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Critiques Séries : Baron Noir. Saison 1. Pilote & Episode 2 (France).

Publié le 10 février 2016 par Delromainzika @cabreakingnews

Baron Noir // Saison 1. Episodes 1 et 2. Jupiter (Pilote) / 1932.


La fiction politique a le vent en poupe. Après Les Hommes de l’Ombre (France 2) et avant Marseille (Netflix France), Canal + se lance dans le thriller politique avec Baron Noir, une série ambitieuse qui veut montrer à chaque fois qu’elle a les tripes nécessaires pour tenir tout au long du chemin ses promesses. Eric Benzekri (16 ans pou presque, Les lascars) et Jean-Baptiste Delafon (16 ans ou presque, Maison Close) ont eu envie de raconter une histoire forte avec des personnages qui en imposent. Entre trahisons, cynisme politique et mésalliances, Baron Noir joue sur plusieurs terrains et sait très bien dans quelle direction elle veut aller. C’est ici une vraie chronique mordante que Canal + nous offre, sortant de certains carcans afin de nous plonger dans les coulisses de la politique. C’est une façon de nous montrer à quel point la politique est un monde obscène, comme on le sait déjà depuis des années. Baron Noir est une série intelligente car justement elle sait que la politique intéresse de plus en plus les français et que ces derniers ne sont pas bêtes. Ils savent que ce c’est. Les Hommes de l’Ombre par exemple était à côté une chronique beaucoup plus facile et scolaire. Pas ce que j’ai préféré, en somme.

L'épopée politique et judiciaire de Philippe Rickwaert, député-maire du Nord, porté par une irrépressible soif de revanche sociale. Lors de l'entre-deux tours des élections présidentielles, il voit son avenir politique s'effondrer lorsque son mentor, le candidat de gauche, le sacrifie pour sauver son élection. Déterminé à se réinventer une carrière, Philippe va utiliser élections et temps forts politiques pour s'imposer pas à pas, contre celui qui l'a trahi, mais fort d'une alliance nouvelle avec la plus proche conseillère de son ennemi.

Du coup, on se retrouve avec un série à l’allure parfois inquiétante, qui vient nous raconter comment on peut manipuler tout le monde, comment on peut trafiquer des élections, etc. et gagner haut la main sans problème à la fin. Mais derrière le côté inquiétant de chacun des personnages, c’est une série qui sait aussi très bien jouer avec ses personnages, jonglant entre les personnalités fortes de chacun. Afin de les incarner, les producteurs ont fait appel à deux têtes du cinéma français : Kad Merad (Bienvenue chez les Ch’tis) et Niels Arestrup (96 Heures). Le face à face entre les deux hommes n’est pas encore mis en avant dans ces deux épisodes. Le premier est avant tout là pour placer l’histoire et les personnages, la suite est légèrement différente. « Jupiter » se concentre alors sur l’entre-deux tours de l’élection présidentielle et c’est le candidat socialiste, incarné par Niels Arestrup, qui gagne l’élection. Il est soutenu par le député-maire de Dunkerque, Philippe Rickwaert, incarné par Kad Merad. Ce dernier est notre héros, celui qui nous introduit à la politique sans que cela ne soit la politique pour les nuls. Je pense que Baron Noir sait de quoi elle parle et surtout, que le téléspectateur est suffisamment intelligent pour voir le discours tenu comme fort et riche.

L’avantage de Baron Noir est aussi de ne pas vouloir se fondre dans un moule. Ce n’est pas une série qui cherche à être américaine, ou bien la version française de House of Cards. La mise en scène est sobre, sombre et sans tics. C’est d’une grande aide afin de se plonger rapidement dans ce monde qui n’est pas si facile à cerner au premier abord. Il y a plein d’enjeux, notamment avec Rickwaert, sa relation avec Laugier mais aussi tout ce que Rickwaert a pu faire afin de couvrir ses arrières (notamment toutes ces histoires de gros sous que l’on pourrait voir comme des pots de vin). Quelques moments de battement dans « Jupiter » suggèrent que Baron Noir pourrait avoir des problèmes à gérer le rythme à un moment donné mais « 1932 » nous rapproche peut-être un peu plus de ce à quoi Baron Noir va ressembler par la suite. Et j’aime bien ce à quoi la série pourrait justement bien ressembler par la suite, ce qui est rassurant, d’autant plus que tout le monde est plutôt crédible là dedans. Même les secondaires comme le jeune Hugo Becker sous les traits du conseillé de Rickwaert : Cyril Balsan.

En présentant la politique comme un monde de brutes pour des brutes, Baron Noir est une série qui sait dans quel monde elle veut aller et comment elle veut y aller aussi. La façon dont Baron Noir regarde la politique est là aussi un enjeu assez fort, d’autant plus que même si la série semble réaliste, le plus important est ailleurs avec la façon dont le téléspectateur pourrait se comporter par la suite après avoir vu ce visage là. On se doute bien que la politique est un monde de cinglés, qui n’ont pas froid aux yeux, encore moins de marcher sur les autres (faire en sorte qu’ils se suicident - ou bien les tuer -, voir certains d’entre eux mourir écrasés par des voitures simplement car ils sont trop pris par leur boulot, etc.). Finalement, j’ai surtout hâte de voir les prochains épisodes qui vont devoir tenir leurs promesses.

Note : 8/10. En bref, Baron Noir est pour le moment efficace. J’en redemande.


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