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Une histoire de conteneur, de technologie et d’humanité

Par Carmenrob

L’histoire commence alors que Lisa et Éric trompent l’ennui de l’adolescence en s’amusant à défier les barrières de la technologie. Quelques années plus tard, on suit Jay, en liberté surveillée, conséquence de nébuleux délits, mais don on sait qu’ils incluent des vols par effraction. Celle-ci interroge à longueur de journée des banques de données pour la GRC. Oubliée dans un coin, elle triangule, comme elle dit, procédant à des recoupements pour détecter des activités frauduleuses.

Durant ce temps, Lisa a grandi et skype régulièrement avec son ami Éric qui a suivi sa mère en Finlande où il est devenu un jeune prodige du domaine technologique. Pour sa part, désargentée, Lisa tente vaillamment de terminer ses études entre une mère bipolaire, médicamentée et accro au IKEA, un père qui se dissout dans la maladie et un copain dans les nuages.

liberté
Six degrés de liberté nous introduit dans les bureaux de la GRC où une équipe de détectives, voisins de Jay, traquent un conteneur suspect. De port en port, celui-ci ne cesse de leur échapper. Que se cache-t-il derrière la supposée cargaison de pommes Empire ?

Mourant d’ennui et comptant un à un les jours qui la séparent de la liberté, Jay entreprend en parallèle et à temps perdu sa propre enquête. Elle comprendra bien avant les autres la nature des activités de ceux qui impriment au fameux conteneur sa trajectoire apparemment erratique et les intentions qui les animent.

En fin de compte, toutes les pièces du casse-tête s’emboîteront pour nous révéler le pot aux roses. Quand vous refermerez la dernière page de ce roman, vous saurez tout sur l’industrie du transport par conteneur et sur les systèmes qui en assurent le suivi, failles de sécurité incluses. Vous aurez de plus goûté à la prose inventive et imagée de Nicolas Dickner dont voici un échantillon :

«Ce pont est invraisemblablement long, comme s’il raccordait deux univers. Jay écoute l’antenne de la Yaris siffler dans le vent, la percussion cardiaque des pneus sur les joints d’expansion, puis à nouveau la terre ferme et le chuintement feutré de l’asphalte. Dans le lointain, entre deux courbes, les feux de position des autres voitures s’apprêtent à disparaître, réduits à quelques pixels rouges.»

J’ai passé un bon moment de lecture avec ce «roman policier» atypique, captivant et très bien écrit. Il risque pourtant de ne pas me laisser de souvenirs impérissables. Mais que voulez-vous, quand on suit Dephine de Vigan ou Christophe Boltanski, la compétition est dure.

L’auteur a obtenu le Prix littéraire du Gouverneur général 2015 (catégorie Romans et Nouvelles) pour ce roman.

Nicolas Dickner, Six degrés de liberté, Alto, 2015, 381 pages


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