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« Merci patron » : à ma gauche François Ruffin, à ma droite Bernard Arnault

Publié le 24 février 2016 par Toulouseweb
 

« Merci patron » : à ma gauche François Ruffin, à ma droite Bernard Arnault


Quand on parle du cinéma français en général, on souligne souvent une certaine omniprésence de la comédie bien franchouillarde, financée le plus souvent par des chaînes de TV ayant l’obligation de remplir des cases à des heures de grande écoute. « Les Tuche 2 » ou « la vache » en sont les derniers exemples pas trop mal foutus. Mais, avec des budgets bien plus réduits, et dans un réseau de diffusion radicalement différent, le documentaire militant est aussi, en France, un genre bien vivace, qui a ses lieux de diffusion bien identifiés. Bref, ne cherchez pas de «Babysitting 2» à l’Utopia Toulouse, ni de « Merci patron » au CGR Blagnac ce n’est pas le style de la maison, dans les deux cas.
Et justement, « Merci patron » (les plus âgés se souviendront d’une chanson des Charlots portant ce titre…), sorti à l’Utopia une semaine avant la sortie nationale, mercredi 24 février, est un mélange assez réussi de film de lutte sociale (du genre «on ne rigole pas avec la lutte des travailleurs ») et de comédie corrosive telles que Michael Moore en réalise aux USA. Ce dernier, spécialisé dans les interviews «à l’arrache» de capitalistes qui délocalisent à tout va, a eu le grand mérite d’amener un public pas forcément acquis d’avance à l’idée de voir un pamphlet socio-politique sur grand écran (gros succès, au cinéma, de « Fahrenheit 9/11 »).
En France, avec une mise en scène plus épurée, nous avons eu l’an dernier la grande réussite critique et publique de «La loi du marché », qui devrait vendredi 26 glaner un ou deux Césars, au moins. Le film appelait un chat un chat, et sa critique au vitriol du milieu de la grande distribution avait fait mouche ici, donc, dans « Merci patron », nous sommes dans le Nord de la France, et nous suivons le destin de Serge et Jocelyne Klur, licenciés pour cause de délocalisation en Bulgarie de l’usine textile fabriquant des costumes Kenzo pour LVMH. Que faire face à Bernard Arnault, patron de LVMH, première fortune de France ?
C’est là où le réalisateur, François Ruffin, entre en scène, et imagine un scénario diabolique : pas de pneus brûlés sur les routes ou de déversement de lisier devant une préfecture: journaliste de profession, Ruffin menace LVMH de venir perturber, avec quelques militants syndicaux ou alternatifs, une Assemblée Générale du groupe…. Des manifestants dans une AG remplie d’actionnaires ? LVMH décide d’envoyer un négociateur… Et la force du film réside dans les stratagèmes déployés par Ruffin pour arriver à le faire plier, notamment au moyen d’une caméra cachée qui enregistre une négociation devant, en principe, être confidentielle… Couverts de dettes, le couple Klur va peut-être voir sa maison saisie le négociateur va-t-il «acheter» le silence de ce couple, lui permettre de retrouver un travail ?
Vous le saurez en allant voir ce film très drôle, sur un sujet qui l’est nettement moins. Seule petite ombre au tableau : le film ce n’est pas : le couple Klur contre Bernard Arnault, mais : François Ruffin et le couple Klur contre Bernard Arnault. Petite nuance…. Mais nous sommes au cinéma, et le film se termine bien. Que demander de plus ?
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