH, je ne suis pas « juste pas bonne » parce que c’est ce qui blesse le plus, de ne pas arriver à fonctionner comme on le devrait, ça te vide une estime de soi, c’est incroyable.
Pourquoi? Parce que comprendre, c’est tellement important, c’est la base. Et quand on comprend, ça n’excuse pas, mais ça explique, on peut alors passer à l’action, faire des changements, réfléchir, observer puis s’enligner.
Pour voir une vidéo publiée chez LaPresse, Un diagnostic qui change une vie, c'est ici 
Et que c’est ce qui fait toute la différence, j’ai un problème? Ok, maintenant que c’est clair, que ça porte un nom, je fais quoi? Je m’organise, je trouve des trucs et des stratégies et surtout, je les applique. Quelles soient chimiques (médication) ou physiques (ex. utiliser un planificateur), je m’outille pour aller mieux! Puis je me pardonne, j’essaye d’être bienveillante tout en sensibilisant mon entourage, une autre étape vers l’acceptation.

Recevoir un diagnostic à l’âge adulte, ça ne change pas le monde, sauf que ça permet de mettre un nom sur un bobo et surtout d’aller mieux!

Qu'en pensez-vous? 
http://www.lapresse.ca/debats/votre-opinion/201310/21/01-4701960-un-diagnostic-qui-change-une-vie.php

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