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Critique Ciné : Eperdument (2016)

Publié le 09 mars 2016 par Delromainzika @cabreakingnews

Eperdument // De Pierre Godeau. Avec Guillaume Gallienne et Adèle Exarchopoulos.


Pierre Godeau (11.6, Juliette) a fait le pari fou de rassembler à l’écran deux acteurs césarisés en 2014, Guillaume Gallienne pour Les Garçons et Guillaume à Table et Adèle Exarchopoulos pour La Vie d’Adèle. Associer ces deux acteurs était ambitieux car les deux personnalités sont très différentes et pourtant, à l’écran, il y a un charme qui s’opère. Inspiré d’une histoire vraie, Eperdument adapte le roman Défense d’aimer de Florent Gonçalves. Ce fait divers fascinant se devait d’être adapté au cinéma mais je dois avouer que je ne m’attendais pas du tout à un récit aussi littéraire. Le scénario vient des référence à Phèdre de Racine, à la poésie romanesque, à tout un tas de choses qui sortent Eperdument de sa modernité et lui donne ainsi une certaine forme d’intemporalité. Ensuite, la chance pour Pierre Godeau est d’avoir pu tourner son film dans une vraie prison, celle de la Santé à Paris. Il profite alors de ce lieu afin de nous plonger dans cet univers singulier. Le huis clos est parfait pour ce genre de romances complexes et Eperdument en tire donc un certain avantage. Adèle Exarchopoulos s’est d’ailleurs énormément investie dans son rôle en s’étant rendu à la prison pour femmes de Fleury-Mérogis chaque semaine pendant quatre mois.

Un homme, une femme. Un directeur de prison, sa détenue. Un amour impossible.

Le film joue sur plusieurs terrains. Le premier est la romance entre deux êtres impossible. Le casting joue forcément à l’avantage de cette histoire. Le charme de prof de français de Guillaume Gallienne couplé au charme ravageur et érotique d’Adèle Exarchopoulos fait le vrai intérêt de Eperdument. Il y a des scènes qui dérageants (une scène de fellation notamment) mais aussi des scènes beaucoup plus posées qui cherchent à jouer des charmes et du mystère qui entoure l’héroïne. Après tout, le but n’est jamais de savoir si elle va sortir de prison, ce qu’elle a fait pour arriver en prison. Tout est suggéré (« Vous savez ce que j’ai fais », « Vous connaissez mon dossier ») mais nous, on ne sait pas forcément ce qui s’est passé auparavant. La première partie du film joue avant tout comme un jeu de séduction. Alors on ne s’ennui pas vraiment grâce à la folie des personnages et surtout le mystère qui s’nstalle tout au long du film. Puis, Eperdument se transforme en romance interdite, entre sexe et le besoin de cacher ce qui se passe. Afin de rappeler Eperdument à la modernité de notre temps, le film nous propose des séquences de Secret Story comme un parallèle (la télé-réalité de TF1 est aussi un huis clos) qui en plus de ça permet de s’interroger sur les passe-temps des détenus en prison.

La seule grosse erreur de Eperdument est d’être bavard. Trop bavard. Le film en fait des tonnes par moment dans son lyrisme, jusqu’à perdre le fil de certains moments qui auraient pu être beaucoup plus réussis et beaux sans ça. Je m’attendais peut-être à une seconde partie différente, plus forte (notamment le face à face entre Anna et sa mère, qui ne permet pas vraiment de savoir où est-ce que Eperdument peut bien aller puisque le but n’est pas là). Le film perd alors dans sa seconde partie l’intensité qu’il tente de construire dans la première. C’est un peu comme si la plus belle chose dans cette relation était l’avant, avant qu’ils ne passent à l’acte. Une fois qu’ils passent à l’acte, les chose deviennent beaucoup moins passionnantes, beaucoup trop faciles. Il n’y a plus les mêmes enjeux dirons nous. Mais heureusement, tout n’est pas à jeter dans ce petit film. Comme je le disais plus haut, le décor réaliste est utilisé de façon intelligente par Pierre Godeau. Ce dernier fait un usage passionnant de ce décor afin de donner par moment corps et âme à cette relation. On aurait cependant préféré un film plus osé avec un sujet aussi impertinent que ça mais bon, on peut déjà se satisfaire au moins des rares atouts de ce film.

Note : 4.5/10. En bref, d’une seconde partie décevante, le film réussi cependant à créer une alchimie dans un huis clos réaliste.


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