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Outkast « Aquemini » @@@@@

Publié le 13 février 2016 par Sagittariushh @SagittariusHH
aquemini - Hip-Hop/Rap

Outkast « Aquemini » @@@@@

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« Even the sun goes down, heroes eventually die/
Horoscopes often lie and sometimes ‘y’/
Nohting is for sure, nothing is for certain/
But until they close the curtain, it’s him & I, Aquemini »

Troisième disque des OutKast, troisième classique du duo d’Atlanta Big Boi et Andre3000, au coude à coude au classement avec son prédecesseur ‘ATLiens‘ dans le coeur des fans. Tous deux âgés de 21 ans seulement (la majorité aux US) et déjà entrés définitivement dans le panthéon du rap que celà plaise ou non. ‘Aquemini‘, fusion de leurs signes astrologiques Poisson (Aquarius) et Gémeau (Gemini), suit l’évolution logique d’un dup hors-norme, anti-conformiste, excentrique, musicalement expérimental, intemporel… bref extra-ordinaire. Leur alchimie parfaite continuait encore et encore de repousser les frontières, montrant encore plus l’étendu des leurs possibilités. Les invités sont tout aussi exceptionnels: Raekwon du Wu-Tang, Erykah Badu (qui deviendra la mère de l’enfant d’Andre 3000), les quatre Goodie Mob et Mr ‘P Funk’ alias George Clinton. À la production: Organized Noise, Mr DJ et les OutKast-themselves.

« It’s the return of the gangster, thanks ta’/
Them niggas that’s on that blow/
That run up in your crib/
Which contains your lady and an 8 month old/
Child to raise plus you true blue ’bout this music but/
They do not want to hear it/
Because they’d rather be bouncing and shooting/
And killing and bouncing and shit, get down »

C’est sur un sample de Giorgio Moroder utilisé par Rico Wade que les deux Outkast ont choisi de faire « Return of the G« . Il fallait oser utiliser de la musique électronique en 1998, mais quel résultat quand les rappeurs dévoilent progressivement leurs flows 3.0. On ne demande qu’à être bousculé, de voir des horizons inédits, c’est comme ça que les Outkast réussissent leurs entrées. Lyricalement, il fallait être perché pour espérer les atteindre du bouts de doigts. Il a fallu se connecter avec la Eastcoast en la personne du chef Raekwon pour trouver un adversaire à leurs mesures.

« Ha ha, hush dat fuss/
Everybody move to the back of the bus/
Do you wanna bump and slump with us/
We the type of people that make the club get crunk »

Un refrain qui a frolé la controverse. « Rosa Parks » est le single emblématique d’Aquemini qui a fait beaucoup couler d’encre. Tout le monde connaît l’histoire de cette femme Noire qui n’a pas voulu céder sa place de bus à l’époque où la ségrégation régnait dans les Etats du Sud et qui s’est battue pour ses droits. Cette véritable polémique qui a refait surface sur ce délire à prendre au 3e degré a même terminé devant les tribunaux. Pas de quoi fouetter un chat, juste assez pour faire bouger les fesses et danser sur ce rythme de guitare qui n’a pas pris une seule ride.

« I gotta 9 in the back, ounce in my crouch/
Diggin the scene with that gangster slouch/ mmh mmh… »

C’est le refrain (inspiré de « Be Thankful for What You Got » de William DeVaughn) du morceau solo de Big Boi le playa, « West Savannah« . Un flow plus précis, rapide et asymétrique, des lyrics fantastiques, un air ressemble pas qu’un peu à celui de « Git Up Git Out » sur ‘Southernplayalisticadillacmuzik‘, normal, ce titre a été écrit durant l’enregistrement de leur album en 1993. « Slump » aussi, avec l’indispensable Sleepy Brown, est un titre de Big Boi sans Andre (mais assisté par les potes Backbone et Cool Breeze) faisant un détour vers la funk du premier album. ‘Aquemini‘ a en plus ceci de chimérique le fait qu’il poursuit l’avancée d’Atliens tout en faisant le lien avec ‘Southernplayalisticadillacmuzik‘. Le morceau « Aquemini » d’ailleurs illustre parfaitement mon propos, la synthèse d’un passé, présent, et futur bien sûr. Les deux morceaux de Big Boi pourraient provoquer un déséquilibre dans les forces sur cet opus fusionnel, heureusement qu’Andre réalise des refrains implacables.

L’essence des OutKast, c’est le funk, qui fait partie de leur vie depuis le ventre de leurs mères au point qu’elle s’est inscrite dans les gènes de leurs instrumentaux. Il était donc naturel de voir George Clinton, le papa de la funk californienne, un véritable honneur. « Synthesizer » est un morceau très atypique où les envolées électroniques et la voix déraillée du chanteur au look loufoque passent en filigrane sur les raps d’Andre3000 et Big Boi. Les expériences réussies sont signes d’immenses progrès, la preuve avec cette chanson absolument démente.

« It’s like that now/
You better gone get the bump up out ya back now/
It’s all about 4 or 5 cats in the ‘Lac now/
We just shoot, game in the form of story raps now/
It’s like that now »

Une des plus grandes prouesses des OutKast, du véritable génie textuel mettant en scène le destin tragique de Suzie Skrew et Sasha Tamper. On reste encore ému par la présence du maitre en la matière Slick Rick sur le remix. La suite sur la « part 2 » compense l’absence de ce remix incroyable, Andre3000 au porte-voix et une boucle de piano faisant la différence sur cette suite orageuse.

Impossible d’échapper aux autres titres quasiment tous incontournables (« Mamacita » featuring Witchdoctor, « Y’all Scared » avec les trois quarts des Googie Mob), en particulier « Liberation« . Quand nos deux OutKast commencent à s’essayer au chant, en compagnie de Cee-Lo et la reine nusoul Erykah Badu, sans oublier le spoken word de Big Rube, élément clé de la Dungeon Family. L’atmosphère est transcendante à souhait, entre rap, soul, jazz, gospel, à tel point qu’on ne voit pas les huit intenses minutes passer. Il y a quelque chose de mystique dans ce titre, un mysticisme que l’on retrouvera omniprésent sur le successeur d’Aquemini. « SpottieOttieDopaliscious » avec ses versets parlés et sa musique ultra sexy et funkédélique, avec ses cuivres, la voix de Sleepy Brown et une rythmique guidée par une ligne de basse façon dub, fait partie également des immanquables OutKast, à classer à côté de « Funkyride« . Thème de fin sur le rock brûlant de « Chonkyfire« .

Vous attendez quoi pour le re-écouter?


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