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Trois cent soixante-dix-sept

Publié le 09 février 2016 par Mentalo @lafillementalo

Je connais les horaires de la danse de la musique du tennis, ceux du bus du lundi vendredi, celui quotidien des grands, toujours en avance et celui des petits, toujours en retard. Les numéros et les heures des trains qui s'éloignent et des avions qui s'en vont. Ceux des retours, aussi.

J'ai noté les horaires de l'école du collège du lycée, celui du supermarché et de la médiathèque et du musée, de la déchèterie et de la boulangerie. Je connais le modèle des pneus avec tous leurs numéros, mon numéro d'immatriculation, comme s'il s'agissait de moi et non d'un tas de tôle finalement.

Je connais la taille des lits, et donc des draps, des couettes et des housses de couette. Leur épaisseur, la fine pour l'été, la moelleuse pour l'hiver. La température de lavage du pull précieux, du sweat préféré.

Je connais le numéro des impôts et de la sécurité sociale, petite fourmi au milieu des autres millions de zéros. J'ai retenu les dates d'anniversaire des parents des enfants des amis. Les numéros du chéquier et des cartes bancaires, les numéros de compte et ceux de code secret.

Je connais les mots de passe chiffrés pour entrer, pour travailler, pour consulter, pour remplir en ligne, pour commander regarder écouter lire, pour écrire, pour payer.

Je connais les numéros de téléphone utiles et ceux qui le sont moins, ceux que je n'ai pas oubliés de cette autre vie d'avant, je ne sais pourquoi ils restent notés là.

Je sais les montants de ce que je dois et ceux que je reçois, ceux qui attendent encore les jours meilleurs. J'aligne froidement des chiffres qui font des nombres imprononçables et je ne les vois plus.

Je connais les âges les bougies à mettre sur le gâteau les poids et les tailles, celles des pantalons des pulls des soutien-gorge des chaussures. Je retiens les dates les heures des rendez-vous des dîners des sorties où on n'oubliera pas le repas tiré du sac et les bottes en caoutchouc s'il pleut, les casquettes s'il fait chaud.

Je me retiens de compter mes pas mais je compte les mailles, et je monte trop souvent sur la balance.

Je règne sur un monde de chiffres. Si peu de mots dans nos vies.

Trois cent soixante-dix-sept
Nombre de mots: Trois cent soixante-dix-sept.

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