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Balavoine-s

Publié le 05 février 2016 par Lordsofrock @LORDS_OF_ROCK

Balavoine-sJ’avais beaucoup hésité à parler de ce disque. J’ai même hésité à l’acheter. C’est dur de chanter Daniel Balavoine, d’avoir son interprétation ou de passer juste derrière. Certains de ces titres ont été enregistrés il y a presque 40 ans, et sont peut-être un peu datés pour le jeune public. Seulement « peut-être », car cela pourrait être un vrai sujet tant Daniel Balavoine se préoccupait du son. Il faut dire que des disques comme Génération Goldman ou Génération Renaud ont fait connaitre ces artistes auprès des jeunes. Oui, c’est ainsi ! A une époque où Spotify, Deezer et Youtube diffusent gratuitement et légalement de la musique à volonté, la jeune génération ne connait pas les classiques ! Il faut dire que je suis le parfait contre-exemple, toujours à fouiller pour dénicher des trésors. Bref, passons sur ces digressions qui en disent long sur notre période musicale à la fois si riche et si pauvre, tellement différente à celle où ces titres furent enregistrés pour la première fois !

L’intérêt d’un disque hommage comme je le disais, est de faire connaitre auprès d’une nouvelle génération des chansons moins connues ou plus anciennes par de jeunes ambassadeurs. On retrouve donc la génération actuelle tels que Zaz, Nolwenn Leroy, Marina Kaye, Shy’m ou Emmanuel Moire. Et dans les talents confirmés par « quelques » années de pratique, on retrouve Florent Pagny et Christophe.

Qu’est ce qui fait une bonne reprise ? Pour moi, il ne s’agit pas de faire une simple imitation, mais une réappropriation de la chanson, où l’on donne une lecture différente mais pas contradictoire. A mon grand étonnement, Zaz réussit parfaitement l’une des chansons préférées du public « Tous les cris les SOS », qui n’a jamais été un single de Daniel Balavoine et qui a toujours été massacré lors de ses reprises. Sa voix colle parfaitement et l’arrangement musical tient la route. Ours réussit assez bien son exercice en reprenant « Je suis bien ». D’ailleurs, son choix de chanson est salué car ce single est inconnu (mais vraiment sympathique). Christophe s’en sort avec les honneurs. S’il a des points communs musicaux avec Daniel Balavoine, il réussit à créer un univers sonore intéressant, une ambiance, qui dépoussière le côté plus « variété » de l’original.

Balavoine-s

Dans les moins réussies, on trouve Marina Kaye s’attaquant en anglais (ah les polémiques que j’ai pu lire là-dessus) à la chanson « SOS d’un terrien en détresse ». N’ayant pas les capacités vocales pour descendre ou monter dans les extrêmes, elle triche avec les octaves, et la chanson perd son intérêt dans la virtuosité. Mais son interprétation vocale tient la route. Nolwenn Leroy s’en sort moyennement avec sa version de « L’enfant assis attend la pluie ». C’est un peu plat, trop plat pour ce qu’elle sait faire,  et elle nous l’avait prouvé lors de la soirée TF1 de janvier 2016 (qui n’était qu’une longue publicité pour ce disque, mais passons…) avec une émotion bien plus appropriée ! Florent Pagny ne nous laisse pas indifférent avec sa version de « La Vie ne m’apprend rien », mais … il manque un peu de subtilité. Alors que d’autres sont trop mous, lui est un peu trop emporté… C’est juste génial dans les refrains, mais dans les couplets, il aurait du marquer un peu les contrastes. Damien Lauretta s’en sort bien vocalement avec « Quand on arrive en ville », mais l’arrangement musical ne met rien en valeur. Je me souviens d’une version rock/metal de David Hallyday qui en envoyait davantage ! Vraiment dommage. Une petite déception aussi pour Jenifer, qui nous avait habitués à mieux. Faire chanter « Mon fils ma bataille », qui est bien l’un des rares hymnes à la paternité, par une femme, c’est un contresens : cette chanson abordait en 1980 un thème plutôt tabou. L’arrangement et l’interprétation n’apportent rien d’inoubliable. L’« Aziza » en reggae, c’était une idée originale, mais le résultat me laisse un peu froid. Sur le plan du texte, il n’y a pas de contresens. Féfé et Mokobé sont à fond dans l’interprétation et rajoutent même du texte ; et pourtant… la mayonnaise ne prend pas. Emmanuel Moire est sans doute celui qui prend le moins de risques dans sa reprise du « Chanteur ». Mais bon, si c’est pour avoir une copie conforme, je choisis l’original.

Dans les ratés, Bessa reprend « Partir avant les miens ». Je laisse de coté les polémiques parlant d’un coté prémonitoire de cette chanson ; mais là, l’arrangement électro est un vrai contresens à la douceur et la tendresse, de ce moment de recueil d’un enterrement. Quand à la voix… ce n’est juste pas maîtrisé. Nous avons l’impression qu’elle n’a juste pas compris ce qu’elle chante ! Raphael ne réussit pas à nous transporter avec sa version de « Soulève-moi ». Le coté quatuor à cordes en arrangement assez doux pendant toute la chanson ne marque pas les contrastes. Quant à son interprétation, c’est du Raphael, c’est mou, ca marche pour ses chansons, mais pas pour du Balavoine. « Pour la femme veuve qui s’éveille » est sans doute l’une des chansons les plus difficiles à reprendre, tant l’original est travaillé sur le plan sonore et reste un ovni dans le paysage musical français. L’arrangement est juste sans intérêt. Il correspond à l’univers de Josef Salvat, mais ce changement sonore a autant d’intérêt que du Victor Hugo traduit en langage SMS ! Et le copier/collé final ne sert juste à rien, et encore une fois, fait un contresens à l’idée originale ! Il rate ce que Christophe a réussit dans le changement sonore. Cats On Trees ne nous convainc pas non plus qu’ « Aimer est plus fort que d’être aimer ». Là encore, comme Raphael, son interprétation douce cumulée à un arrangement calme ne fait rien ressortir ! C’est plat. Ca ne tient aucune comparaison avec l’original. Shy’m se colle à un autre gros succès, tout aussi difficile sur le plan sonore, « Vivre ou survivre ». L’original marquait une rupture sonore, entre musique synthétique et musique rock et un texte vraiment sombre. Shy’m transforme ceci en tube un peu électro, mais beaucoup trop joyeux et enjoué. C’est sympathique, mais c’est hors de propos. A-t-elle compris ce qu’elle chantait ? Cléo finira ce disque par une version très, mais alors très personnelle de « Dieu que l’amour est triste », chanson également moins connue, qui compile tous les défauts du disque une dernière fois : arrangement musical électro faisant un contresens à l’univers de la chanson, interprétation trop enjouée au point où l’on devine que la chanteuse n’a rien compris à ce qu’elle chantait. D’ailleurs elle prend tellement de liberté sur le plan musical qu’il en devient difficile de reconnaitre l’original.

Balavoine-s

Alors, non, je ne vais pas conclure en répétant ce que j’ai trop souvent lu, qu’on prend des artistes sans talents et qu’on les parachute dans ce projet ! Certains se sont trompés de disque en effet, d’autres par contre ont au moins essayé. Mais il y a une différence de style, d’époque, de manière de chanter. Actuellement, on a malheureusement trop peu de Sia qui se donne à fond vocalement. On ne pourra jamais reprocher à Daniel Balavoine d’être mou vocalement, et ce, même dans des démos parues récemment ! Ces chanteurs parfois débutants (certains n’ont même pas d’album) sont bons dans ce qu’ils font, mais ne tiennent souvent pas à la comparaison vocale avec l’original. Il me reste quand même l’image de producteurs en mal d’inspiration, lançant leurs poulains sur des projets inadaptés, histoire d’exploiter commercialement un filon d’anniversaire de disparition et de les occuper. De plus on annonce qu’une partie des bénéfices sera reversé à l’association Daniel Balavoine. Bon, un euro par disque, c’est une partie, mais ca ne fait même pas 10 % ! Bref, l’aspect commercial de ce disque m’insupporte d’autant plus qu’il n’est musicalement pas très réussi. Par chance, quelques artistes s’en sortent bien mieux, et pas forcement les plus anciens. Mais je vous le confirme, préférez l’original, si possible en live. C’est une autre génération, une autre façon de penser la musique même, mais bon, c’est Daniel Balavoine, quoi !
Et c’est promis, je vais arrêter de m’occuper des disques des majors, et retourner vous parler de talents actuels moins médiatisés qui méritent votre écoute attentive !



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