#Brexit – le jour d’après

Et si le Royaume-Uni quittait l'Union Européenne ? De ce postulat - et non de cette prévision - imaginons ce qu'une telle décision politique impliquerait... Et comme le veut l'expression consacrée, toute ressemblance avec des événements ou des faits réels serait purement fortuite.

Il est un peu plus de 2h du matin, dans la nuit du 23 au 24 juin 2016, et le suspense s'arrêtera ici. À la télévision, le bandeau affiche "2.12am" et "UK OUT" : le peuple souverain du Royaume-Uni s'est exprimé, et le pays quittera l'Union Européenne.

Sur le plateau de la BBC, l'atmosphère est pesante. les différents commentateurs de la vie politique ont les yeux rivés sur leur téléphone. Ça y est, Sky News vient d'annoncer la sortie de l'Union, quelques secondes avant que la BBC puisse enfin confirmer le même résultat. En effet, tous les votes ne sont pas encore dépouillés mais l'avance du sur le est telle qu'un come back du n'est désormais plus possible. Si certains prônent encore la prudence, c'est parce qu'ils n'y croient pas encore. À vrai dire, tout le monde est un peu sonné. La course s'annonçait serrée depuis plusieurs mois, et l'on prédisait une longue nuit avant d'être en mesure de promulguer un résultat indiscutable.

Certes, cette fois, les sondages avaient vu juste, après la Bérézina des élections législatives de 2015. Mais comme d'habitude chez nos amis Anglo-saxons, c'est bien du côté des bookmakers et des marchés qu'il fallait se tourner pour obtenir des indices fiables sur le résultat à venir. Il y a 3 semaines, pour la première fois, la côte du scénario de la sortie de l'UE passait en dessous de la côte du maintien chez les parieurs, brisant une tendance qui durait depuis le début de l'année, quand parier sur la sortie de l'Union ne rapportait que des clopinettes. La City, quant à elle, a largement anticipé une sortie de l'Union. La parité euro/ livre sterling atteignait à la clôture du mercredi 22 juin un taux 0,88 (une livre valant 1,136 euros), conséquence d'une longue et lente hausse ininterrompue depuis le début des négociations fin 2015 - la livre n'ayant pas été aussi faible face à l'euro depuis l'automne 2011. Anticipation, certes, mais ce n'est probablement rien face au rallye qui s'annonce à l'ouverture - à la bourse de Londres, ça va dévisser sec.

Boris Johnson, pas plus ébouriffé à 2.30am qu'à l'accoutumée, est le premier à prendre la parole, grillant ainsi la politesse au Premier Ministre David Cameron qui doit bien se demander quoi dire. Après la victoire du parti travailliste à la mairie de Londres, Boris et son camp ont ici pris leur revanche et peinent à cacher leur joie. S'exprimant près de la mairie, avec Tower Bridge en arrière plan, la séquence est calculée au millimètre près. L'ancien maire de Londres insiste ainsi sur la symbolique patriotique aussi bien par l'image que par le verbe. La prose est grave, ce qui n'est pas habituel pour l'ancien journaliste. Il sait que ce message tournera en boucle sur les chaînes du monde entier, pendant des jours, mais peut-être aussi dans les livres d'Histoire. Et s'il ne prend pas date, Boris Johnson prend néanmoins rendez-vous avec les britanniques pour la course au 10 Downing Street .