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MINIATURES PERSANES : LES ILKHANS (XIVe)

Publié le 10 février 2016 par Aelezig

Les invasions mongoles du XIIIe siècle changent irrémédiablement le cours de l'histoire de l'Iran. Elles se produisent en deux vagues. Vers 1220 les armées du khan Tchinguiz détruisent la façon de vivre et le prospérité du nord-est de la Perse et dans les années 1250 les armées de Houlagou envahissent les terres du Khawarezmsha et cessent seulement de guerroyer lorsqu'elles atteignent la Palestine après la bataille d'Aïn Djalot en 1260. Après s'être emparé de Bagdad et avoir emprisonné le dernier calife en 1258, Houlagou concentre son pouvoir en Mésopotamie, en Perse et en Anatolie. Il fait de Maragha sa capitale (au nord-ouest de l'Iran), puis la capitale est transférée à Tabriz. Il fonde la dynastie des Ilkhans, tributaire du grand khan Kubilai, souverain de la Mongolie et de la Chine

Les Mongols ont amené avec eux des artistes chinois. C'est ainsi que l'on remarque dans les miniatures de l'époque des visages typés avec des yeux en amande, une façon de se vêtir et des espaces ordonnés à la manière chinoise qui diffèrent totalement de l'espace plat du manuscrit de Varka et Goshah. La peinture chinoise pouvait alors s'enorgueillir d'un millénaire d'existence avec de nombreux courants artistiques. Les premières productions de l'ère des Ilkhans sont plutôt éclectiques avec des influences arabes ou chinoises souvent mélangées dans une seule œuvre.  

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L'une des plus anciennes est le Bestiaire (Manafi al-Hayawan) d'Ibn Bahtish, composé entre 1297 et 1299 à Maragha. C'est la traduction d'un traité arabe en persan commandée par Ghazan Khan. On y trouve quatre-vingt-quatorze miniatures, mélangeant le style des miniatures arabes du XIIIe siècle, des motifs issus de la céramique persane et des innovations à la chinoise. Ainsi les arbres sont représentés à la façon de ceux des Song du Sud.

En plus de la bibliothèque du khan, il existait au XIVe siècle plusieurs ateliers destinés à un public raffiné dans les grandes villes de l'Ilkhanat. On connaît aujourd'hui trois versions du Livre des rois issues de Chiraz ou de Tabriz des années 1300 à 1340. Ils sont de petit format, sans or, et d'une illustration plutôt grossière, mais les artistes se sont sentis suffisamment libres pour remplir tout le champ de la page. Ce sont les exemplaires connus les plus anciens du Livre des rois.

Les œuvres les plus importantes de cette époque sont deux manuscrits de l'Histoire universelle et Le livre des rois de Demotte au Louvre.

Le Djami at-tawarih (Recueil de chroniques ou histoire universelle) a été composé par le vizir savant, Rachid, sous le règne de Ghazan Khan. C'est un ouvrage luxueux sur l'histoire depuis la création du monde en langue arabe et en langue persane qui devait être copié dans toutes les grandes villes afin d'affermir le pouvoir du khan. La bibliothèque du vizir à Tabriz occupait tout un quartier avec deux cent-vingt savants, calligraphes, artistes, etc. qui prirent part au projet. Vingt copies ont été produites pendant la vie de Rachid ; mais il ne nous en reste que deux fragments. Les miniatures de ce manuscrit sont peintes à la manière prisée par la cour mongole dont le format horizontal rappelle les peintures chinoises. Les thématiques sont fort diverses, représentant aussi bien Bouddha ou des empereurs chinois, que des combattants arabes.

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Le Livre des rois de Demotte (du nom du marchand qui en a vendu les pages après l'avoir dépecé) est un exemplaire qui a provoqué des discussions entre experts à propos de sa datation. La majorité considère qu'il a été composé à la fin du règne d'Abou Saïd dans les années 1330. Les miniatures sont d'un style éclectique avec une grande maîtrise artistique et un rendu de l'expression à satiété. Cela est particulièrement visible dans les scènes tragiques qui sont nombreuses dans l'œuvre de Firdoussi. Les feuillets sont dispersés dans plusieurs musées du monde et collections privées.

C'est de l'époque de l'Ilkhanat que sont arrivées jusqu'à nous les premières signatures des artistes persans. Doust Mohammad, érudit, calligraphe et peintre du XVIe siècle mentionne dans son traité (1545-1546) le maître Ahmad Moussa « qui a levé le voile de la figuration ». Il cite également ses successeurs, comme Daoulat Yar ou Chams ad-Din. La période mongole a été très importante pour le destin de la peinture classique persane. Le mélange d'éléments persans, chinois, arabes et byzantins, nonobstant l'éclectisme du résultat, a ouvert la voie à une synthèse picturale plus fine qui s'est produite à la fin du XIVe siècle.

D'après Wikipédia


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