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Maria False – Interview (Single « Spades »)

Publié le 12 février 2016 par Le Limonadier @LeLimonadier
Ce gros mot nommé mainstream
Maria False – Interview

Maria False, c’est ce groupe monté par 4 bretons au parcours désormais courant dans l’hexagone : encensé par la critique spécialisée anglo-saxonne, mais pour l’instant un peu cantonné à une scène de niche chez nous. Bon, après, c’est souvent le cas des français qui aiment à tester les limites de leurs guitares et du son en pratiquant un style unique inspiré du courant musical que l’on appelle « shoegaze »… Yann Le Razavet, Bernard Marie, Matthieu Richard et Yann Canévet sont les membres de ce groupe, et peut être vont il changer les choses. Yann C. et Yann « Raza » LR. ont en tout cas acceptés de répondre à nos questions, à l’occasion de la sortie de leur nouvel EP.

Pour les lecteurs qui ne vous connaîtraient pas, pouvez-vous présenter le groupe ? 

Yann C. : On existe depuis 2005. Il y a eu différentes formations : nous sommes passés de 6 à 4, puis à 5 et maintenant nous sommes 4 de nouveau. On est originaire de Lannion dans les Côtes d’Armor, ça arrive (rires).  Mais on a réellement commencé à faire de la musique ensemble lorsque nous sommes arrivés à Rennes pour nos études à la fac.

Raza : On a commencé comme tous les groupes, en participant à des plans plus ou moins sympas. On a pu faire les Transmusicales, les Vieilles Charrues, pas mal de tremplins à la con et beaucoup de bars dans toute la Bretagne. Après, on a pu monter à Paris et jouer là bas.

Yann C. : Après, grâce à nos études (de management, d’archi…)  on a pu s’installer à Paris et continuer à faire du son ensemble.

Une histoire très originale donc ?

Les deux : Oui on est assez fier de ce début de carrière qui change ! (rires)

Après avoir sortie votre premier album When en 2015, vous venez de sortir un nouveau singles « Spades », premier morceau de votre EP à venir. C’est de la folie créatrice ? 

Yann C. : Ah bon ? Parce que, quand tu calcules, on a monté le groupe en 2005 et on a sorti le 1er album 10ans plus tard quand même ! (rires)

OK, vu comme ça ma question est assez naze. On va dire que vous avez accéléré le mouvement alors ? 

Yann C. : Oui, on a trouvé notre chemin !

Raza : Et on se pose moins de questions aussi ! Au début on en a pas mal chié pour sortir plein de trucs quand même.

Yann C. : Ouai c’est vrai qu’à une époque on se posait plein de questions quand même. Comment enregistrer, avec qui enregistrer… Il fallait qu’on trouve des gars pour le faire pour nous. Et on est tombé sur quelques blaireaux qui nous ont un peu foutu dedans à vrai dire. Donc du coup on a commencé à tout apprendre pour pouvoir tout gérer seuls, et ça c’était en 2013. Depuis on ne dépend plus de personne.

Ça a facilité les sorties du coup ?

Yann C. : Voilà, on est libre de notre destin !

Maria False est associé au courant shoegaze, qui reste assez confidentiel en France. Pouvez-vous nous décrire le « shoegaze pour les nuls » ? 

Raza : Comment tu pourrais dire ça ? Déjà, c’est un courant 90’s, un nouveau style de rock qui a été créé fin des années 80 / début des années 90 au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Je ne sais pas comment on pourrait dire ça mais on vient assez facilement au style en fait, puisque toute la musique qu’on écoute vient de là un peu.

Yann C. : Au tout début, on écoutait Block Party, les Strokes, des groupes comme ça, qu’on adore toujours d’ailleurs. Après, avec nos processus d’enregistrement, notre son très orienté sur la guitare et un peu moins sur la voix, pas mal sur la mélodie aussi, ça nous amène forcément sur un gros travail de mixage (la voix est sous-mixée). Avec tout ça, on a fini par nous rattacher à ce mouvement en fait. En fait, maintenant, on dit shoegaze mais c’est plus parce qu’il faut mettre les groupes dans des cases.

Il te faut un hashtag sur Soundcloud quoi ? 

Yann C. : T’es obligé en fait !

Raza : Ouai, il faut choisir un truc. Nous, c’est le shoegaze.

Quelles sont les influences de Maria False tout courant confondu ? 

Yann C. : Plein de mouvements. Après, on ne retrouve pas tout dans nos chansons, mais globalement on essaye d’être assez éclectique dans nos goûts musicaux.

Raza : On apporte chacun notre influence au sein de Maria False. Moi j’écoute des trucs, Bernard apporte d’autres choses…

Yann C. : Ah ouai parce que notre bassiste est bien plus vieux que nous ! (rires)

Raza : Plus sérieusement, c’est lui qui nous a instruit quand même. C’est lui le garant de notre musique en fait, c’est lui qui l’enregistre et la mixe.

Bon mais il y a bien des groupes récents qui vous ont intéressés nan ? 

Yann C. : Tame Impala, j’étais au concert hier ! Nan, j’déconne ! (rires) Blague à part, j’ai bien aimé les Ringo Deathstarr.

Raza : Eux pour le coup ils sont vraiment shoegaze mais ouai c’est cool !

Yann C. : Maintenant ils sont peut être un peu plus grunge nan ? Enfin bref, à part ça, je sais pas trop qui je peux citer…

Raza : Pareil pour moi, il y a plein de petits trucs à droite à gauche…

C’est un peu le problème du rock en ce moment : il y a de bons single mais un album qui tient la route en entier, ça devient rare…

Raza : Voilà, ça fait longtemps que j’ai pas trouvé un truc que j’ai acheté direct et écouté en boucle en fait. Du coup, j’ai pas trop de noms qui me viennent en tête.

Yann C. : Et puis il y a peut être aussi un manque de curiosité de notre part, ou bien on vieillit…

Les chansons de Maria False pourraient paraître sombres à la première écoute, alors qu’il se cache finalement de la chaleur et presque de l’espoir dedans. Comment l’expliquez-vous ? 

Raza : Mélancolique plutôt non ?

Yann C. : C’est le côté année 80 sûrement, où il y avait quand même une part de sombre. Mais c’est pas une volonté de notre part, notre son sort comme ça. On fait pas exprès de faire des chansons qui chialent.

Raza : On aime les belles et longues mélodies, l’harmonie, et je suppose que tu arrives toujours vers une sorte de mélancolie quand tu fais ce type de son.

Yann C. : C’est le noir flambloyant, mélancolique c’est un bon mot en fait.

Maria False fait partie du collectif Nothing. Pas trop dur de promouvoir le rock français avec sa mauvaise réputation ? 

Yann C. : ça va Thierry Ardisson ? (rires)

Raza : Promouvoir le rock français ? Je sais pas trop si on a voulu faire ça en fait.

Yann C. : Finalement, le collectif, c’est parti du constat qu’on galérait tous chacun de notre côté.

Raza : Quand on a commencé la musique à Rennes, au fur et à mesure des concerts et des rencontres, on a pu se faire un petit réseau. Après, on est monté à Paris, on a créé d’autres groupes en parallèle etc. Et donc, en bonne bande de potes que nous sommes, on a fait des compils et des concerts ensemble pour s’entraider, tout simplement. Il n’y avait aucun délire de thunes ou quoi hein !

Yann C. : Plutôt que de rester à poil chacun dans un coin, autant être à poil tous ensemble ! (rires)

Raza : Après ça a évolué, on est 29 groupes dans toute la France, mais on reste tous potes avant d’être des collègues musiciens. On monte des tournées ensemble et on en est à notre 4ème compil, le tout dans un esprit de franche camaraderie. On pense que les projets fonctionnent mieux si tout le monde s’apprécie sincèrement, donc on est vraiment dans un esprit « communiste » et pour l’instant ça fonctionne très bien comme ça.

En gros, en 2015 c’est compliqué de faire de la musique en France et il vaut mieux s’unir pour s’en sortir ?

Raza : Exactement. Surtout quand tu fais pas le style de son qui passe sur Canal si tu vois ce que je veux dire ! Donc on s’entraide, on avance comme on peut et surtout on continue d’avoir la motivation pour monter des soirées et des projets !

Pour terminer, la question Limo, si vous étiez une boisson, ce serait laquelle ? 

Yann C. : Une boisson ?

Vous avez le droit de réfléchir à la réponse, hein !

Raza : Ah ben ouai c’est sur on va devoir là… (rires)

Yann C. : Je dirais bien un truc vieux, genre une Suze.

Raza : Vieux ET ringard ! En fait c’est le truc, tu peux le sortir en fin de soirée, personne aime ça mais tu sais pas pourquoi un soir, ça peut marcher. Allez, on garde la Suze !

Merci les garçons !

Si vous avez été convaincus par ce que vous avez lu et entendu, sachez que Maria False sera en concert le 26 mars prochain à l’Espace B. L’évènement est dispo ici. Et bien sur, pour aller écouter les albums, c’est par ici.

Peace !

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Clémence DL

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Chroniqueuse rock du Limo mais ouverte d'esprit.
Sur une île déserte, j'emporterais "Meddle" de Pink Floyd et "Ziggy Stardust" de David Bowie.
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