Magazine Cinéma

Departures - 7,5/10

Par Aelezig

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Un film de Yojiro Takita (2008 - Japon) avec Masahiro Motoki, Tsumoto Yamazaki, Ryoko Hirosue, Kazuko Yoshiyuki

Dommage... des longueurs. Sinon, hyper touchant.

L'histoire : Daigo est violoncelliste dans un orchestre, qui, hélas, est dissous. Il cherchait depuis longtemps à travailler dans la musique, mais ce dernier échec l'incite à renoncer. Sans doute n'a-t-il pas assez de talent, de toutes façons. Daigo décide de quitter Tokyo pour retrouver sa région natale. Sa mère est décédée et lui avait légué sa petite maison. Son père est parti quand il était enfant, il ne l'a jamais revu. Son épouse accepte de le suivre. Sur place, il répond donc à une première annonce, un "spécialiste de départs". Il pense que c'est une agence de voyages. Mais lorsqu'il se présente pour l'entretien, il comprend qu'il s'agit d'un sous-traitant des pompes funèbres, spécialistes de la toilette et des rites funéraires avant la mise en cercueil. Totalement effrayé (le métier semble être aussi mal considéré au Japon qu'il l'est chez nous), il s'apprête à renoncer, mais le salaire proposé est très attractif. Il accepte donc, et après une phase d'initiation rocambolesque... il va peu à peu apprendre à aimer ce drôle de métier. Et pour décompresser, il a toujours son violoncelle...

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Mon avis : Que voilà un joli film ! Sur un sujet scabreux qui effarouche tout le monde, et apparemment les Japonais tout autant que nous, mais qui pourtant ravit le coeur. Quel bel itinéraire que celui de cet homme qui fait fi de ses réticences pour découvrir un métier hors normes et l'accomplir ensuite avec amour et respect. Nous découvrons avec stupéfaction que la "toilette", qui chez nous se pratique dans les locaux des pompes funèbres (toilette mortuaire, tenue choisie par les proches, léger maquillage pour effacer la pâleur, ou les dégâts) à l'abri des regards, se déroule au Japon devant la famille, en petit comité. Avec bien entendu tout un cérémonial extrêmement délicat et précis, et un jeu savant avec les vêtements, ceux qu'on retire, ceux que l'on met (des kimonos traditionnels), pour que personne ne voit jamais le corps du défunt, mais juste ses pieds, ses mains, son visage. Ce rite, expliquent-ils dans le film, permet aux proches de retrouver pas à pas la beauté de la personne disparue, dont le corps a pu parfois être malmené par les circonstances du décès, et leur dire au revoir en contemplant un visage apaisé. Et il se pratique de la même façon, quelle que soit la religion. C'est très beau, très doux. 

Bien sûr, tout n'est pas si rose, et notre jeune apprenti aura son lot de surprises (le début du film est plutôt amusant). Mais c'est un magnifique message sur la mort, sur les rites funéraires, et leur importance. C'est plein de tendresse et d'humanisme, ça pourrait presque être un feel good movie ! Incroyable, non ?

On est aussi très ému par les réactions des familles... face au corps sans vie se libèrent des incompréhensions, des non-dits, des souvenirs bons ou mauvais. Comme cet homme, bouleversé de retrouver le visage de son épouse aussi beau que lorsqu'elle était vivante, cette famille qui se déchire parce que la jeune femme allongée là... était en fait un homme qui voulait être femme, et que l'on ne sait plus s'il faut le maquiller comme il l'aurait souhaité, lui, ou comme la famille a toujours voulu qu'il demeure ; ou cette autre femme qui ne reconnaît pas sa fille, un peu punk, et brandit à Daigo pour lui montrer qu'il n'a pas bien fait son travail, une photo d'elle... en écolière bien sage, ce qu'elle n'était plus depuis longtemps ! Magnifiques moments.

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Le bémol, c'est qu'il y a aussi pas mal de longueurs. Le film dure 2 heures, or certaines scènes sont bien trop longues et délayées, avec accompagnement de piano et violon ! Un peu kitsch, un peu grandiloquent. Avec quelques coupures ici et là, je pense qu'on tenait une petite merveille ! Je l'ai trouvé aussi un peu déséquilibré, le début est franchement drôle (humour noir, bien sûr) la deuxième moitié beaucoup plus mélo.

En tous cas, tel quel, il a connu un immense succès au Japon, et a reçu l'Oscar du meilleur film en langue étrangère à Hollywood en 2009. Et il faut croire que je suis dure car les critiques français n'ont également que des éloges à faire ! Paris Match résume l'affaire fort bien : "Ce film grand public déborde d'humour, d'amour, de tact (...) Son humanisme est aussi lumineux qu'un lever de soleil sur le Fuji-Yama." C'est plus chez les spectateurs, enthousiastes eux aussi, que j'ai cependant noté les mêmes petites réserves que moi sur le côté larmoyant et la longueur. Bon, faut pas rêver, un film japonais... il n'a fait que 24.000 entrées en France, mais vit sa vie en vidéo apparemment, et c'est tant mieux.

Je ne regrette en tous cas pas du tout de lui avoir consacré du temps, et je pense que je me souviendrai longtemps des plus jolies scènes. D'autant que nous sommes vraiment plongés dans le quotidien, dans l'intimité des Japonais (la vie quotidienne, les maisons, les repas, les bains publics...), avec, en fil rouge, cet aspect bien étonnant que nous découvrons. On fait aussi la connaissance de beaux acteurs, charismatiques et touchants.

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Le film entre dans mon Challenge dans la catégorie Film se déroulant dans un pays que je rêve de visiter.


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